Baromètre de la Philanthropie de la Fondation Roi Baudouin (avril 2023)
30-04-2023 - Le 7e Baromètre de la Philanthropie de la Fondation Roi Baudouin a été publié ce mardi 25 avril. 'étude propose comme précédemment deux approches distinctes concernant la générosité des Belges : un 'Index de la philanthropie' ainsi qu'un second indicateur intitulé 'Climat de la Philanthropie'.
1 - Index de la Philanthropie
L’Index de la Philanthropie mesure l'activité philanthropique sur base de données compilées au départ de sources statistiques officielles : Banque Nationale, enquête budgétaire du SPF Économie, informations sur les attestations fiscales collectées par le SPF Finances, etc.
Nous reprenons ci-dessous quelques résultats significatifs identifiés dans cet Index.
Dons et legs
Attestations fiscales
Rappelons que les statistiques plus récentes publiées par le SPF Finances font état d'une baisse de 8,5% du montant total des dons en 2022, soit 355 millions contre 387 millions d'euros en 2021.
Les données publiées par la Banque Nationale ne se rapportent qu'aux résultats financiers des organisations qui, du fait de leur taille, sont tenues de transmettre une synthèse de leurs comptes annuels.
Ces résultats confirment la croissance des donations et des legs.
Les enquêtes réalisées par la HoGent, de même que le Baromètre des Legs publié par le Fundraisers Forum apportent un éclairage plus précis concernant la répartition des legs en fonction du type de cause ou de la taille des organisations bénéficiaires.
2 - Climat de la Philanthropie
La seconde partie de l'étude publiée par la Fondation Roi Baudouin est consacrée à l'indicateur "Climat de la Philanthropie", qui ambitionne de mesurer la sensibilité philanthropique des Belges. Il s'agit d'une démarche plus subjective, fondée sur les résultats d'une enquête Ipsos destinée à identifier les intentions de plus de 1.000 Belges.
A noter que la question du pouvoir d'achat était très présente dans les préoccupations du public en janvier dernier, au moment où cette enquête fut réalisée. Ce contexte en aura probablement influencé les résultats.
Pourcentage de donateurs
Ce résultat issu d'un sondage mérite d'être comparé aux données officielles publiées par le Ministère des Finances.
Alors que la Belgique compte environ 4.9 millions de ménages privés, les dernières statistiques du SPF Finances recensent comme indiqué précédemment 2,25 millions de donateurs habilités à bénéficier d'une attestation fiscale pour un ou plusieurs dons de minimum 40€ en 2022.
Alors que le sondage tend à suggérer qu'une légère majorité de Belges soutiennent financièrement l'une ou l'autre organisation mieux vaut peut-être préciser que cette générosité concerne environ un ménage sur deux.
Niveau de générosité et principales causes privilégiées par les donateurs
Les résultats relatifs aux principales thématiques soutenues par les donateurs sont relativement comparables au hit-parade des préoccupations exprimées dans divers pays voisins.
On retiendra de ce sondage que les attitudes à l'égard de la philanthropie sont restées relativement inchangées depuis 2016.
Testaments
13 % des Belges déclarent avoir déjà rédigé un testament ou une dernière volonté.
Dans ce groupe, près d’1 personne sur 4 a inclus une organisation caritative dans son testament.
Le sondage IPSOS d'il y a près de dix ans indiquait qu'un pourcentage assez comparable de nos concitoyens incluait dès cette époque une grande cause dans leurs dispositions testamentaires.
Il n'est toutefois pas exclu que ces résultats soient influencés par une formulation différente de la uestion.
Sources
Fondation Roi Baudouin - 'Baromètre de la Philanthropie' (lien)
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La collecte digitale maintient sa croissance en 2022
10/04/2023 - L’importance croissante du canal digital n’est contestée par personne, bien qu'on ne dispose guère d'estimations fiables de son évolution au plan national.
