16 avril 2015 - L’Assemblée générale de l’A.E.R.F. s’est tenue le 27 mars 2015 dans les locaux de la Fondation St. Luc.
Les participants ont accordé une attention toute particulière à la refonte partielle du Règlement d’Ordre Intérieur.
Les modifications approuvées par l’Assemblée visent à renforcer l’indépendance ainsi que la transparence dans le fonctionnement de divers organes.
C’est ainsi que le Conseil d’Administration aura davantage pour mission de définir les orientations stratégiques de l'organisation, tandis qu’un Bureau Exécutif sera désormais chargé de la gestion des affaires courantes.
D’autres modifications concernent le traitement des nouveaux dossiers, tel que l’admission des nouveaux membres et la gestion des plaintes déposées contre certains membres.
Ces plaintes ne seront désormais traitées par le Comité de Surveillance - composé de trois membres extérieurs à l’organisation - qu’après avoir été examinées par le Greffe de ce Comité, lequel sera chargé de réunir les pièces du dossier et de formuler un avis.
Une organisation qui fait appel d’une décision prise par le Comité de Surveillance et le Conseil d’Administration verra son dossier traité par une Chambre d’Appel.
Appel aux candidatures
L’AERF invite ses membres à susciter des candidatures bénévoles en vue d’assurer le fonctionnement de ces différents organes.
Ces candidats, qui ne doivent pas nécessairement être liés aux associations membres de l’AERF, sont invités à se manifester par email à l’adresse
Le Conseil d’Administration prépare par ailleurs un nouveau plan stratégique, qui portera sur les années 2016-2020.
Le site de l’AERF publiera prochainement une mise à jour du suivi des initiatives entreprises dans la foulée de la journée d’études Momentum2Give organisée en Mai 2014.
L’AERF a clôturé l’année 2014 sur un résultat final de 18.715 € en recettes et de 35.628 € en dépenses.
L’Assemblée générale a approuvé une augmentation des cotisations de ses membres en vue de renforcer la professionnalisation de ses services.
L’International Committee on Fundraising Organizations (ICFO) regroupe dix-neuf organisations réparties sur dix-huit pays, qui poursuivent des objectifs relativement comparables à ceux de l’A.E.R.F.
La Belgique est représentée au sein de l’ICFO par Donorinfo, en qualité de ‘supporting member’.
D’autres plateformes nationales, répertoriées par l’ICFO en qualité d’ordinary member, consacrent des ressources opérationnelles très significatives à l'octroi d'un label éthique et au contrôle du respect du code de conduite en matière de collecte de fonds.
Les moyens d’action de l’AERF mentionnés ci-dessus apparaissent à l’évidence bien modestes, notamment en comparaison avec les recettes des organisations en place aux Pays-Bas et en France :
Près des deux-tiers des organisations qui collectent minimum un million d’euros par an auprès de la population belge sont membres de l’AERF.
Ces 118 membres de l’AERF représentent environ 6% des quelque 2.000 associations qui disposent de l’agrément délivré par le SPF Finances, leur permettant de délivrer une attestation fiscale. Il semble toutefois que près de la moitié de ces 2.000 associations serait relativement peu active en levée de fonds.
Les organisations membres de l'AERF ont collecté un peu plus de 225 millions d’euros en 2013 (dons et legs collectés auprès de la population belge).
-> Liste des 118 associations membres.
