24/11/2019 La plateforme française Don en Confiance, qui fête cette année le trentième anniversaire de sa fondation (lire), est incontestablement reconnue comme principal organe d’autorégulation des acteurs de la collecte.
Une cinquantaine d’organisations actives en levée de fonds ont cependant choisi d’adhérer à un autre système d’autorégulation, proposé par l’IDEAS, dont la démarche d’optimisation de la bonne gouvernance entend ne pas se cantonner aux préoccupations spécifiques à la levée de fonds.
L’Institut de Développement de l'Ethique et de l'Action pour la Solidarité (IDEAS) a pour mission de soutenir la contribution des associations et des fondations à l’intérêt général.
L'adhésion qu'il propose au label de certification IDEAS est lié au respect d'un code de Bonnes Pratiques qui aborde les points clés du bon fonctionnement d’un organisme à but non lucratif.
Label est décerné au terme d’une procédure de contrôles réalisés par des professionnels indépendants et à l’issue d’une audition devant le Comité Label.
Il se veut un vecteur de confiance pour les partenaires et les financeurs.
Une cinquantaine d’organisations actives en levée de fonds ont choisi d’adhérer au Label Ideas, dont plusieurs grandes structures: les Apprentis d’Auteuil, Handicap International, la Fondation de France, l’Armée du Salut, Les Restaurants du Cœur.
Une nouvelle édition du Guide IDEAS des Bonnes Pratiques vient de paraître.
Il propose 90 Bonnes Pratiques, dont plusieurs exigences relatives aux activités en levée de fonds:
Source
IDEAS – ‘Guide des Bonnes Pratiques’ téléchargeable sur le site de l'IDEAS
L'auto-régulation de la collecte se maintient dans plusieurs pays européens
Différents pays européens disposent d'une plateforme nationale indépendante des autorités publiques, qui se donne pour mission d'encourager la confiance du public à l'égard des associations actives en levée de fonds.
Nombre d'entre elles ont jugé utile de développer un dispositif d'auto-régulation ainsi qu'un Code de conduite auquel leurs associations membres sont tenues de souscrire.
Bien que disposant de ressources limitée, l'AERF (Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds) s'efforce d'assurer cette mission en Belgique.
Le réseau international ICFO (International Committe on Fundraising Organizations), dont l'AERF n'est pas membre, regroupe quelque quinze plateformes nationales d'Europe et d'ailleurs.
Don en Confiance fête son 30ième anniversaire
L'instance française d'auto-régulation du secteur de la collecte, connue sous le nom 'Don en Confiance', fête cette année son 30ième anniversaire.
Cette plateforme a été créé en 1989 par de grandes associations et fondations sociales et humanitaires avec la volonté de préserver et développer une relation de confiance avec leurs donateurs.
Le Don en Confiance disposait en 2018 d'un budget de 750.000 €, principalement alimenté par les cotisations des organisations membres.
Ces cotisations sont fonction du montant des fonds recueillis provenant de la générosité (dons, legs, donations, mécénat, parrainage d’entreprise, etc.) , et varient de 1 827 € à 14 459 € par organisation.
Soucieuse de ne pas mener simultanément de front sa fonction d'auto-régulation du secteur en plus de diverses missions de lobbying, le Don en Confiance a renoncé en 1998 à ces activités de lobbying au profit de France Générosités, autre plateforme sectorielle qui fait office de syndicat des organisations d'intérêt général actives en levée de fonds.
En Belgique l'AERF cumule en quelque sorte ces deux fonctions.
Promotion du label 'Don en Confiance'
Le Don en Confiance s'investit de manière significative dans la promotion du label éponyme (visuel ci-contre) , que ses associations membres reproduisent dans tout courrier adressé à leurs donateurs.
La crédibilité de ce label tient au fait qu'il n'est octroyé qu'aux associations qui se sont engagées à respecter la Charte de déontologie et à se soumettre à un contrôle continu et indépendant.
Plus de septante bénévoles formés par Dons en Confiance prennent en charge le processus de labellisation et le contrôle continu des organisations labellisées.
Le label est, en principe, renouvelé pour trois ans, mais la Commission d’agrément peut, à chaque instant, déclencher une procédure de réexamen
Un récent sondage de Kantar confirme que le contrôle effectif des acteurs de la collecte figure parmi les principaux leviers de la confiance des donateurs (visuel ci-contre).
L'Essentiel
Don en Confiance s'est également illustré par l'obligation, pour tous ses membres, de publier divers chiffres-clés sur un document synthétique, intitulé L'Essentiel, publie de façon simplifiée et transparente aux donateurs et au public la provenance et l'usage des ressources provenant de la générosité publique.