La dernière édition du Baromètre des Associations 2022 de la Fondation Roi Baudouin (FRB) fournit des indications que d'aucuns jugeront exagérément optimistes.
Des résultats partiels, publiés à l'initiative d'iRaiser Benelux, principal fournisseur en Belgique applications de dons en ligne ainsi que 'peer-to-peer', font état d'une croissance, hors Urgence Ukraine, de 8,86 % en 2022. Un résultat appréciable dès lors que les statistiques du SPF Finances font état d'une diminution globale - y compris 'Urgence Ukraine' - de 8,5% des dons au cours de cette année plombée notamment par l'inflation.
Baromètre des Associations 2022 de la Fondation Roi Baudouin (FRB)
Publiée à l'initiative de la Fondation Roi Baudouin, l'édition 2022 du Baromètre des Associations a été réalisée par IPSOS - Game Changers. Elle est basée sur 700 enquêtes téléphoniques menées entre le 5 septembre et le 5 octobre 2022 auprès de directeurs/trices et membres du C.A. de d’associations diverses.
Comme en témoigne le tableau repris ci-dessous, les participants à l'enquête menée par IPSOS - Game Changers semblent attribuer un poids décisif à la collecte de fonds digitale.
S'il est vrai que le recours aux canaux de communication numérique est en croissance, on a peine a donner crédit à ces résultats qui tendent à faire croire (confer tableau ci-dessous) que 47% des dons seraient récoltés au travers de canaux numériques utilisés par les associations, pour seulement 17% de dons résultant de courriers d'appel aux dons.
Le second tableau extrait du Baromètre 2022 de la Fondation Roi Baudouin confirme qu'un nombre croissant d'organisations ont veillé à doter leurs supports de communication de modules facilitant diverses formes de transactions digitales : formulaires de dons en ligne, QR-code, dons par sms, etc. La disponibilité de ces modules ne signifie toutefois pas qu'ils soient dès à présent fort utilisés par les donateurs.
Evolution 2021-2022 de la collecte digitale : estimations d’iRaiser Benelux
Pas loin d’une centaine d’organisations actives en levée de fonds recourent aux applications de dons en ligne fournies par la société iRaiser Benelux.
D'intéressants résultats ont été publiés récement concernant les montants collectés par l'ensemble des ONG belges qui exploitent les applications proposées par iRaiser Benelux. Ces données ont été présentés lors du webinar du 4 Avril dernier animé par Gilles van Doosselaere, Country Manager iRaiser Benelux.
Total 2022 : 31 millions d'euros
Le total des transactions des associations belges clientes d’iRaiser Benelux s’élevait fin 2022 à 31 millions d'euros. Ce montant ne comprend pas les contributions émanant des campagnes peer-to-peer (tel les défis sportifs solidaires) ou les domiciliations.
Ce montant peut être comparé aux 355 milions d'euros (dons de minimum 40€) enregistrés sur cette année par le SPF Finances.
Impact de l'Urgence Ukraine
Un échantillon restreint de 29 organisations pour lesquelles des données comparables étaient disponibles sur les années 2021 et 2022 a permis de dégager plusieurs évolutions significatives.
On observe une croissance de 8,6% des montants collectés hors 'Urgence Ukraine''.
La croissance est bien supérieure (+66%) si on y inclut le produit de la campagne du Consortium 12-12 en faveur victimes de la guerre en Ukraine.
La plupart des contributions ont été collectées lors de deux opérations fortement médiatisées : Urgence Ukraine en mars, soirée de solidarité diffusée en télévision avant Noël.
Paiements par mobile
L'importance des paiements par mobile se voit confirmée d'année en année, bien que le don moyen sur ce canal (71 €) reste inférieur aux transactions par ordinateur (125€).
Taux de conversion
Le taux de conversion, c'est-à-dire le pourcentage de donateurs qui effectuent la totalité du parcours de paiement, s'avère surtout performant lors de campagnes fortement médiatisées: 'Urgence Ukraine' à l'initiative du Consortium 12-12 (mars), campagnes soutenues par diverses chaînes radio-TV (mai, octobre, décembre).
