La European Fundraisers Association (EFA) a consacré la seconde journée de sa conférence annuelle (Oslo, 21&22/11/2019), que nous résumons par ailleurs, à des témoignages concernant diverses méthodologies de mesure de l'impact social :
- Anders Magnus Løken (Deloitte-Norway) (lien vers le compte-rendu)
- Doug Balfour (ex-CEO Geneva Global)
Geneva Global: "Donors want more choice"
Geneva Global est une structure américaine de type ‘full service philanthropic consultancy’, qui travaille principalement au service de Fondations, de grandes ONG internationales et de philanthropes particulièrement fortunés (high-net-worth individuals, ou HNWI).
L’agence propose différents types d’interventions, dont notamment un outil de suivi et d’évaluation de quelque 150 projets que ces différents groupes de grands donateurs financent de par le monde.
Geneva Global répond ainsi aux préoccupations de fondations et de philanthropes en quête d'expertise sursceptible de les aider à mieux orienter leur philanthropie.
L'agence leur offre notamment une batterie de critères d’évaluation qui leur permet de comparer l’impact social de l'ensemble de leurs projets, quelque soit le domaine ou la région du monde concernés.
"More control on how their money is spent"
Pour Doug Balfour, propriétaire jusqu'il y a peu de l'agence Geneva Global, les grands donateurs américains se contentent de moins en moins de verser des chèques au profit de diverses ONGs traditionnelles:
«Donors want to take more and more control on how their money is spent ».
L’époque des «check book charities» pourrait être bientôt révolue.
Les donateurs expriment de nouvelles exigences, et divers indices confirment cette évolution fondamentale:
- influence des ‘philantro-capitalists’ – tel le duo Bill Gates & Warren Buffet – qui choisissent d’investir leur générosité de leur vivant mais souhaitent disposer d’indicateurs fiables quant à l’impact social atteint grâce à leurs donations.
- développement des 'donor advised funds' et des cercles de donateurs, ou giving circles, essentiellement aux U.S.A.
- impact des entrepreneurs sociaux, soutenus notamment par le réseau Ashoka,
- développement des plateformes de dons en ligne, qui offrent un plus large éventail de possibilités aux donateurs,
- avancées scientifiques en matière de mesure de l'impact social, notamment à l’initiative de Michael Kremer, dont l’analyse comparée de divers programmes de réduction de la pauvreté dans le monde a été récompensée par le Prix Nobel d’Economie 2019.
Doug Balfour constate que le mouvement ‘Effective Altruism’, inauguré par Peter Singer, incite également les donateurs à orienter leur générosité en s’inspirant d’une analyse rigoureuse de l’impact de différentes stratégies philanthropiques envisageables.
Il doute cependant de la validité du raisonnement des partisans de cette théorie lorsque ceux-ci privilégient uniquement la finalité « Santé pour tous ».
C'est dans ce contexte que Geneva Global a développé à l'attention de sa clientèle de grands donateurs, tant philanthropes qu'institutionnels, une méthodologie d'évaluation de l'impact des quelque 150 projets bénéficiaires dont l'agence assure le suivi au moyen d'une impressionnante batterie d'indicateurs de résultats.
On notera, sans entrer dans le détail de cette méthodologie, que l'outil de mesure veille par exemple à ce que l'impact soit évalué tant au niveau de l'étendue de la cible atteinte (le nombre de personnes bénéficiaires) que de l'intensité de l'impact sur chaque catégorie de bénéficiaires.
Si l'instrument de mesure est élaboré au départ de plus d'une centaine de variables, Geneva Global veille à ce que chaque client de l'agence dispose d'un tableau récapitulatif, de type 'dashboard', qui synthétise de manière visuelle l'évolution des principaux indicateurs de mesure concernant les projets financés par ses donations.
Ce type de rapportage, qui permet à chaque grand donateur qui le souhaite de consulter ses 'dashboards' depuis son smartphone, plait notamment à la nouvelle génération de philanthropes issus du monde des affaires.
Les questions abordées suite à l'exposé de Doug Balfour ont notamment porté sur le degré de rigueur de pareils outils de mesure multi-secteurs, dès lors que des paramètres systématiquement synthétisés sous forme de différents scorings chiffrés risquent de mal appréhender la dimension qualitative des projets évalués.
Pour plus d'infos
- Article sur le site EFA: Doug Balfour - 'Measuring what matters – why impact is about far more than output' (december 2019).
- Doug Balfour a par ailleurs publié un livre intitulé 'Doing Good Great: An Insider’s Guide to Getting the Most out of Your Philanthropic Journey' (lien).
-
-
-
-
-
