L’Assemblée générale de l’AERF (Association pour une Ethique en Récolte de Fonds) a approuvé le choix d’une nouvelle dénomination, ainsi que d'un nouveau logo.
Les sigles AERF, ainsi que VEF en néerlandais, sont remplacés par un intitulé plus directement intelligible : Récolte de Fonds Ethique asbl- Ethische Fondsenwerving vzw.
Par ailleurs un nouveau label (visuel ci-dessous) sera affiché par les organisations qui souscrivent au Code de conduite de la plateforme.
Fondée en 1996, l’actuelle plateforme Récolte de Fonds Ethique s’est principalement focalisée durant les premières années sur des enjeux concernant la transparence financière de ses organisations membres, ainsi que la qualité des messages adressés aux donateurs.
Dès lors que certaines agences commerciales actives en collecte de rue (street fundraising) ont été dénoncées du fait de pratiques abusives, la plateforme a complété son Code de Conduite en y intégrant des directives destinées à mieux encadrer ce nouveau mode de collecte.
Plusieurs articles parus ces derniers mois dans la presse belge ont dénoncé le mode de gestion pour le moins hasardeux de quelques grandes ONG. A l’étranger également des cas de pratiques litigieuses sont régulièrement rapportés dans certains médias, ou font l’objet d’investigations menées par diverses autorités de tutelle : Centraal Bureau Fondsenwerving (Pays-Bas), Charity Commission et Fundraising Regulator (Royaume-Uni), etc.
Précisons que ces dérives concernent le plus souvent de grandes organisations. Leur fréquence est relativement faible si on prend en compte l’ensemble des quelque 2.500 organisations actives en levée de fonds que recense le SPF Finances.
C’est dans ce contexte quelque peu préoccupant que la plateforme Récolte de Fonds Ethique a jugé nécessaire de procéder à une refonte de son Code de conduite. Elle estime important de ‘se protéger contre ces faux pas, et contre ces articles de presse qui risquent de ternir l’image de l’ensemble du secteur de la collecte’.
Les nouvelles directives adoptées par l’Assemblée générale du 19 octobre dernier comprennent diverses obligations additionelles en matière de bonne gouvernance. Les quelque 120 organisations membres sont invitées à les implémenter dans le courant des deux prochaines années.
Ainsi les documents transmis aux membres de l’Assemblée générale devront-ils comprendre un bilan des avancées ou faiblesses en matière de bonne gouvernance. Le nouveau dispositif prévoit également un devoir d’information concernant la qualité des indicateurs utilisés pour la mesure de l’impact social des activités de l’organisation.
En d'autres mots, plutôt que de se focaliser trop exclusivement sur l’examen de divers ratios financiers, les 'parties prenantes' de chaque organisation caritative – administrateurs, membres de l’AG, donateurs et autres ‘stake holders’ – sont invitées à s’intéresser au moins autant à la qualité de la gouvernance et à l’impact des actions entreprises.
Les représentants des vingt-neuf organisations présentes lors de l’Assemblée générale du 17 octobre (compter par ailleurs dix-sept votes par procuration) ont évidemment reconnu l’intérêt d’une démarche collective destinée à renforcer le respect des principes de bonne gouvernance. Le nouveau Code de conduite a dès lors été adopté malgré quelques abstentions ou votes négatifs.
Ce vote fut toutefois précédé par un débat au cours duquel plusieurs participants exprimèrent leur opposition, ou à tout le moins leur réticence quant à la pertinence du caractère contraignant des nouvelles dispositions proposées.
Ainsi plusieurs participants estimaient peu judicieux de décider dès à présent qu’à terme – en 2026 - le non-respect de ces nouvelles obligations pourra enclencher le dépôt de plaintes et d’éventuelles sanctions. Ils jugeaient plus pertinent que le Code de conduite se réfère à un engagement moral, assorti le cas échéant de recommandations concrètes.
Du point de vue d'autres intervenants ces obligations supplémentaires pouvaient sembler inappropriées dans le cas d’organisations qui sont déjà soumises, notamment à l’initiative de pouvoirs subsidiants, à des contrôles relativement contraignants concernant leur mode de gouvernance et l'impact de leurs activités.
En réponse à ces préoccupations, la direction de la plateforme Récolte de Fonds Ethique a précisé que la mise en œuvre de ces nouveaux engagements se fera par étapes, et sera soutenue par des actions de sensibilisation et de formation.