Bancontact
Les donateurs privilégient le paiement par Bancontact (69% des transactions), avant les cartes de crédit (20%) et Paypall (6%) suivi de Belfius et KBC.
L'enquête d'iRaiser Benelux établit par ailleurs que les donateurs belges effectuent nettement moins de dons en ligne entre Noël et le Nouvel-An, au contraire des français qui exploitent jusqu'au dernier jours les opportunités de déductibilité fiscale propres au régime français.
Pour plus d'infos
- Fondation Roi Baudouin - Baromètre 2022 des Associations (lien)
- iRaiser Benelux (lien)
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Générosité des Belges : recul de 8,5% en 2022
Les "petits" dons (de 40 euros exactement) chutent de 15%
L'enquête se base sur des données fournies par le service public fédéral des Finances (SPF Finances), et concernent les dons de minimum 40 euros qui donnent lieu à une déduction fiscale.
Trois chiffres permettent de mesurer avec précision le recul de la générosité de nos concitoyens :
- 2,25 millions de donateurs en 2022 contre 2,44 millions l’année précédente (-7,7%),
- baisse de 8,5% du montant total des dons : 355 millions contre 387 millions d'euros en 2021,
- diminution de 15% des « petits » dons d’exactement 40 euros : 315.000 dons en 2023 contre plus de 370.000 en 2021.
Erik Todts, président de l’Association pour une éthique dans les récoltes de fonds (AERF), ne s’étonne guère de ce recul de la générosité.
Le climat particulièrement morose de l’année 2022, marquée par la guerre en Ukraine et la hausse des factures d’énergie, a modifié le comportement des donateurs. Il rappelle en outre que la générosité publique fluctue également en fonction de l'actualité des crises humanitaires. Or une hausse significative des dons avait été enregistrée en 2021 dans le contexte du soutien aux victimes des inondations, ainsi qu'en 2020 lorsque la crise Covid suscita une forte mobilisation des donateurs. Le tassement constaté en 2022 survient donc après deux années qui avaient bénéficié respectivement d'une hausse de 27%, puis de 4%.
On notera cependant que le net recul observé en 2022 (-32 millions euros) paraît surprenant dès lors alors que la campagne Ukraine a généré dans le courant de cette année un afflux de dons en faveur du Consortium 12-12 (30,5 millions euros) et de plusieurs ONG urgentistes.
Dons, legs, produit des événements de collecte : le bilan global de l'année 2022 n'est pas encore connu
Une appréciation plus globale des résultats relatifs à l’année 2022 nécessite la prise en compte de facteurs que les statistiques du SPF Finances ne permettent pas d'appréhender.
Ainsi ces données ne prennent-elles guère en compte le produit des événements de collecte (concerts, galas, etc.) que nombre d’associations de taille modeste ou intermédiaires ont pu relancer à partir de 2022, première année post-Covid.
L'apport des legs bénéficie principalement aux organisations qui disposent d'une forte notoriété ou de nombreux sympathisants. La stabilisation ou la hausse de ces contributions, en croissance depuis plusieurs années, aura parfois pu compenser le recul des dons.
Les campagnes de street fundraising menées par une vingtaine de grandes associations leur avaient permis, jusqu'à l'arrivée de la crise Covid, de recruter pas loin de 150.000 nouveaux donateurs par an. Le redémarrage de la collecte de rue s'est avéré lent en difficile au cours de l'année dernière. La diminution sensible des nouvelles domiciliations que ces organisations ont enregistrée durant les années Covid impactera durablement leurs résultats.
La publication en juin prochain des comptes 2022 des associations permettra de vérifier si et dans quelle mesure les petites associations auront éventuellement été davantage pénalisées par le recul des dons observé l'année dernière.