Ce document doit être aisément consultable.
Il est pour partie comparable au document 'Erkenningspaspoort' dont la publication est depuis peu rendue obligatoire aux Pays-Bas, cette fois à l'initiative des autorités publiques néerlandaises:
-> Lire: 'Erkenningspaspoort voor Nederlandse goede doelen'
RGPD
Concernant la protection des données personnelles, Don en Confiance a lancé dès janvier 2016 un chantier destiné à clarifier les règles relatives à la protection des données personnelles des donateurs d’ores et déjà contenues dans la Charte de déontologie mais peu développées.
Des amendements seront prochainement introduits dans la Charte, de manière à la rendre davantage conforme aux exigences du règlement européen.
Rappelons que France Générosités a également publié des recommandations concernant la mise en oeuvre du RGPD en collecte de fonds.
Fiche d'information 'Comment inspirer confiance aux donateurs ?'
Le Don en Confiance a publié en août 2019 une fiche d'information qui propose diverses recommandations susceptibles d'inspirer les associations qui souhaitent inspirer davantage confiance aux donateurs:
Afficher clairement la/les cause(s) que l’on défend - Rendre facilement accessibles les informations essentielles - Faciliter le contact - Rendre compte aux donateurs - En cas de sollicitation sur Internet, assurer la sécurité des donateurs - Dans le cadre d’une urgence humanitaire (du type catastrophe naturelle) rassurer les donateurs.
La Fiche d'information, téléchargeable au départ du lien suivant, propose diverses recommandations relatives à ces différents points.
Sources
- site Don en Confiance
- Rapport annuel 2018
C’est à l’initiative de John Van der Vlies (Keystone Consultancy) que s’est mis en place le premier exercice de benchmarking destiné à mesurer le niveau de performances de vingt-neuf associations néerlandaises.
L’étude porte sur les années 2016, 2017 et 2018, et concerne des organisations dont la collecte de fonds s’élève à plus d’un million d’euros.
Elle est basée sur une méthodologie développée par l’American Fundraising Professional Benchmark et mise en œuvre aux U.S.A par DonorTrends.
Chaque association néerlandaise a été en mesure de comparer ses propres résultat avec la moyenne nationale de même qu’avec les données relatives à son domaine d’intervention.
Belgique, Pays-Bas : les tendances seraient-elles comparables ?
Plusieurs résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue ‘Vakblad Fondsenwerving’ de septembre 2019.
Nul doute qu’il serait intéressant de vérifier dans quelle mesure les tendances propres aux Pays-Bas se vérifient en Belgique et ailleurs en Europe.
Pointons, parmi les résultats particulièrement significatifs :
- le recul du pourcentage de rétention des nouveaux donateurs, malgré les efforts consentis par nombre d’associations pour renforcer la fidélisation de leurs sympathisants ;
- un niveau relativement comparable de rétention, quel que soit le canal de prospection utilisé (direct mail, street fundraising, etc)
- une variation relativement faible des résultats entre associations, qui se situent généralement au maximum à +15% ou -15% par rapport à la moyenne.
Le secteur de la collecte se distingue aux Pays-Bas par une diminution du direct mail, une augmentation du street fundraising et le développement du recrutement en ligne, qui s'accompagne souvent d'une relance téléphonique.
Frais de prospection, break-even
Les coûts de prospection subissent une croissance significative, aux Pays-Bas comme probablement ailleurs.
Ces coûts s'évaluent notamment au départ du ratio 'break-even', qui mesure la période au terme de laquelle les dons d’un nouveau donateur ont remboursé l’ensemble des coûts de sa prospection.
John Van der Vlies rappeIle que ce ratio se situait précédemment aux Pays-Bas aux environs du 12ième mois, puis au 18ième mois.
Il estime que le break-even se situerait désormais souvent aux alentours du 24ième mois ou davantage, à l’instar d’une tendance qui serait similaire en France et au Royaume-Uni.
John Van der Vlies est d’avis que les associations devraient faire preuve de davantage de transparence concernant ces coûts de prospection.
Source
Vakblad Fondsenwerving (september 2019) – ‘Cijfers over fondsenwerving’
L'abonnement annuel à la revue Vakblad Fondsenwerving s'élève à € 97,- (hors TVA)
Pour plus d'infos:
Priorité au consentement préalable et explicite
03/10/2019 - L’entrée en vigueur du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) a obligé les acteurs de la collecte de fonds à justifier tous leurs traitements de données personnelles, tel que notamment l’envoi d’appels aux dons, par un fondement légal qui respecte les prescrits du règlement européen.