Pour plus d’infos :
Associations membres de l'ICFO dans l’Union Européenne:
Autres articles d'actualité sous Archives 2013-2015 - Ethique & Transparence
11.11.11. Koepel van de Vlaamse Noord-Zuid Beweging – Action Damien – ACDA/Action et Coopération pour le Développement dans les Andes – Action Vivre Ensemble - Adoptie Sri Lanka - AIC Solidarité – Aide au Développement Gembloux (ADG) – Alzheimer Belgique – Alzheimer Liga Vlaanderen - Amade – Amicale Liégeoise des Handicapés – Amnesty International Belgique francophone - Amnesty Internationaal Vlaanderen – ASMAE – Association belge des paralysés (ABP) – Association MUCO / Muco Vereniging - - ATD Quart Monde Belgique – Autre Terre – Avocats sans Frontières – Belgische Raiffeisenstichting (BRS) - Bond zonder Naam (Cultuur) – Broederlijk Delen – Caritas International – Chaine de l’Espoir – Child Focus – CNCD-11.11.11 – Comité de soutien de Clairval – Compagnons Dépanneurs – Continuing Care- Convivium (Convivial)– Cunina – De Lovie – Debra – Défi Belgique Afrique (DBA) - Den Achtkanter – Domus – Ecoles de Brousse au Sénégal (EBS) – Enfance Tiers Monde – Enfants de la Paix – Enfants du monde – Entraide et Fraternité- Equipes d’Entraide - EU Can Aid (Association Europe Tiers Monde) – Fairfin - Fédération Froidure - Fian Belgium – Fondation Care (Chirec) – Fondation contre le Cancer – Fondation des Brûlés – Fondation Saint Jean – Fondation Saint Luc – Fonds pour la Chirurgie cardiaque- FOS / Solidarité Socialiste – Greenpeace Belgium – Grip- Handicap International - Herita (Erfgoed Vlaanderen) – Het Blauwe Kruis Brugge – Hôpital sans Frontières – Infirmiers de Rue - Kock / De Hoge Kouter – La Lumière – La Vague – Les Amis d’Accompagner – Les Amis de la Petite Maison – Les Oeuvres du Soir – Les Petits Riens – Ligue Alzheimer – Ligue belge de la Sclérose en Plaques (Communauté française) – Ligue Cardiologique Belge – La Ligue des Droits de l’Homme – Ligue Nationale Belge de la Sclérose en Plaques - L'Ilot Maisons d’Accueil – Lucia – Lumière pour le Monde – Make a Wish Vlaanderen – Mauricette – Médecine pour le Tiers Monde – Médecins du Monde – Médecins sans Frontières – Médecins sans Vacances – Mekong Plus – Memisa – MS Liga Vlaanderen - Natagora – Notre Abri pour les Tout Petits – Nutrition Tiers Monde – Oranje – Ordre de Malte – OSCARE – OSEJTM – Oxfam Solidarité – Philantros - Plan Belgique – Pro Rénovassistance – Proma – Quinoa – Rode Kruis Vlaanderen I.O.N. – Rotary Clubs Belges pour la Coopération au Développement (ARCBCD) – Sensoa – Service Arc-en-Ciel - Solidagro (Bevrijde Wereld) – Solidarité Belgique Sénégal – Solidarité Mondiale - Solidarité Protestante – Solidarité Socialiste (SOLSOC) - SOS Villages d’Enfants – Stichting Solidariteit- Ter Loke – Trempoline – Trias - UNICEF Belgique – United Fund of Belgium – Vétérinaires sans Frontières – Via Don Bosco – Vlaamse Vereniging Autisme (VVA) – Vluchtelingenwerk Vlaanderen – Vredeseilanden – Welzijnszorg – WWF Belgium- Zorgcentrum Maria Ter Engelen. (liste mise à jour au 15/04/2015)
Liste non-exhaustive des principaux acteurs de la collecte (plus d’1 million de recettes issues des dons et legs) qui ne sont pas membres de l’AERF :
ACTEC - Aide à l’Eglise en Détresse – Banques Alimentaires - Cap 48 / Viva for Life (RTBf) - Croix-Rouge de Belgique (Communauté francophone) – DISOP - Fondation Louvain – Fondation Roi Baudouin – Fracarita Belgium - Iles de Paix - Leuven Universiteitsfonds (KU Leuven) – Ligue Braille – Louvain Coopération - Kom op tegen Kanker – Mercy Ships - Missio – Music for Life (Studio Brussel) – Protos – SOS Faim – Tearfund Belgium - Télévie (FNRS) – Veeweyde (Société Royale Protectrice des Animaux).