Comparaison internationale : croissance continue de la générosité en Autriche
On ne disposait guère, mi-avril, d'indications concernant le bilan 2022 de la collecte de fonds dans d'autres pays européens.
Seule exception, la Fundraising Verband Austria fait état d'une hausse continue entre 2020 (810 millions €), 2021 (870 millions €) et 2022 (estimation à hauteur de 900 millions €).
Ces montants concernent le total des contributions émanant des particuliers (dons et legs), des entreprises et des Fondations.
La plateforme nationale autrichienne prévoit que cette croissance ne se prolongera pas en 2023.
Signalons l'intéressant rapport 'Spendenberichts 2022' de la Fundraising Verband Austria, téléchargeable au départ du lien suivant, qui détaille l'évolution des différentes catégories de contributions et établit quelques comparaisons internationales.
Source
L’Echo (08-04-2023) – Philippe Galloy - ‘La crise énergétique a affecté la générosité des Belges' (lien)
-> Autres articles relatifs à la générosité des Belges : 'Dons, legs, mécénat: chiffres-clés (principaux articles)'
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New Samusocial : relance de la collecte de fonds
Activation de nouveaux outils CRM, fundraising digital et télémarketing
Comme indiqué sur son site, le New Samusocial est un dispositif d’urgence sociale actif en région bruxelloise qui a pour mission d’intervenir auprès des personnes sans solution d’hébergement, pour leur offrir une aide immédiate : action mobile d’aide, hébergement, soins médicaux, accompagnement psychosocial, repas, douche.
Si la personne le souhaite, ses équipes proposent un accompagnement vers une solution de sortie de rue.
Le Samusocial de Bruxelles est membre du Samusocial International.
Munie d’un diplôme en Communication délivré par l’ISFSC – un établissement rattaché à la Haute Ecole ICHEC-ECAM-ISFSC - Christine Rousseau a travaillé quinze ans dans le secteur des médias. Rejoignant ensuite le monde associatif, elle y exerce depuis une dizaine d’années ses talents en communication ainsi qu’en récolte de fonds.
Chargée en début d’année 2021 de relancer la stratégie de récolte de fonds de l’asbl New Samusocial, elle a accepté de nous dresser un bilan des premiers résultats.
L’association belge avait été éclaboussée en 2017 par un scandale lié aux rémunérations excessives de quelques membres de sa direction. Son mode de gestion a dès lors été réformé. L’asbl s’est dotée de la nouvelle dénomination ‘New Samusocial’.
Une enquête a permis d’établir qu’elle avait malgré tout conservé un solide capital de sympathie auprès du public bruxellois. Une relance des activités de collecte de fonds sembla donc parfaitement justifiée.
Choix du positionnement, de l’argumentaire et de la proposition de valeur
Christine rappelle volontiers que l’impact d’une communication efficace dépend très directement des choix opérés au préalable en termes de positionnement, d’argumentaire (le « case ») et de proposition de valeur.
On a donc pris le temps de redéfinir correctement ces paramètres avant de relancer la levée de fonds. Ainsi a-t-on par exemple décidé que les donateurs seraient uniquement sollicités pour l’aide aux personnes sans abri bien que l’organisation gère également d’autres services.
Relance de la collecte, en partenariat avec iRaiser et Martine Constant Consulting Group
Christine s’appliqua d’abord à doter la cellule de collecte de quelques outils indispensables à la relance du fundraising.
- engagement plus explicite en matière de transparence : rédaction d’un Code de conduite, adhésion de l'asbl à l’A.E.R.F. ainsi qu’au label international CAF America,
- récupération de l’agrément concernant la délivrance d’attestations fiscales,
- implémentation d’un logiciel CRM pour la gestion des 6.000 contacts de l’association, et d’une plateforme dédiée aux dons en ligne. L'application proposée par la société iRaiser Benelux fut retenue au terme d’un appel d’offre public, sur base d'un examen comparatif du ratio qualité/prix.