Il est également prévu de faire appel à l’expertise de diverses structures - Fondation Roi Baudouin, Guberna, etc. - qui ont développé des supports qui visent à aider les organisations à profit social dans l'évaluation de leur bonne gouvernance.
Les nouvelles exigences du Code de Conduite de la plateforme Récolte de Fonds Ethique peuvent être comparées aux obligations imposées par diverses instances d’auto-régulation opérant dans des pays voisins : Don en Confiance (France), DZI (Allemagne), Centraal Bureau Fondsenwerving aux Pays-Bas.
L’Assemblée générale du 19 octobre dernier s’est d’ailleurs prolongée en après-midi par un intéressant séminaire au cours duquel deux représentants des plateformes française et allemande ont exposé le mode de fonctionnement de leurs organes de certification.
Précisons toutefois que, par exemple en France, la crédibilité des labels de qualité octroyés par les principales plateformes d’auto-régulation du secteur de la collecte (Don en confiance et IDEAS) se trouve renforcée par le fait que ces structures investissent d'importantes ressources dans le coaching des organisations membres et dans diverses procédures de contrôle.
Ainsi Don en Confiance dispose d'un budget de 870.000 € et de l'appui de 125 bénévoles, dont 88 contrôleurs ou responsables des 8 cercles régionaux de contrôleurs. Ces bénévoles prestent 2.700 journées de travail par an. Ce niveau de ressources permet à l'équipe de direction (huit permanentes) de réaliser un screening relativement sérieux des 96 organisations caritatives qui sont autorisées à afficher le label de qualité français.
Aux Pays-Bas le CBF (Centraal Bureau voor Fondsenwerving) disposait en 2022 d'un budget de 2.6 millions. Ce montant était financé à hauteur de 2 millions € par les 628 organisations actives en levée de fonds dont le CBF se porte garant des bonnes pratiques en termes de gouvernance et de transparence financière.
L’asbl Récolte de Fonds Ethique ne dispose par contre que d’un budget d’environ 100.000 €. La plateforme belge n'est soutenue que par un petit noyau de bénévoles. Ces modestes ressources limitent forcément la rigueur du screening des quelque 120 organisations membres.
Ce problème de sous-financement n'est pas nouveau: en proportion du total des contributions versées par leurs sympathisants, les organisations belges contribuent nettement moins qu'ailleurs (France, Pays-Bas, Royaume-Uni) au financement des coalitions nationales dédiées à la promotion de la générosité publique.
-> Lire à ce sujet: 'Peu d’efforts collectifs pour encourager la générosité des Belges' (lien)
Bonne gouvernance: références utiles
BELGIQUE
- Récolte de fonds Ethique (asbl) - 'Code de la récolte de fonds éthique' (lien)
- Fondation Roi Baudouin - UNIPSO - VERSO: "Outil concret pour mener une réflexion sur la gouvernance de votre organisation" (lien)
- Guberna - 'Social Governance Academy' (lien)
FRANCE
- Don en confiance - 'Charte de déontologie' (lien)
- IDEAS - 'Guide IDEAS des Bonnes Pratiques' (lien)
PAYS-BAS
- Goede Doelen Nederland - 'Codes en Richtlijnen' (lien)
ROYAUME-UNI
- Chartered Institute of Fundraising : 'Trustees and fundraising: a practical handbook' (lien)
-> Autres articles d'actualité
- Actu belge (lien)
- Actu internationale (lien)
- Actu LEGS (lien)
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Les hebdomadaires Knack et Le Vif, tous deux liés au groupe de presse Roularta, avaient consacré début 2022 un dossier particulièrement critique à l'égard des dérives constatées dans la gestion de l’asbl Poverello:
-> LIRE 'Interpellation collective de trois médias: où va l'argent des donateurs ?'
(lien)
Voici qu’un an plus tard, en date du 11 janvier 2023 et sous le titre '"Action Damien, une gestion qui pose question", ces mêmes magazines consacrent leur couverture ainsi qu’un dossier de cinq pages à la gestion passée de l’asbl Action Damien qui semble confrontée à une situation financière pour le moins préoccupante.
Jusqu'en 2014 l’ONG s’était consolidée sous l’égide d’un même directeur et d’une équipe particulièrement stable.
Puis, soucieux d’accélérer une professionnalisation de l’Action Damien que d’aucuns jugeaient indispensable, un nouveau directeur engagea d’importantes réformes.
