2 août 2017 - Plusieurs associations mobilisées à Ostende dans le cadre de campagnes de street-fundraising ont été informées vers la mi-juillet de ce que ces opérations de prospection seraient dorénavant interdites dans les rues de la ville.
-> Lire ‘Street fundraising: Ostende interdit le recrutement de donateurs sur la voie publique’
Plusieurs médias néerlandophones se font l’écho des commentaires en sens divers suscités par cette interdiction.
Street-fundraising : autorisé par nombre d'instances communales, mais assorti de conditions
Le Nieuwsblad (‘Het blijven toch acties voor het goede doel’ – 15/07/2017) indique que le bourgmestre de La Panne interdit toute forme de collecte ou de distribution de flyers dans cette commune, tandis que les communes de Middelkerke et de Nieuport délivrent des autorisations assorties de conditions restrictives.
D’autres communes, tel Ypres ou Nieuwpoort, sont moins souvent sollicitées pour des opérations de street fundraising, et accordent occasionnellement des permis de collecte.
La ville d’Anvers estime ne pas devoir envisager des mesures aussi restrictives qu’à Ostende. Mais certains groupements professionnels de commerçants, tel UNIZO, disent comprendre que ceux-ci s’estiment parfois lésés.
Et en Belgique francophone ?
Le Soir recense divers exemples d'arrangements concernant la partie francophone du pays.
A Namur quatorze associations disposent chacune d'une dizaine de journées de prospection par an, mais ne peuvent prospecter sur le marché.
La Croix-Rouge bénéficie chaque mois d'une journée de trois heures à Auderghem, d'une journée hebdomadaire (de trois heures) à Charleroi, et d'une liberté de prospecter à Spa en dehors des mois de juillet et d'août.
Les contributions des donateurs réguliers que la Croix-Rouge mobilise grâce au street-fundraising représentent 50% des dons perçus par l'organisation.
(Le Soir, 15/07/2017 - 'Les ONG chassées des rues ostendaises')
'Stop met vragen en de mensen stoppen met geven'
Pour Josti Gadeyne, fundraiser active dans une ONG de solidarité internationale, le contentieux avec la ville d’Ostende confirme combien nos compatriotes peinent à comprendre que les techniques de levée de fonds ont fortement évolué depuis l’époque révolue des collectes mises en oeuvre par des bénévoles.
S'exprimant dans une page 'Opinion' publiée par De Standaard, elle rappelle que la professionalisation des métiers de la collecte a entrainé de profondes évolutions, notamment au niveau des coûts de prospection et de gestion (overheads).
Josti Gadeyne se fait l’écho des débats que ce renforcement des campagnes de prospection de donateurs suscite aux Etats-Unis, notamment à l'initiative du Charity Defence Council et de Dan Pallotta, un fundraiser américain aux prises de position souvent controversées (lien).
(De Standaard, 19/07/2017, Josti Gadeyne – ‘Stop met vragen en de mensen stoppen met geven’)
'Fondsenwervers, doe wat water bij de wijn'
Pour Guillaume van der Stichelen, qui s’exprime dans le Morgen du 15 juillet (« Fondsenwervers, doe wat water bij de wijn »), le street-fundraising est sans nul doute défendable, bien que ce mode d’occupation de l’espace public suscite forcément parfois des réactions négatives.
L’ancien publicitaire situe les controverses concernant le street fundraising dans le contexte d'une tendance générale qui se caractérise par un durcissement des méthodes de marketing.
Il propose aux fundraisers de ne pas s'enfermer dans des débats stériles qui viseraient à opposer idéalistes et égoïstes.
Les associations actives en street fundraising gagneraient à mettre de l'eau dans leur vin, notamment en privilégiant un dialogue constructif avec les commerçants, dont les préoccupations concernant l’accessibilité de leurs établissements sont parfaitement légitimes.
Notons que si l'efficacité des prospections par street-fundraising est soulignée dans nombre d'articles, il n'est nullepart précisé que ce mode de collecte renforce surtout, depuis nombre d'années, la croissance des grandes organisations à forte notoriété, alors que nombre d'autres causes ne sont pas en mesure d'en bénéficier.