Social Impact Bonds: lent démarrage, premiers succès
Si nombre de publications font état de l'émergence du nouveau courant philanthropique qui entend promouvoir l'impact investing, la Belgique compte relativement peu de projets de ce type.
D'où l'intérêt du récent reportage que l'hebdomadaire Trends/Tendances consacre aux Social Impact Bonds.
'Les Social Impact Bonds (SIB) permettent à des investisseurs privés de faire travailler leur argent au bénéfice d'un projet social porté par un prestataire de services à but non lucratif, avec un retour sur investissement si les résultats sont à la hauteur.'
Au départ de cette définition présentée en début d'article, l'hebdomadaire Trends/Tendances du 15 août dernier consacre un reportage particulièrement fouillé à cette nouvelle forme d'investissement social qui se développe lentement, notamment en Belgique.
Les SIB sont une forme d'investissement social relativement complexe, du fait qu'elle nécessite un partenariat entre quatre types de structures: un pouvoir public, un organisme intermédiaire qui s'applique à collecter des capitaux auprès d'investisseurs, les investisseurs privés et un prestataire de service qui met en oeuvre le projet d'intérêt général.
Duo for a job
L'asbl Duo for a job expérimente depuis quelques années un projet d'insertion professionnelle de jeunes issus de pays hors Union européenne, sur base d'un mentorat qui est assuré par des seniors.
Le soutien d'Actiris et de KOIS Invest - une société spécialisée dans l'investissement à impact - a permis de démontrer qu'en fin de période de test le taux d'emploi des jeunes bénéficiaires du mentorat Duo for a job dépassait largement celui d'un groupe de contrôle.
Comme convenu dans le contrat, Actiris a dès lors remboursé les investisseurs et leur a octroyé 4% de taux d'intérêt annuel.
Pareil montage financier sur base de Social Impact Bonds permet ainsi à un pouvoir public de ne subsidier un nouveau projet à finalité sociale qu'après que des investisseurs privés aient pris le risque d'en pré-financer la phase expérimentale.
Le budget de Duo for a job bénéficie du soutien d'autres partenaires, au nombre desquels la Fondation Baillet Latour, Porticus ainsi que la Fondation EPIC. On connaît les exigences de la Fondation Epic, dont l'action philanthropique est également conditionnée par une vérification rigoureuse de l'impact effectif des projets bénéficiaires.
KOIS Invest soutient d'autres initiatives à finalité sociale, tel le projet Neet's (Not in Education, Employment or Training) mis en oeuvre à Anvers avec la collaboration du VDAB, ainsi qu'un humanitarian impact bond en faveur de projets gérés par la Croix-Rouge Internationale.
Limites
Citant Raphaëlle Sebag, déléguée générale de l'Impact Invest Lab (Paris), le reportage de Trends souligne que le financement de projets par des SIB nécessite un difficile travail préalable de concertation entre tous les partenaires concernés.
Autre restriction importante, les projets sociaux bénéficiaires doivent pouvoir être évalués sur base d'indicateurs quantifiables, de manière à ce que la rémunération des investisseurs puisse se justifier sur base de critères irréfutables.
Il serait dès lors illusoire d'espérer que nombre de projets financés par la générosité publique puissent faire appel aux Social Impact Bonds
Les SIB comptent néanmoins nombre de partisans dans notre pays, tel Philippe De Backer (député VLD), ainsi que Grégor Chapelle, directeur général d'Actiris.
Sources
- Trends-Tendances (15/08/2019) - 'L'investissement social connaît son petit succès'
- De Standaard (28/2/2019) - 'Het geld van Duo for a Job'
- Het Nieuwsblad (28/12/2018) - 'Stad wil jongeren en allochtone vrouwen activeren'