L'enquête des deux hebdomadaires constate qu'elles se sont avérées plus coûteuses qu’efficaces.
Ces transformations ont provoqué divers licenciements et autres départs, compensés par la création de nombreuses nouvelles fonctions qui furent pour partie attribuées à des consultants engagés à temps partiel.
Il en résulta un gonflement de la masse salariale consacrée au financement du staff (personnel et consultants) travaillant au siège bruxellois de l'ONG.
Ces investissements n’ont guère produit, même plusieurs années plus tard, d’augmentation significative des subsides ou des recettes issues de la générosité publique.
Ce surcroît de dépenses n'aurait toutefois pas affecté le pourcentage de frais de fundraising, dont le ratio - soit 18% par rapport aux recettes brut de la collecte (comptes 2021) - est resté modéré.
Source: AERF, Association pour une Ethique en Récolte de Fonds.
Sous l’intitulé ‘Vampires’, l’éditorial du rédacteur en chef de Knack dénonce le recrutement par l'ONG d'une succession de consultants issus du secteur commercial, souvent peu au fait des spécificités propres au monde associatif.
Leur niveau de rémunération semble avoir été plus d'une fois excessif, occasionnant d'importantes dépenses au détriment du soutien financier aux projets de terrain.
L’édito est suivi d'un long dossier qui détaille les principales péripéties qui, selon les journalistes de Knack, auraient entrainé l’Action Damien dans une spirale de déficits.
L’article note au passage une diminution sensible du nombre de membres de l’Assemblée générale.
Or ceux-ci représentent dans l’organisation les nombreux Comités locaux de bénévoles, qui assurent chaque année à la mi-janvier le succès de la traditionnelle campagne de vente de feutres.
La mobilisation de ce réseau de vendeurs bénévoles assurait aux alentours de 2014 une recette de 2,75 millions d’euros, montant auquel s’ajoutaient à cette époque 5,33 millions d’euros de dons et legs privés.
Dès avant la publication du dossier les journalistes de Knack ont transmis 54 questions à la direction de l’Action Damien. Celle-ci a réagi dans un premier temps par un texte explicatif qui ne répondait qu'en partie aux nombreuses demandes d'éclaircissements transmises par les journalistes. Ce communiqué d'Action Damien est mentionné dans le dossier publié par les deux hebdomadaires, et peut être consulté en ligne sur le site de l’association (lien).
L'ONG a réagi à nouveau, par un communiqué de presse (lien), après publication du dossier dans les deux hebdomadaires. Cette nouvelle mise au point a suscité à son tour une réaction des journalistes co-auteurs du dossier, qui contestent dans un texte publié le 12 janvier sur le site de Knack (lien) les nouvelles justifications avancées par Action Damien.
La direction de l’Action Damien souligne dans son communiqué du 11 janvier que ‘toutes les organisations actives dans la collecte de fonds au profit de bonnes causes confirmeront que, par rapport aux années 2000, elles doivent chacune travailler plus dur pour attirer l’attention’.
Concernant ce point le dossier de Knack ne propose guère de comparaison concernant l'évolution des recettes issues de la générosité dans d'autres organisations de taille comparable à celle d'Action Damien.
Dons : progression des structures collectant au-delà d'un million d'euros
Les données financières aggrégées dans le cadre de l'édition du Baromètre de la Générosité publique indiquent que, malgré le contexte plus concurrentiel mentionné par Action Damien, les autres organisations qui collectent également plus d’un 1 million d’euros sur base annuelle (dons et legs) ont réussi à maintenir une augmentation significative des dons et ont davantage profité de la forte croissance des legs.
Il apparait par exemple, concernant quelque vingt-six grandes structures dont les comptes sont publiés notamment par l’AERF, qu’elles ont bénéficié en moyenne d’une croissance des dons à hauteur de 35% sur la période 2015-2021, soit bien davantage que l’Action Damien (+3%) durant cette même période.
D'autres organisations soutenues par un important réseau de bénévoles continuent de se renforcer
Outre l'Action Damien six autres grandes structures mobilisent chaque année leur réseau de bénévoles dans une vaste campagne de vente au profit de leurs réalisations de terrain : Iles de Paix et Rikolto (ex-Vredeseilanden), le CNCD-11.11.11 et son équivalent néerlandophone ainsi que les deux structures Croix-Rouge de Belgique et Rode Kruis Vlaanderen.