Les deux tiers des quelque 3.000 domiciliations avaient été interrompues au cours des années précédentes. Une action de télémarketing a donc été entreprise en collaboration avec l’agence Martine Constant Consulting Group.
Cette campagne a produit des résultats très satisfaisants, tant en termes de réactivation de domiciliations que d’up-grading (augmentation du montant de la domiciliation).
Signalons également le travail de remobilisation des entreprises partenaires dans le cadre de dons en nature, ainsi que l’envoi en fin d’année d’un courrier d’appel aux dons.
Résultats
2021
L’année 2021 s’est clôturée sur un total de 656.000 € de contributions émanant de trois sources : particuliers, entreprises ainsi que soutiens obtenus dans le cadre d’appels à projets (Viva for Life, Loterie nationale, etc.).
L’apport des domiciliations (240.000 € en 2021) est resté comme précédemment nettement supérieur à celui des dons ponctuels.
2022
L’année suivante a été consacrée au renforcement de plusieurs canaux de collecte :
- insertion d’un appel au don dans le courrier d’envoi des attestations fiscales
- relance de la collecte de rue (street fundraising) en collaboration avec l'agence ONG Conseil
- lancement d’une campagne digitale de fin d’année
- courrier de prospection sur base d’une sélection d’adresses (région bruxelloise, 35-65 ans, intérêt pour la thématique ‘dons’)
Les trois premières actions ont produit des résultats satisfaisants.
L’année 2022 s’est clôturée sur un montant de 417.000 €, résultat des contributions émanant de particuliers et d’entreprises (hors appels à projets), soit une hausse de 30 % par rapport à 2021.
Le New Samusocial compte actuellement 2.300 donateurs actifs (dont 1.700 domiciliations) et une cinquantaine d’entreprises mécènes.
Première campagne de fundraising digital en collaboration avec Orixa Fundraising
L’association s’est fait assister par l’agence française Orixa Fundraising pour la mise en œuvre d’une première opération de collecte par voie digitale, qui s’est déroulée en décembre dernier.
Trois canaux ont été activés à cet effet : Google Ads, une campagne de display de bannières ainsi que l’envoi d’emails aux sympathisants actuels de l’association. Signalons également une série d’annonces sur Facebook, qui n’ont cependant pas eu d’effet significatif.
Google Ads
Plusieurs mots-clés ont été testés, tel ‘Samusocial’, ‘déductibilité fiscale’, ‘pauvreté’ et ‘sans-abri’. C’est en définitive la très basique préoccupation ‘Je fais un don’ qui a généré le meilleur retour !
Il se confirme par ailleurs que sur Google Ads la notion de déductibilité fiscale constitue un incitant moins puissant en Belgique que ce n’est le cas en France, où le dispositif I.S.F. (Impôt sur la Fortune) reste particulièrement attractif.
Programmatique
L’insertion de bannières dans plusieurs médias en ligne, tant belges que français, a été organisée autour de deux messages privilégiant soit une première sensibilisation soit une proposition d’action (‘Je fais un don’) ciblant les contacts déjà sensibilisés.
Le budget modéré (17.000 €) qui fut investi dans cette phase de test a produit d’emblée un résultat financier positif.
Cette première campagne a également permis d’identifier un potentiel de générosité méconnu dans le monde des expatriés.
Christine se dit partante pour un renouvellement de ce type d’opération. Elle souligne toutefois que le lancement d’une première campagne de collecte de fonds digitale nécessite un long et patient travail de préparation.
-> Lire : 'Orixa Fundraising - Collecte digitale : quel parcours de conversion envisager ?' (lien)
Pour plus d’infos
- New Samusocial asbl
- Orixa Fundraising
- iRaiser Benelux
- Martine Constant Consulting Group
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SOS World, exemple de sous-traitance intégrale de la collecte de fonds
Urgence Turquie-Syrie : prospection massive à l'initiative d'une association peu connue
Gestion de la collecte en ‘full-service’ : d’incontestables avantages
22/03/2023 - Partout en Europe diverses agences commerciales de fundraising offrent aux acteurs du secteur non-marchand de gérer en sous-traitance soit l’ensemble (option ‘full service’) soit une partie conséquente de leurs tâches de communication et de collecte de fonds.
