Trop d’associations concurrentes, concertation insuffisante, faible impact ?
Plus de quatre mille causes soutenues par la générosité publique
16/09/2019 La Belgique compte plus de 2.300 associations dont les recettes proviennent notamment de dons et de legs, et qui reconnues par le SPF Finances pour l'octroi d'attestions fiscales.
On peut y ajouter sans risque d’erreur au minimum deux mille autres initiatives non reconnues par le SPF Finances, qui font également appel à la générosité du public.
Trop d'initiatives, trop peu d'impact ?
Cette abondance d’initiatives privées pose parfois question, notamment lorsqu’un grand nombre de structures de taille modeste opèrent dans un même domaine: manque de concertation, risque de doubles emplois, insuffisance des indicateurs de résultats.
Ainsi le secteur de l’aide privée aux personnes sans-abri, qui compte dans certaines grandes villes un nombre croissant de nouvelles micro-initiatives, est-il parfois pointé du doigt.
Parfois justifiées, ces critiques passent à l'évidence sous silence le fait que nombre d'innovations sociales ont vu le jour grâce au travail pionnier d'initiatives citoyennes indépendantes des pouvoir publics.
Il arrive donc que les pouvoirs publics soient tentés de réformer les critères d’accès aux subsides dans le but de les répartir sur un nombre plus restreint d’organisations sélectionnées sur base du professionnalisme et de l’efficacité de leur action.
En matière de Coopération au Développement le gouvernement fédéral a ainsi diminué il y a près de deux ans la liste des ONG susceptibles de bénéficier de subsides pluriannuels.
Le gouvernement flamand a provoqué à la même époque une fusion quelque peu forcée, au sein des C.A.W. (Centrum voor Algemeen Welzijn), de diverses initiatives locales dans le domaine de la lutte contre la précarité.
Le monde associatif flamand dans la tourmente
Un court mais riche article publié dans LE VIF-L'EXPRESS du 12/09/2019 fait état de nouvelles craintes des associations du Nord du pays, sur base de bruits de couloir qui évoquent de nouvelles fusions, concernant cette fois les associations de lutte contre la pauvreté.
L’article cite Mark Elchardus, professeur en sociologie de la VUB, qui y voit une question de «primauté politique » et d’un retour du pouvoir « aux élus du peuple ». Il est vrai que les partis de sensibilité conservatrice n'apprécient que modérément d'être confrontés aux interpellations critiques d'associations dont les membres appartiennent majoritairement à d'autres affiliations politiques.
L'auteur de l'article suggère que le programme de la N.V.A. et le succès de certaines thèses défendues par le Vlaams Belang semblent rejoindre la volonté de déstructuration du monde associatif manifesté par divers partis populistes actifs dans d’autres pays européens.
Et les donateurs dans tout ça ?
L’article du VIF ne s’interroge pas sur les attentes des donateurs face à l'éventualité d'une accélération des fusions forcées entre associations.
Sont-ils eux-mêmes irrités par un secteur associatif qui leur semble exaggérément morcelé, et que les pouvoirs publics entendent à raison assainir ?
Seront-ils au contraire peu enclins à soutenir telle initiative privée qui leur était chère, dès lors que celle-ci aura été absorbée au sein d’une méga-structure plus fonctionnarisée et davantage inféodée aux pouvoirs publics ?
Faut-il s'attendre à ce que ces fusions entre associations permettront de financer le développement d’outils de collecte de fonds nettement plus performants ?
Assistera-t-on – notamment dans le domaine de la lutte contre la pauvreté - à une réorientation de la générosité de certains donateurs en faveur d'une minorité d'associations totalement indépendantes des pouvoirs publics qui, à l’instar de Greenpeace ou d’Amnesty, se concentrent sur une fonction de lobbying ?
Affaire à suivre …
Source
Hebdomadaire LE VIF-L'EXPRESS (12/09/2019) – Joyce Azar - ‘Et la Flandre dans tout çaLe monde associatif dans la tourmente'
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