Les comptes publiés notamment par l'AERF établissent que, hors recettes liées aux situations d'urgence (Croix-Rouge, 'Urgence Inondations' en 2021), elles ont bénéficié entre 2014 et 2021 d'une croissance globale des dons de plus de 50%. Le total des dons collectés par Action Damien est resté pratiquement inchangé sur cette période.
Ce constat ne signifie pas pour autant que les ventes réalisées au travers de leurs réseaux de bénévoles aient également progressé.
On note également, sur la même période, une progression de 50% des legs en faveur de ces six structures soutenues par d'importants réseaux de bénévoles, pour seulement + 20% dans le cas d'Action Damien.
Action Damien a engagé un manager de crise qui est entré en fonction au mois de novembre. Il a notamment pour mission d’associer le Conseil d’administration et le personnel de l’ONG à une réflexion commune concernant l'ensemble des problèmes identifiés au sein de l’organisation.
Dans l’immédiat, et encore selon Knack, la direction de l’ONG aurait décidé de limiter en 2023 le déficit de l’organisation à 1,6 million d’euro. Cet assainissement financier nécessiterait une réduction de la masse salariale du siège (534.000 €) et une diminution du soutien aux projets de terrain (975.000 €).
Le journalisme d’investigation est un métier rare, difficile et sans nul doute largement sous-financé, qui mérite le soutien de tous.
Il n’empêche que d’aucuns jugeront particulièrement décevant que les deux principaux hebdomadaires du pays aient, en connaissance de cause, planifié la publication de ce violent réquisitoire début janvier, soit juste avant les semaines au cours desquelles nombre de bénévoles d'Action Damien se mobilisent sans compter pour encourager la générosité des Belges.
Sources
- Knack (11/01/2023) – ‘Zelfbediening bij Damiaanactie. De machtsgreep van de consultants.’ (Editoriaal + blz.22-28)
- Le Vif (11/01/2023) – ‘Consultants payés 20 000 euros, comptes dans le rouge… L’ONG Action Damien dans la tourmente’ (lien)
- Action Damien (11/01/2023) – ‘Action Damien réfute les allégations injustifiées de Knack’ (lien)
- Knack (Ruben Bugnera, Marieke Bugnera, 12/01/2023) – ‘Waar Damiaanactie over zwijgt. Een weerlegging van de kritiek.’ (lien)
- De Morgen (11/01/2023) – ‘Zware besparingen bij Damiaanactie: 46 medewerkers in projectlanden krijgen ontslag’
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Les hebdomadaires Knack et Le Vif, tous deux liés au groupe de presse Roularta, avaient consacré début 2022 un dossier particulièrement critique à l'égard des dérives constatées dans la gestion de l’asbl Poverello:
-> LIRE 'Interpellation collective de trois médias: où va l'argent des donateurs ?'
(lien)
Voici qu’un an plus tard, en date du 11 janvier 2023 et sous le titre '"Action Damien, une gestion qui pose question", ces mêmes magazines consacrent leur couverture ainsi qu’un dossier de cinq pages à la gestion passée de l’asbl Action Damien qui semble confrontée à une situation financière pour le moins préoccupante.
Jusqu'en 2014 l’ONG s’était consolidée sous l’égide d’un même directeur et d’une équipe particulièrement stable.
Puis, soucieux d’accélérer une professionnalisation de l’Action Damien que d’aucuns jugeaient indispensable, un nouveau directeur engagea d’importantes réformes.
L'enquête des deux hebdomadaires constate qu'elles se sont avérées plus coûteuses qu’efficaces.
Ces transformations ont provoqué divers licenciements et autres départs, compensés par la création de nombreuses nouvelles fonctions qui furent pour partie attribuées à des consultants engagés à temps partiel.
Il en résulta un gonflement de la masse salariale consacrée au financement du staff (personnel et consultants) travaillant au siège bruxellois de l'ONG.
Ces investissements n’ont guère produit, même plusieurs années plus tard, d’augmentation significative des subsides ou des recettes issues de la générosité publique.
Ce surcroît de dépenses n'aurait toutefois pas affecté le pourcentage de frais de fundraising, dont le ratio - soit 18% par rapport aux recettes brut de la collecte (comptes 2021) - est resté modéré.
Source: AERF, Association pour une Ethique en Récolte de Fonds.
