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Panorama de la Philanthropie en Europe

19 avril 2015 - La Fondation de France (Observatoire de la Générosité) et le CerPhi publient une intéressante étude comparative, qui tente d’établir des points de comparaison entre une dizaine de pays d’Europe de l’Ouest : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Suède, Suisse.

La première partie de l’étude propose des points de comparaison à propos des dons des particuliers.
Les auteurs sont conscients de ce que leurs constatations doivent être interprétées avec prudence, du fait que nombre de statistiques nationales ne sont guère harmonisées au niveau européen. 

Montants des dons des particuliers

Le Tableau 1  confirme d’emblée l’apport déterminant des donateurs britanniques.

La générosité des belges y est malencontreusement évaluée à hauteur de 174 millions d’euros, une sous-estimation qui ne correspond qu’aux dons et legs collectés par 284 associations belges (Fundraisers Forum, 2013).

 

Nombre estimé de donateurs

Les pays qui combinent un nombre élevé d'habitants et une forte générosité compteraient plus de vingt millions de donateurs (Pologne, Allemagne), voire plus de 25 millions (Royaume-Uni, France).

Les statistiques nationales laissent entrevoir une augmentation significative de la population donatrice dans certains pays (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Pologne), tandis qu’elle baisserait ailleurs depuis plusieurs années (Italie, Royaume-Uni).

 

 

 

 

Proportion de donateurs dans la population nationale

L’étude propose une estimation de la proportion de donateurs dans la population nationale, sur base de sondages réalisés dans chacun des pays (Tableau 2).

Des données issues de sondages ne présagent toutefois en rien des montants effectivement collectés dans les pays concernés.

 

 

Dons moyens annuels

Concernant les dons moyens annuels (Tableau 3), les auteurs proposent un tableau dont ils précisent que les données relatives à la France, la Suisse et la Belgique sont surévaluées.

 

Don moyen / PIB par habitant

En comparant le don moyen au PIB par habitant (Tableau 4 ci-dessous), on dispose d’une estimation relative au poids économique que représente l’engagement philanthropique de la population par rapport à la richesse totale du pays.

Le Royaume-Uni confirme son statut de pays le plus généreux, à la fois en volume de dons et en part de la générosité rapportée au PIB, loin devant les pays suivants.

Les Pays-Bas sont à la fois le premier pays en pourcentage de population donatrice, et le deuxième pays en part de la générosité individuelle rapportée au PIB.

Les données concernant l’Allemagne placeraient ce pays en seconde position avant les Pays-Bas (0,33% du PIB), si on additionait aux dons le montant de l’impôt national versé par nombre de contribuables en faveur des Eglises et œuvres religieuses.

Les auteurs rappellent que le Royaume-Uni et la France bénéficient de dispositifs fiscaux particulièrement avantageux en matière d’incitation à la générosité.
Les donateurs britanniques bénéficient de deux incitants complémentaires :

  • Le système du Payroll Giving permet de déduire automatiquement le don par un prélèvement à la source sur salaire.
  • 40% des britanniques recourent au Gift Aid, qui permet à l’association d’obtenir auprès de l’administration fiscale un versement complémentaire équivalent à 25%  du don.

D’aucuns considèrent que l’ensemble des incitants proposés au Royaume-Uni contribuent à augmenter le don moyen des donateurs sans pour autant mobiliser de nouveaux donateurs.

La Suède compte de nombreux donateurs, mais de faibles contributions. Le contraste entre le pourcentage élevé de donateurs (64 %) et le faible montant de leurs contributions pourrait s’expliquer par un fort engagement des suédois sous forme de cotisations en faveur de nombreuses organisations d’intérêt général.

L’Espagne se distingue surtout par une générosité des plus aisés. La propension au don se concentrerait davantage parmi la minorité d’espagnols qui ont les moyens de donner, à l’inverse de pays - tel que les Pays-Bas – où la pratique du don est plus démocratisée.

Les inégalités sociales, un moteur du don ?

Les chercheurs observent que les trois pays de la zone étudiée où les habitants jouissent des plus hauts montants de PIB/habitant occupent le bas de classement quand on rapporte le don moyen au PIB/habitant: Suisse (7ième position), Suède (8ième position), Pays-Bas (6ième position).

Dans ces trois pays, les inégalités sociales sont moins marquées que dans le reste de l’Europe. Les chercheurs émettent pour hypothèse que la propension à la philanthropie pourrait être alimentée par un contexte où les inégalités sociales sont les plus prégnantes. Les donateurs de ces pays seraient davantage confrontés aux besoins des personnes vulnérables et aux difficultés que peut avoir la société à y répondre.

Europe-USA

L’étude propose par ailleurs trois chiffres-clés concernant les dons des particuliers en Europe, en se risquant à les comparer avec des données relatives aux USA :

Pourcentage de donateurs au sein de la population:

  • 10 pays européens : 44,3 %
  • USA : 95,4 %

Total des dons des particuliers:

  • 9 pays européens : 24,4 milliards €
  • USA : 229 milliards $

Part des dons par rapport au PIB  :

  • 10 pays européens : 0,2 %
  • USA : 1,5 %

Source:

'Panorama de la philanthropie en Europe' – Etude comparative réalisée par la Fondation de France et le Cerphi (2015)

Pour plus d’infos :

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