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'Les lois de la transparence' - article publié par Alter Echos

16 août 2017 - Alter Echos est le média d’analyse des problématiques sociales fabriqué par l’Agence Alter.
Alter Echos a consacré début juillet un article à la transparence des associations actives en levée de fonds.
-> Lire : ‘Les lois de la transparence’ – Julie Luong, Alter Echos n°447 - 4 juillet 2017 (lien)

Concernant les grandes et très grandes asbl, l’auteure rappelle que les exigences de la Banque Nationale de Belgique (BNB) ne permettent guère de se faire une idée précise de l’origine des fonds recueillis par les associations actives en levée de fonds, ni de leur utilisation.

Citant Fanny Dethier, chercheuse de HEC-Ulg qui prépare actuellement une thèse sur la transparence financière des asbl, l’article rappelle que l’exigence de transparence intéresse non seulement les donateurs, mais également tout citoyen soucieux de vérifier la bonne utilisation de l’argent public dont bénéficient nombre d’associations.

Donorinfo a déjà screené le niveau de transparence de 247 associations

Pascale Gonda, coordinatrice de Donorinfo, présente les atouts  de cette Fondation, qui est active depuis une dizaine d’années et a effectué un screening de quelque 247 associations philanthropiques « transparentes ».
Elle précise que toutes ont dû fournir des comptes détaillés contrôlés par un expert indépendant, et ont fait l’objet d’une visite de terrain aux fins de juger des actions concrètes et de leur adéquation avec les comptes présentés.
Et de conclure : « Nous sommes alors capables de publier la fiche financière de l’association et d’attester qu’elle est totalement transparente. »

Octroyer un label de qualité lorsque les frais de gestion et de collecte de fonds sont fort élevés ?

C'est bien à raison que l’article d’Alter Echos souligne l’intérêt du travail d’investigation mené par Donorinfo.
L'auteure ne s'interroge toutefois guère sur les limites d’un label dont l'octroi semble fort focalisé sur la disponibilité de diverses données comptables.
On constate dès lors que, pour peu que les informations comptables exigées soient disponibles, Donorinfo accorde son label à des associations dont le pourcentage global de frais de gestion et de collecte de fonds est particulièrement élevé, souvent du fait de coûteux mailings de collecte à tonalité misérabiliste qui sont produits par une agence commerciale.

C’est ainsi que les comptes 2015 de la Fondation Pelicano, tels que publiés sur le site Donorinfo (lien), font état de 1,079 million d’euros en recettes issues de la générosité publique, qui furent pour l’essentiel affectés aux quatre secteurs suivants: projets hors rémunération (204.598 €), charges de récolte de fonds hors rémunération (421.227 €), information-sensibilisation-éducation hors rémunération (340.752 €), frais généraux hors rémunération (115.210€).
Donorinfo évalue à pas moins de 49,5% le pourcentage global de frais généraux et de collecte de fonds de Pelicano, dont les coûteuses opérations de fundraising sont gérées par l'agence commerciale Direct Social Communication.
La fiche d'information produite par Donorinfo précise en outre que certains administrateurs sont rémunérés, mais ne cite aucun montant global des rémunérations dans les comptes.
Or le Moniteur belge (11-08-2016) signale que la Fondation d'utilité publique Pelicano est dirigée depuis octobre 2015 par un managing director au travers de sa SPRL.
Le site de la Fondation ne mentionne nul Rapport d’Activités qui permettrait aux donateurs de comprendre quels montants ont été affectés aux principales actions qui correspondent aux besoins urgents décrits dans les appels aux dons.

On s'étonne qu'un label de qualité puisse ainsi être accordé à une fondation caritative dirigée par une SPRL, alors qu'elle ne consacre qu'un faible pourcentage des dons aux bénéficiaires dont les mailings adressés aux donateurs soulignent l'extrème précarité.

AERF, IDEAS (France): atouts des labels sur base de critères plus diversifiés

Ce contre-exemple n’est nullement représentatif de la majorité des associations répertoriées sur le site Donorinfo.
Il permet cependant de comprendre l’intérêt des processus de labellisation qui privilégient la prise en compte d'une plus grande variété de critères : transparence financière, mais également principes de bonne gouvernance, disponibilité et qualité des Rapports d’Activité, tonalité non-misérabiliste et non-culpabilisante des messages envoyés au donateurs, etc.

On regrettera à ce propos que l’article proposé par Alter Echos  ne fasse nullement référence à l’intéressant processus de labellisation mis en place depuis déjà vingt ans par la plateforme nationale A.E.R.F. (Association pour l’Ethique dans la Récolte de Fonds), qui regroupe quelque 130 associations actives en levée de fonds.

Mentionnons également, dans le même ordre d’idée, le succès du label développé en France à l’initiative de l’IDEAS (Institut de Développement de l’Ethique et de l’Action pour la Solidarité).
Ce label couvre trois thèmes - gouvernance, gestion financière et suivi de l'efficacité de l'action – et se veut également un vecteur de confiance pour les financeurs (philanthropes, mécènes, acteurs institutionnels).