Sous l’intitulé ‘Vampires’, l’éditorial du rédacteur en chef de Knack dénonce le recrutement par l'ONG d'une succession de consultants issus du secteur commercial, souvent peu au fait des spécificités propres au monde associatif.
Leur niveau de rémunération semble avoir été plus d'une fois excessif, occasionnant d'importantes dépenses au détriment du soutien financier aux projets de terrain.
L’édito est suivi d'un long dossier qui détaille les principales péripéties qui, selon les journalistes de Knack, auraient entrainé l’Action Damien dans une spirale de déficits.
L’article note au passage une diminution sensible du nombre de membres de l’Assemblée générale.
Or ceux-ci représentent dans l’organisation les nombreux Comités locaux de bénévoles, qui assurent chaque année à la mi-janvier le succès de la traditionnelle campagne de vente de feutres.
La mobilisation de ce réseau de vendeurs bénévoles assurait aux alentours de 2014 une recette de 2,75 millions d’euros, montant auquel s’ajoutaient à cette époque 5,33 millions d’euros de dons et legs privés.
Dès avant la publication du dossier les journalistes de Knack ont transmis 54 questions à la direction de l’Action Damien. Celle-ci a réagi dans un premier temps par un texte explicatif qui ne répondait qu'en partie aux nombreuses demandes d'éclaircissements transmises par les journalistes. Ce communiqué d'Action Damien est mentionné dans le dossier publié par les deux hebdomadaires, et peut être consulté en ligne sur le site de l’association (lien).
L'ONG a réagi à nouveau, par un communiqué de presse (lien), après publication du dossier dans les deux hebdomadaires. Cette nouvelle mise au point a suscité à son tour une réaction des journalistes co-auteurs du dossier, qui contestent dans un texte publié le 12 janvier sur le site de Knack (lien) les nouvelles justifications avancées par Action Damien.
La direction de l’Action Damien souligne dans son communiqué du 11 janvier que ‘toutes les organisations actives dans la collecte de fonds au profit de bonnes causes confirmeront que, par rapport aux années 2000, elles doivent chacune travailler plus dur pour attirer l’attention’.
Concernant ce point le dossier de Knack ne propose guère de comparaison concernant l'évolution des recettes issues de la générosité dans d'autres organisations de taille comparable à celle d'Action Damien.
Dons : progression des structures collectant au-delà d'un million d'euros
Les données financières aggrégées dans le cadre de l'édition du Baromètre de la Générosité publique indiquent que, malgré le contexte plus concurrentiel mentionné par Action Damien, les autres organisations qui collectent également plus d’un 1 million d’euros sur base annuelle (dons et legs) ont réussi à maintenir une augmentation significative des dons et ont davantage profité de la forte croissance des legs.
Il apparait par exemple, concernant quelque vingt-six grandes structures dont les comptes sont publiés notamment par l’AERF, qu’elles ont bénéficié en moyenne d’une croissance des dons à hauteur de 35% sur la période 2015-2021, soit bien davantage que l’Action Damien (+3%) durant cette même période.
D'autres organisations soutenues par un important réseau de bénévoles continuent de se renforcer
Outre l'Action Damien six autres grandes structures mobilisent chaque année leur réseau de bénévoles dans une vaste campagne de vente au profit de leurs réalisations de terrain : Iles de Paix et Rikolto (ex-Vredeseilanden), le CNCD-11.11.11 et son équivalent néerlandophone ainsi que les deux structures Croix-Rouge de Belgique et Rode Kruis Vlaanderen.
Les comptes publiés notamment par l'AERF établissent que, hors recettes liées aux situations d'urgence (Croix-Rouge, 'Urgence Inondations' en 2021), elles ont bénéficié entre 2014 et 2021 d'une croissance globale des dons de plus de 50%. Le total des dons collectés par Action Damien est resté pratiquement inchangé sur cette période.
Ce constat ne signifie pas pour autant que les ventes réalisées au travers de leurs réseaux de bénévoles aient également progressé.
On note également, sur la même période, une progression de 50% des legs en faveur de ces six structures soutenues par d'importants réseaux de bénévoles, pour seulement + 20% dans le cas d'Action Damien.
Action Damien a engagé un manager de crise qui est entré en fonction au mois de novembre. Il a notamment pour mission d’associer le Conseil d’administration et le personnel de l’ONG à une réflexion commune concernant l'ensemble des problèmes identifiés au sein de l’organisation.
