Charlène Petit : "Offrir la possibilité de choisir à qui donner."
17/03/2023 - De nationalité française mais résidant à Montréal, Charlène Petit anime depuis 2019 le podcast francophone FILantropio.
Intervenant dans le cadre du Colloque 2022 de France Générosités (replay), elle y partagea sa vision concernant les nouvelles formes de générosités, et fit notamment référence à la récente expérience Better, lancée en Belgique à l’initiative de la Fondation Gingo.
Charlène Petit considère que le geste de don n’est pas en voie de désengagement, mais bien de transformation.
Au lieu de donner par habitude ou par loyauté, les jeunes générations souhaiteraient davantage choisir à qui donner. La relation serait désormais un enjeu central pour les donateurs de la génération Z, qui aiment vivre en 'tribus' et apprécient de pouvoir cultiver un sentiment d'appartenance et de partage.
Charlène Petit rappelle à l'attention des organisations de solidarité qu’une audience capter de manière articielle peut facilement les oublier. A l'inverse, une communauté de sympathisants qui ont librement choisi les causes qui leur sont proches sera probablement plus fidèle. La stratégie de communication des organisations de solidarité gagnerait donc à passer de l’actuelle logique d'audience à une logique de communauté.
Elle souligne que les nouveaux canaux de communication digitale permettent précisément de tisser des liens plus en profondeur, et de proposer des contacts plus bidirectionnels (moins ‘top down’) entre les parties prenantes.
On sait que cette analyse et ces recommandations sont déjà prises en compte par nombre d'organisations de solidarité qui veillent à encourager diverses formes d'engagement plus personnalisés : pétitions, participation à de joyeux événements sportifs solidaires, parrainage de projets, etc.
A l'inverse les principaux et puissants canaux traditionnels de sollicitation, tel le direct mail ou la collecte de rue ('street fundraising') ne prévoient pas encore de proposer aux donateurs de choisir 'à qui donner'.
Better, nouvelle formule d'abonnement solidaire
La présentation de Charlène Petit faisait référence à l'expérience novatrice lancée depuis un an en Belgique à l'initiative de l'asbl Better.
Comme indiqué sur le site de cette association, Better propose aux donateurs de souscrire un abonnement solidaire qui leur permet, chaque mois, de découvrir et de soutenir une association qui répond à leurs préoccupations.
L'asbl sélectionne sur base de critères exigeants une série d'associations qui répondent aux préoccupations des donateurs. Chaque contributeur qui souscrit à l'offre d'abonnement solidaire proposé par Better se voit présenter, le premier dimanche du mois, une vidéo de deux minutes concernant l'association qui a reçu l’intégralité de ses dons mensuels. À la fin de la vidéo chaque adhérent est libre d'approuver ou de désapprouver le choix de Better.
Les dons transitent par un Fonds spécifique logé au sein de la Fondation Roi Baudouin. Ils sont déductibles à hauteur de 45% dès 40 € par an. Ces contributions sont intégralement versées aux organisations bénéficiaires, grâce au mécénat du groupe Degroof Petercam qui prend ces coûts en charge, de même que les frais de fonctionnement de la Fondation Gingo.
Organisations bénéficiaires
Il est prévu qu'à terme les associations sélectionnées couvrent une large palette de secteurs : recherche, soins de santé, Terre, pauvreté, handicap, emploi, seniors, Art & Culture, cancer, Girl Power, jeunesse, réfugiés, discrimination, sport, Aide Internationale, animaux, santé mentale, éducation.
Une quinzaine d'organisations bénéficiaires sont dès à présent mentionnées sur le site : BeCode, Debateville, Doucheflux, Goods to Give, Graine de vie, Le petit vélo jaune, L'Ilôt, River Cleanup, Nojavel!, Tada, Team4Job, SheDidit, Singa.
L'équipe dispose également d'une liste complémentaire d'associations qu'elle recommande aux abonnés désireux de soutenir d'autres causes spécifiques.
Priorité aux philanthropes de demain : jeunes actifs, 25-45 ans
Pour Sylvia Steisel, coordinatrice de la précédente plateforme de crowdfunding GINGO, Better entend apporter à la philanthropie les atouts propres aux startups : activation d'un mode de transaction simple et automatisé, une communication attrayante ainsi que des métriques performantes qui produisent des statistiques utiles au secteur.
Selon Marie Logé, co-fondatrice de Better aux côtés de Thomas Carton de Wiart, cette nouvelle opportunité de don par voie digitale a surtout vocation à intéresser la cible des jeunes actifs (25-45 ans).
Le plan marketing du projet repose dès lors principalement sur l'activation des divers canaux de communication digitale.
Si l'offre actuelle de causes à soutenir intéresse principalement un public bruxellois, l'initiative Better ambitionne de pouvoir s'étendre progressivement d'autres villes ou régions.
Bilan provisoire
Les fondateurs ambitionnaient en juillet 2022 de mobiliser pas moins de cinq mille souscripteurs sur les douze premiers mois.
Les résultats apparaissent plus modestes : quelque 300 donateurs étaient enregistrés début mars en qualité d'abonnés solidaires, pour un montant de 3.000 € de dons mensuels.
Il est prévu que les associations bénéficiaires couvrent une variété de secteurs : recherche, soins de santé, Terre, pauvreté, handicap, emploi, seniors, Art & Culture, cancer, Girl Power, jeunesse, réfugiés, discrimination, sport, Aide Internationale, animaux, santé mentale, éducation.
La liste actuelle des organisations présentées sur le site Better comprend BeCode, Debateville, Doucheflux, Goods to Give, Graine de vie, Le petit vélo jaune, L'Ilôt, River Cleanup, Nojavel!, Tada, Team4Job, SheDidit, Singa.
L'équipe dispose par ailleurs d'une liste complémentaire d'organisations qu'elle recommande aux abonnés désireux de soutenir d'autres causes spécifiques.
Oser investir en innovation tout en respectant à terme le ratio 'frais de collecte'
La coordination de Better est assurée par les deux co-fondateurs du projet.
Les frais de démarrage et de fonctionnement du projet sont intégralement supportés par le mécénat du groupe Degroof-Petercam (Fondation Gingo), et ne sont donc pas soustraits des montants collectés.
La viabilité de cette initiative nécessitera notamment de relever le défi d'une croissance rapide du nombre d'abonnés.
On suppose qu'à terme le ratio coût/efficacité de la plateforme ambitionne de respecter à terme le ratio de 30% de frais de collecte de fonds qu'il est coutume d'associer aux levées de fonds associés à l'octroi d'une attestation fiscale.
Peut-on imaginer qu'à l'avenir cette formule originale de mobilisation de donateurs en faveur de diverses causes qu'ils restent libres de choisir trouve sa place aux côtés de l'actuel mécanisme de recrutement, notamment par voie de mailings ou de street fundraising, qui confronte le donateur à une multiplicité d'appels aux dons concurrents ?
Sources
- Charlène Petit
. Filantropio (lien)
. France Générosités (13-12-2023) - 'Le don pour les nouvelles générations : Interview de Charlène Petit' (lien)
. Table-Ronde clôturant le Colloque 2022 de France Générosités 'Où sont les donateurs français ? Constats et perspectives.' (replay)
- Better
. Site Better (lien)
. Degroof-Petercam - 'Gingo devient Better : la philanthropie digitale pour tous' (lien)
. Bloovi - 'Start-up maakt met digitaal abonnement steun voor goede doelen toegankelijker' (lien)
. LN 24 - 'Success Stories' - 'Interview de Marie Logé, co-fondatrice de Better.app' (lien)
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