En Belgique la société Direct Social Communication (DSC) figure parmi les principaux acteurs présents sur ce créneau, aux côtés de Mindwize, une agence présente dans cinq pays européens, dont les Pays-Bas.
La formule ‘full-service’ permet par exemple au fondateur d’une nouvelle initiative à finalité humanitaire de se concentrer en priorité sur les projets de terrain qu’il affectionne, après s’être libéré de la collecte de fonds dont la gestion est assurée de manière professionnelle par une agence commerciale de fundraising.
Tel est par exemple le choix du docteur Réginald Moreels, ex-Président de MSF et vaillant septuagénaire mobilisé sur les projets de santé de l’asbl UNICHIR dont il est co-fondateur, qui collabore étroitement avec l’agence DSC pour la gestion d'une partie des activités de fundraising.
SOS World, étrange réussite sur base d'une sous-traitance intégrale de la collecte de fonds
Il arrive cependant que la sous-traitance intégrale de la collecte de fonds pose question.
Ainsi deux articles parus mi-février dans le Belang van Limburg et L’Avenir ont-ils tenté de comprendre pourquoi et comment SOS World - une asbl qui n'existe qu'en Belgique, où elle est relativement peu connue - s'est massivement investie il y a quelques semaines dans une importante et coûteuse campagne d'appels aux dons 'Turquie-Syrie'.
Cette enquête fait apparaître que la collecte de SOS World a bénéficié d’une croissance fulgurante depuis sa création en 2014. Alors que l'association ne dispose guère, en dehors d’une boite aux lettres, d’un ancrage significatif dans la vie associative belge, elle aurait recruté 24.000 donateurs en moins de dix ans, grâce aux nombreux mailings orchestrés par l’agence commerciale Direct Social Communication.
Faible degré de transparence
Surpris par l’ampleur de la campagne d’appels aux dons ‘Turquie-Syrie’ financée par SOS World au travers de mailings et d’encartages dans divers quotidiens du Nord du pays, le journaliste du Belang van Limburg découvre que cette asbl de droit belge a été fondée par Thomas Schirrmacher, un théologien et évêque allemand lié à l’Eglise Evangélique, ainsi que par deux membres de sa famille qui résident comme lui en Allemagne.
Le premier siège social de l’association a été établi en 2014 à Bruxelles dans les bureaux de l’agence de fundraising DSC.
Le site de SOS World ne comprend, au moment de l’enquête du Belang van Limburg, nulle information concrète concernant le mode de gouvernance, les rapports d’activités et les comptes annuels de l’association. L’agrément fiscal de SOS World n’a pas été accordé ou n'est pas prolongé, et SOS World n’est pas reconnu par l’AERF ou par la Fondation Donorinfo pour la transparence de ses comptes.
Gebende Hände : une association proche dont certaines pratiques sont critiquées
L’article du Belang van Limburg note qu’un autre membre de la famille Schirrmacher est impliqué dans la gestion de l’association allemande Gebende Hände. Le site allemand Webwiki.de, dont le degré de crédibilité n'a pu être vérifié, s'est fait l’écho de plaintes émanant de donateurs allemands concernant des méthodes de collecte de fonds inappropriées de cette association : utilisation abusive d’adresses personnelles, envoi de mailing accompagnés de gadgets inutiles, etc.
On sait que ces pratiques sont contestées en Allemagne où elles sont encouragées par certaines agences de fundraising. Elles correspondent à des modes de collecte qui ont été également dénoncés à plusieurs reprises dans divers médias belges.