Dans l’immédiat, et encore selon Knack, la direction de l’ONG aurait décidé de limiter en 2023 le déficit de l’organisation à 1,6 million d’euro. Cet assainissement financier nécessiterait une réduction de la masse salariale du siège (534.000 €) et une diminution du soutien aux projets de terrain (975.000 €).
Le journalisme d’investigation est un métier rare, difficile et sans nul doute largement sous-financé, qui mérite le soutien de tous.
Il n’empêche que d’aucuns jugeront particulièrement décevant que les deux principaux hebdomadaires du pays aient, en connaissance de cause, planifié la publication de ce violent réquisitoire début janvier, soit juste avant les semaines au cours desquelles nombre de bénévoles d'Action Damien se mobilisent sans compter pour encourager la générosité des Belges.
Sources
- Knack (11/01/2023) – ‘Zelfbediening bij Damiaanactie. De machtsgreep van de consultants.’ (Editoriaal + blz.22-28)
- Le Vif (11/01/2023) – ‘Consultants payés 20 000 euros, comptes dans le rouge… L’ONG Action Damien dans la tourmente’ (lien)
- Action Damien (11/01/2023) – ‘Action Damien réfute les allégations injustifiées de Knack’ (lien)
- Knack (Ruben Bugnera, Marieke Bugnera, 12/01/2023) – ‘Waar Damiaanactie over zwijgt. Een weerlegging van de kritiek.’ (lien)
- De Morgen (11/01/2023) – ‘Zware besparingen bij Damiaanactie: 46 medewerkers in projectlanden krijgen ontslag’
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25/11/2022 – Un grand nombre de quotidiens néerlandophones se sont fait l'écho, dans le courant du mois d'octobre, de plaintes de donateurs qui avaient reçu un courrier d’appel aux dons émanant de la Fondation des Brûlés, dont l’enveloppe portait la mention ‘'Opgelet! Onbetaalde factuur!'.
Interrogé dans le cadre de l’émission ‘De Inspecteur’ de la VRT et s’exprimant en qualité de porte-parole de l’association, Willy Peersman rappelle l’importance des dons pour les projets mis en œuvre par la Fondation des Brûlés.
Et de préciser dans cet interview : ‘Il est évidemment important que nos donateurs ouvrent le courrier que nous leur adressons, sans quoi nous ne recevons pas de dons. On s’est donc dit qu’il convenait peut-être d’y aller un peu plus fort (‘iets forser te werk gaan’), que si une mention ‘Facture’ apparaissait sur l’enveloppe cela faciliterait la suite.
Nous aurions dû réfléchir davantage à cette idée, nous avons totalement sous-estimé l’effet que ce message aurait auprès de nombreuses personnes. Nous avons envoyé une lettre d’excuse à toutes ces personnes.’
Une erreur, mais pas une faute au plan éthique ?
Les opérations de direct mail de la Fondation des Brûlés sont réalisés en concertation avec l'agence Direct Social Communication.
Monsieur Peersman précise que le message contenu dans l'enveloppe de ce mailing-test transmis à 7.500 donateurs faisait référence aux dépenses importantes auxquelles sont souvent confrontées les victimes de brûlures que l’association soutient.
Dès lors, du point de vue de l'association, ce mailing serait incontestablement une erreur de communication sans constituer pour autant une infraction par rapport au Code Ethique de l’AERF (Association pour une Ethique en Collecte de Fonds) auquel cette organisation a souscrit.
L’AERF ne partage pas cet avis. Son Code Ethique (lien) impose à ses membres de ne pas introduire dans leurs demandes de soutien financier des informations contenant des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur.
Sources
- VRT - Radio2 (20 oct) - De Inspecteur - 'Stichting Brandwonden excuseert zich.' (link)
- De Standaard (25 oct) - 'Stichting Brandwonden oogst kritiek met werving', ainsi que Het Belang van Limburg, Gazet van Antwerpen, Het Nieuwsblad.
-> Autres articles consacrés aux pratiques commerciales de l'agence Direct Social Communications (lien)
-> Autres articles consacrés à la thématique 'Ethique et transparence' (lien)
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Une plateforme, deux missions
10/05/2022 – Fondée il y a vingt-cinq ans dans le but de favoriser l’auto-régulation du secteur de la collecte de fonds, l'AERF (Association pour une Ethique en Collecte de Fonds) regroupe quelque 125 organisations actives en levée de fonds.
