Etats-Unis - Dan Pallotta appartient à la nouvelle génération américaine d’entrepreneurs sociaux actifs dans le secteur événementiel à finalité philanthropique, identifié aux USA sous le vocable charitable event industry.
Organisateur du célèbre Breast Cancer-3Day Walk, il versa 194 millions de $ en cinq ans au profit d’une fondation dédiée à la lutte contre cancer. Les quelque 40% de frais de développement de cette campagne ont toutefois suscité de vives polémiques. La société Pallotta Teamworks fut mise en liquidation en 2002.
Cette personnalité souvent contestée gagne néanmoins en notoriété, malgré certaines analyses et prises de position peu nuancées et donc fort controversées.
Témoignant en mars 2013 dans le cadre des TED Conferences, son intervention a été visionnée depuis lors par nombre de fundraisers, et abondamment commentée sur les réseaux sociaux.
Dan Pallotta remet en cause le cadre de référence traditionnel du monde associatif américain, qui subirait aujourd'hui encore l'influence et la sensibilité 'puritaine' des premières générations de philanthropes. Leur influence et le mode de management qui en découle freineraient la croissance du secteur associatif, alors que les besoins sociaux sont de plus en plus nombreux.
Sa démonstration s'articule autour d'exemples concrets qui illustreraient le comportement inutilement frugal ou frileux des gestionnaires d'associations.
Rémunérations
Si les managers performants du secteur commercial bénéficient de rémunérations confortables, faut-il que les directions de grandes structures associatives se contentent d’échelles barémiques nettement inférieures ?
Marketing
Nul ne conteste qu’une entreprise commerciale consente des investissements significatifs en publicité en vue d’asseoir une dynamique de croissance durable. La croissance d’une association peut-elle toujours s’envisager sans effort conséquent en frais de communication?
Prise de risque
Les acteurs associatifs hésitent à investir des moyens significatifs dans l’expérimentation de nouvelles méthodes et techniques, par exemple en levée de fonds. Or comment innover sans tester de nouvelles approches, parfois à perte si elles s’avèrent non-rentables ?
Durée
Les actionnaires d’Amazon et d’autres entreprises innovantes acceptent que celles-ci ne produisent de dividendes qu’après de nombreuses années de déficit. Mais on critiquera volontiers une association qui choisirait d’affecter ses ressources pendant six ans au renforcement de la structure, avant de commencer à desservir ses usagers.
Profit
Dan Pallotta note qu’en s’interdisant toute redistribution de profit financier, le secteur à profit social se prive de l’accès aux investissements relevant du capital à risque. Or ces partenaires pourraient renforcer le financement de projets innovants.
La notion de pourcentage de frais généraux (« overheads ») cristallise à lui seul l’essentiel des critiques adressées à l’encontre du monde associatif, surtout dans le cas d'organisations qui font appel à la générosité du public. Or nous serions trop souvent portés à croire que la cause sera plus performante si ses dépenses en fundraising sont réduites au minimum, alors que ces investissements structurels sont souvent indispensables à la croissance de l’organisation.
Sources :
Exposé Dan Pallotta (sous-titrage version française) : ici
Interview dans le New York Times (7-11-2013) : ici