Egalement alertée par l’ampleur de la récente campagne d’encartage ‘SOS Turquie-Syrie’ de SOS World dans nombre de quotidiens francophones, une journaliste de L’Avenir s’est à son tour demandée « qui sont ces collecteurs de fonds qui interviennent au nom d’une cause humanitaire, avec une force de frappe impressionnante malgré leur petite taille ? » (L’Avenir, 24 février)
Elle constate également le peu d’informations publiées sur le site de l’association.
Une asbl ‘boîte aux lettres’, pilotée depuis l'étranger par des administrateurs animés de bonnes intentions
SOS World ne semble guère disposer en Belgique d’un semblant d'équipe locale mobilisée soit au siège social bruxellois de SOS World - qui ne comprend qu’une boite aux lettres - soit ailleurs dans le pays.
La ligne téléphonique de l’association est connectée à un répondeur de l’agence commerciale DSC.
L’asbl serait pour l'essentiel une structure juridique vide, contrôlée à distance par une famille allemande résidant aux environs de Bonn. Il est probable que cette famille aura appris en 2014 qu'une agence de fundraising établie à Bruxelles pourrait lui construire une stratégie de collecte de fonds sur le territoire belge. Neuf ans plus tard nul enracinement significatif de SOS World dans la vie associative belge, en dehors des activités performantes de collecte de fonds gérées par Direct Social Communication (DSC).
Ludo Longin, CEO de l’agence DSC, se veut rassurant quant aux nobles intentions des fondateurs de SOS World, et quant à la bonne affectation des dons reçus par l’association. La recette nette de la collecte serait directement versée en faveur d’initiatives locales identifiées, par exemple en Turquie et en Syrie, par les Eglises Evangéliques allemandes. Cette aide n'aurait aucun lien avec l'activité de Gebende Hände.
Six semaines après le séisme du 6 février le site de SOS World ne publiait aucune information concernant l'assistance concrète qu'elle aurait déjà déployée en Turquie ou en Syrie.
La direction de DSC indiquait récemment que l'association s'est engagée à améliorer la qualité de sa communication aux donateurs. Ceux-ci seront certainement heureux d'enfin en savoir plus concernant le pourcentage des dons collectés au cours des années précédentes que SOS World affecte directement à ses projets humanitaires de terrain.
Levée de fonds : des méthodes de collecte performantes, bien que susceptibles d’irriter les donateurs
Nulle autre ONG de solidarité Nord-Sud active en Belgique ne semble avoir bénéficié depuis 2014 d’une croissance de la collecte aussi performante que celle de SOS World.
La plupart de ces ONG hésiteraient cependant à recourir aux méthodes de collecte efficaces, autant que contestées, pratiquées par cette organisation :
- prospections ciblées sur des fichiers de donateurs loués à d’autres organisations (quid de la réglementation RGPD ?),
- fréquence élevé des mailings,
- messages de tonalité misérabiliste,
- envoi de courriers accompagnés de gadgets inutiles offerts au titre de cadeaux (visuel ci-contre).
D'autant que la pertinence d'une campagne intégralement gérée pas un sous-traitant commercial doit également s'évaluer sur base du pourcentage des frais de collecte. Une information essentielle que nombre d'organisations préfèrent ne pas communiquer.
Appels en urgence de nature opportuniste, car conçus dans une double finalité humanitaire et commerciale
L’instauration de la réglementation RGPD a quasiment aboli l'échange de fichiers de donateurs dans divers pays, tel le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Cette pratique est par ailleurs rejetée par une grande majorité d’associations, notamment en Belgique.
Certaines agences commerciales de fundraising estiment cependant que le RGPD ne leur interdit pas de conserver une mainmise sur d’importants fichiers communs d’adresses de donateurs, même si ces derniers n'ont pas explicitement autorisé ('opt-in') la cession de leurs données personnelles à des tiers.
Elles se rémunèrent dès lors, comme d'autres list-brokers, en louant ces fichiers dans le cadre de campagnes de prospection.