La plateforme poursuit un double objectif de transparence financière de ses membres ainsi que de défense des intérêts communs des organisations actives en levée de fonds.
Transparence financière
Dans un premier temps l’AERF s’est principalement mobilisée sur des initiatives destinées à renforcer la transparence financière des organisations membres.
Son approche est de ce point de vue assez comparable à celle de la plateforme française Don en Confiance. Celle-ci dispose toutefois de ressources bien plus importantes: budget d'environ 800 000 euros essentiellement financé par les organisations labellisées, près de 110 bénévoles et une équipe de 7 permanents.
Défense des intérêts collectifs des organisations actives en levée de fonds
L’AERF mobilise également ses membres sur des actions de plaidoyer concernant des préoccupations communes qui ne relèvent pas spécifiquement de l’éthique en récolte de fonds.
Ce second objectif correspond aux missions assurées dans divers pays voisins par France Générosités, Goede Doelen Nederland et la Chartered Institute for Fundraising (U.K.).
Ainsi l’AERF a récemment pris l’initiative de réunir diverses plateformes nationales du secteur non-marchand au sein de la Coalition Impact, dans le cadre de revendications communes adressées aux ministres des Finances, de la Justice et de l'Intérieur.
-> Lire : ‘Coalition IMPACT: davantage d'efficacité, davantage de transparence’ (lien)
Les quelque 125 associations membres de l’AERF ont collecté un peu plus de 300 millions d’euros sur l’année 2020.
Leurs recettes issues de la générosité publique proviennent aux deux tiers de dons (225 millions €) et pour un tiers de legs (83 millions €).
Les grands acteurs de la collecte, c’est-à-dire les structures qui collectent plus d’un million d’euros par an, ne représentent qu’un tiers des organisations membres de la plateforme, mais collectent 94% du total des dons et legs.
A l’inverse l’AERF compte quelque 80 organisations de taille plus modeste, dont les contributions émanant des dons et legs ne représentent que 6% du montant global.
On notera que, bien que très majoritaires dans le contexte des quelque deux mille organisations belges actives en collecte de fonds, les organisations de taille modeste sont nettement sus-représentées dans le C.A. de l'AERF.
Impact de la pandémie sur les dons (année 2020)
Concernant les organisations membres de l’AERF, il ressort des résultats financiers relatifs à l’année 2020 que les plus grandes structures (collecte supérieure à 1 million d’euros) ont clôturé la première année Covid en légère hausse, à l’inverse de la plupart des organisations de dimension plus modeste.
Cette tendance reflète une évolution déjà identifiée au départ d’autres sources statistiques, tant en Belgique que dans plusieurs pays voisins.
Pointons, parmi les principales informations ou décisions prises dans le cadre de la récente Assemblée générale de l’AERF:
- acceptation en qualité de nouveau membre de l’asbl de droit public New Samusocial. Cette association avait été mise en cause du fait de la rémunération excessive de certains administrateurs (lien), mais s'est dotée depuis lors de règles de gouvernance strictes et transparantes.
- avertissement lancé à l’adresse de huit organisations dont le dossier relatif aux comptes annuels 2020 a été jugé ‘insatisfaisant’
- exclusion de deux organisations dont la publication des comptes ne répondait pas aux exigences de l'AERF, ce durant deux années consécutives.
Précisons que la plateforme propose toujours aux organisations dont les comptes paraissent provisoirement défaillants de les accompagner dans la résolution de ces difficultés.
Les administrateurs observent par ailleurs que les comptes d'un petit nombre d'organisations membres laissent apparaître un dépassement du pourcentage de dépenses autorisées en matière soit de frais de gestion soit de frais de collecte de fonds.
Budget 2022
L’augmentation du budget 2022 (110.000 €) découle de l’apport d’une ressource complémentaire (35.000 €) liée à l’ouverture d’un poste à temps partiel dédié à la coordination inter-associations des activités en matière de street fundraising.
Ce nouveau poste sera exclusivement financé par les organisations actives en collecte de rue.
Refonte du label AERF
Un budget complémentaire a été inscrit en prévision d’une refonte du label AERF que les associations membres sont tenues de faire figurer dans leur communication aux donateurs.
Le nouveau label pourrait s'inspirer des modèles mis en place par les plateformes française 'Don en confiance' ou néerlandaise (CBF)
-> Lire: 'Pays-Bas: le CBF (Centraal Bureau Fondsenwerving) révise sa communication' (lien)
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