Les médias britanniques s’étaient fait l’écho dès 2015 de nombreuses critiques adressées à diverses grandes associations de ce pays, toutes mises en cause pour non-respect des dispositions relatives à la protection des données personnelles.
Souhaitant paraître exemplaires, quelques grandes organisations actives en levée de fonds, dont la RNLI (Royal National Lifeboat Association), avaient dès lors jugé utile de s'imposer désormais diverses règles particulièrement restrictives, allant parfois au-delà des exigences du RGPD.
Ainsi s’engagèrent-elles par exemple à subordonner toute communication adressée à leurs donateurs à l’obtention d’un consentement préalable et explicite («opt-in») de ces derniers. Tel fut notamment l'engagement de la RNLI à partir de janvier 2017.
-> Lire : Le consentement explicite, une arme à double tranchant
La RNLI avait estimé à l'époque que cette disposition lui coûterait une diminution des recettes à hauteur de 35 millions de £ au cours des cinq années suivantes, du fait de la défection de donateurs qui s'abstiendraient de réagir à la demande d'accord explicite. De fait, l'intense campagne d’adhésion permit à la RNLI d’enregistrer le consentement de quelque 500.000 sympathisants, soit un quart de son fichier de donateurs.
Septembre 2019: marche arrière
La situation financière de la RNLI s’est toutefois fortement dégradée à partir de 2018, notamment suite à une diminution des recettes issues des legs, provoquant une diminution du financement des projets à hauteur de 28 millions de £.
Un plan de restructuration a dès lors été annoncé en septembre dernier, entrainant la suppression de 95 emplois permanents et de 40 postes temporaires.
C’est dans ce contexte que Jayne George, directrice du fundraising, a annoncé que l'association estime n’avoir plus d’autre choix que de renoncer à la règle du consentement explicite généralisé qui avait été adoptée trois ans plus tôt.
Conformément aux dispositions du RGPD ce revirement ne pourra être d’application que pour les nouveaux contacts, à l’exclusion des nombreux donateurs qui n’ont pas réagi positivement aux demandes de consentement explicite qui leur furent adressées précédemment.
'Charities don’t necessarily need to have the consent of individuals'
Du côté des autorités publiques, on notera qu’un porte-parole du Fundraising Regulator confirme que le choix de la RNLI de justifier désormais certains traitements sur base de l’intérêt légitime de l’association ne contrevient pas aux dispositions du RGPD:
« We understand that charities need to make decisions to allow them to fundraise effectively, taking into account of the law on using personal data. Charities don’t necessarily need to have the consent of individuals to send direct marketing. GDPR makes it clear that legitimate interest to contact can be used provided the charity has reviewed whether the person they are contacting would reasonably expect to hear from the organization.”
Le sujet reste controversé
La remise en question par la direction de la RNLI de ses engagements antérieurs confortera certainement Ian MacQuillin, directeur du Fundraising Think Tank Rogare, qui professait il y a peu qu’en privilégiant systématiquement le recours au consentement explicite nombre d’associations actives en levée de fonds allaient au-devant de conséquences désastreuses.
A l’opposé Cancer Research UK, qui avait adopté la même règle stricte que la RNLI, a récemment indiqué ne pas renoncer à la demande de consentement explicite adressée à ses nouveaux donateurs.
Sources
- The Guardian (27/08/2019) - 'RNLI faces ‘perfect storm’ of more lifeboat callouts as funds fall'
- Third Sector – 01/10/2019 ‘RNLI to drop opt-in-only communications policy this week’
- Civil Society – 01/10/2019 – ‘RNLI reverses 'opt-in' marketing policy to stem income fall'
- Decision Marketing (02/10/2018) - 'RNLI axes opt-in as ‘perfect storm’ batters fundraising'
- Third Sector (17/09/2019) - Ian MacQuillin: The move to opt-in-only has been a disaster - but why?
- Third Sector (4/10/2019) - Cancer Research UK to stick with opt-in only communications policy
L'édition 2019 du séminaire annuel de l'Association Française des Fundraisers (A.F.F.) comprenait diverses séances pleinières.
Certaines interventions ont fait l'objet d'un résumé succinct publié sur le site de l'A.F.F. (lien).
L'ensemble des vidéos du séminaire est disponible sur la chaîne YouTube de l'AFF (lien).
Signalons notamment:
Plénière d'ouverture
Pleinière de clôture
Source
Association française des Fundraisers