D'aucuns se sont étonnés, lors la récente crise humanitaire 'Turquie-Syrie', de ce que plusieurs associations peu connues pour leur expertise en situation d'urgence humanitaire, et dont la collecte de fonds est gérée par la même agence commerciale de fundraising, ont immédiatement exploité l’opportunité de cette crise médiatisée pour procéder à d'importantes campagnes d’appels aux dons.
Il est vrai que pareille opération peut s’avérer triplement bénéfique, certainement au profit des victimes du désastre qui bénéficient ainsi d’un soutien renforcé, mais également pour l’association qui recrute de nouveaux sympathisants ainsi que pour l’agence commerciale qui enrichit ainsi discrètement et sans surcoût son précieux fichier commun de donateurs.
On ne manquera pas de constater que dans pareille opération finalité humanitaire et intérêts commerciaux s’en trouvent curieusement entremêlés.
Notons par ailleurs que certains donateurs nouvellement recrutés s'étonneront de recevoir par la suite des appels aux dons provenant pour partie d'associations auxquelles leurs coordonnées personnelles auront été discrètement transmises.
RGPD : à quand une meilleure prise en compte des intérêts légitimes des donateurs ?
Une majorité de donateurs apprécierait probablement que la Belgique adopte à son tour un dispositif comparable aux mesures en vigueur aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, où la cession de données personnelles nécessite l'accord préalable ('opt-in') des personnes concernées.
L’approbation par l'APD (Autorité de Protection des Données) d’un Code de Conduite RGPD spécifique au secteur de la collecte – une mesure préconisée depuis plusieurs années par l’AERF - pourrait y contribuer.
Bientôt d'autres organisations caritatives implantées à l'aide d'agences de fundraising ?
On n'a guère connu, en dehors de asbl SOS World et de Noma, d'autres acteurs de la collecte qui aient été été implantés récemment sur le territoire belge grâce au soutien décisif d'une agence locale de fundraising.
L'asbl Noma a été fondée comme SOS World en 2014, à l'initiative de la fondatrice de l'ONG allemande Hilfsaktion Noma e.V. Ce partenaire allemand figurait en 2016 dans la liste des organisations caritatives allemandes qui contrevenaient, selon la Deutsche Zentralinstitut für soziale Fragen (DZI), à d'importantes règles en matière de pratiques commerciales (visuel ci-dessus).
Difficile de prévoir dans quelle mesure d'autres associations pourraient à leur tour s'implanter en Belgique grâce au soutien d'une agence de fundraising.
On notera toutefois que par exemple le réseau international d'agences Mindwize valorise un peu partout en Europe, et notamment en Suède (confer visuel ci-contre 'Insamling i Belgien'), la capacité de ses équipes à implanter une association dans un pays européen où cette société dispose de bureaux régionaux (lien).
Le professionalisme des agences de fundraising est, à juste titre, fort apprécié par le secteur associatif.
Leur impact positif sur l'évolution globale du secteur de la générosité est largement reconnu.
Certaines pratiques posent toutefois question, notamment lorsque ces sociétés favorisent l'implantation artificielle - faute d'ancrage réel dans la vie associative belge - de nouveaux acteurs de la collecte importés depuis l'étranger.
-> Récapitulatif des articles relatifs aux risques de dérives en matière de méthodes de collecte de fonds :
'Direct Social Communications: des techniques de fundraising souvent critiquées'
Sources
site SOS World
- site Direct Social Communication
- Gebende Hände
- Het Belang van Limburg (18-02-2023) – ‘De Duitse wortels achter de nauwelijks bekende vzw SOS World’
- L’Avenir (24/02/2023) ‘Collecte de fonds : petits et fiables?
- Gebende Hände in Webwiki – ‘Erfahrungen und Bewertungen zu Gebende Hände’ (lien)
-> Autres articles consacrés aux pratiques commerciales de l'agence Direct Social Communications (lien)
-> Autres articles consacrés à la thématique 'Ethique et transparence' (lien)
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