Associations et 'social entrepreneurs': partenaires ou concurrents ?
Se pourrait-il que donateurs et philanthropes se détournent à l’avenir des organisations qui collectent dons et legs, préférant s’investir dans le financement d'initiatives solidaires portées par les 'nouveaux entrepreneurs sociaux' ?
La remise des trophées Transparantprijs 2014 incita les organisateurs de cette célébration à réunir un panel composé de représentants d’organisations caritatives et d’entrepreneurs sociaux. Il leur fut notamment demandé de se prononcer sur le risque de concurrence entre ces deux modes de financement de la solidarité.
Résumé de quelques constats exprimés dans le cadre d'un débat qui s'avéra plutôt consensuel:
- Le secteur des 'goede doelen' (associations faisant appel à la générosité publique) gagnerait à se laisser contaminer par les atouts de la dynamique des 'social entrepreneurs' : audace créatrice, attention apportée à la mesure de l’impact généré par le projet, développement de solutions économiquement viables, etc.
- Dès à présent, nul ne conteste que ces social entrepreneurs interviennent efficacement dans le champ de l’action sociale. Les néerlandais citent volontiers divers exemples également connus en Belgique : création d’emplois pour personnes handicapées (autistes, sourds, non-voyants), initiatives en matière de FairTrade, de soins à domicile, etc.
- Mais cette nouvelle filière entrepreneuriale ne pourrait prétendre tout résoudre. Les représentants de la plateforme néerlandaise Social Enterprise émettent à ce sujet des réserves par rapport aux attentes jugées irréalistes des pouvoirs publics britanniques : ‘Social entrepreneurship in the UK is over-promised’.
- Ne nous faisons guère d'illusions: les ‘goede doelen’ néerlandaises ne se transformeront pas spontanément en entreprises sociales. Car voilà deux mondes qui opèrent dans le cadre de schémas culturels et de principes managériaux trop différents. Et certains d'ajouter « On nait entrepreneur, on ne le devient pas ».
- Mais d’utiles collaborations existent déjà entre ces deux secteurs, et devraient se développer dans un proche avenir.
Quelques ONG néerlandaises – dont Cordaid, Oxfam-Novib et Nierstichting – témoignèrent de leur implication directe, parfois au titre d’incubateur, dans la création d’entreprises à finalité sociale. Objectif poursuivi: solutionner un défi majeur qui se situe dans le prolongement direct de l’objet social de l’ONG. Un exemple parmi tant d'autres: une entreprise à finalité sociale cofinancée par Cordaid développe un appareil d’échographie portable qui se veut conforme aux besoins spécifiques des consultations prénatales dans certains pays du Sud.
Débat organisé dans le cadre de : Transparantprijs 2014
Pour plus d’info:
- 'Social entrepreneurs' aux Pays-Bas: Social Enterprise Nederland
- 'Social entrepreneurs' en Belgique:
- réseau des 'Positive Entrepreneurs'
- Centre d'information pour une Economie Positive: Poseco asbl