Autre article concernant l'A.E.R.F.: 'Assemblée générale de l'AERF (27 mars 2015)'
Site de l'AERF-VEF
Articles d'actualité classés sous Archives 2013-2015 - Ethique & Transparence
19 janvier 2015 - Comment veiller à ce que le message adressé au donateur l’incite à effectuer un don, sans pour autant utiliser de manière récurrente l’arsenal des récits et des visuels culpabilisants ?
Nombre d’ouvrages ou d’articles polémiques débattent de la tension entre éthique et efficacité des mailings de collecte.
Marlène Bragard, étudiante à l'Université de Gand, choisit de consacrer son mémoire de fin d'études à l'éthique de la communication en récolte de fonds.
Sa recherche l'amène à analyser divers courriers d'appels aux dons de Médecins du Monde, ainsi qu'un mailing de 2007, rédigé par DSC (Direct Social Communication) pour le compte d’Aviation sans Frontières.
L'auteure commente comme suit l'appel de fonds de cette association (p.58):
Le titre en dit déjà là long sur le type de courrier :
« URGENCE !!! Sauverez-vous la vie d’Aimé ? »
Par cette phrase, le lecteur est directement impliqué et intégré à l’histoire. On lui demande déjà de ‘sauver’ une personne.
(…) La toute première ligne de la lettre est une sorte de chantage :
« Une évacuation inespérée se produira si vous réagissez positivement à mon appel à l’aide ».
Le rédacteur cherche à ce que le lecteur se sente mal, voire coupable s’il n’agit pas sur-le-champ.
Ensuite, nous pouvons lire:
« Pendant que vous lisez ces mots, Aimé, un enfant congolais de 3 ans, attend avec inquiétude que le Cessna d’Aviation sans Frontières vienne le chercher. Actuellement, il est seul (…) ».
Je m’interroge. Qu’en est-il de la réalité ? Tout lecteur sensé se rendra bien vite compte que ces mots ne correspondent pas à la réalité. Cet enfant est-il vraiment seul et attend-il réellement qu’un donateur verse 39€ pour que le pilote puisse faire le plein de carburant ?
On constate que ce n’est qu’à la fin du message, dans le post-scriptum, que le lecteur attentif peut se rendre compte du caractère fictif du personnage de la lettre :
«Ils sont encore nombreux les enfants cachés dans la brousse, représentés symboliquement par le petit Aimé dans ma lettre (…). »
Pas besoin dès lors d’une analyse très approfondie pour constater que ce texte fort simple, très long, répétitif, pas très professionnel, joue uniquement sur les sentiments de culpabilité du lecteur.
Marlène Bragard conclut que « les donateurs sont las non seulement de la fréquence des sollicitations, mais également des méthodes de sensibilisation auxquels ils sont sujets : des images ou textes ‘chocs’, des appels à l’aide ‘misérabilistes’ utilisés sans aucune parcimonie par bon nombre d’associations. » (p.39)
Elle souscrit volontiers (p.52) au point de vue exposé par Alex Gosseries, auteur du livre « Sur l’éthique dans la récolte de fonds », qui incrimine surtout l’usage abusif d’images misérabilistes :
« Ainsi, choquer dans un nombre limité de cas peut être éthiquement acceptable voire requis.
Par contre, la banalisation des messages choquants rendrait ceux-ci inefficaces, voire contre-productifs ».
Sources:
-> Autres articles consacrés aux pratiques commerciales de l'agence Direct Social Communications (lien)
-> Autres articles consacrés à la thématique 'Ethique et transparence' (lien)
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Que signifie « Récolter des fonds de manière éthique » ?
19 janvier 2015 - Une récente rencontre organisée à l’initiative de la Fundraisers Alliance Belgium (5 novembre, Leuven) s’était fixé pour objectif de poser cette difficile question à différents acteurs de la collecte.
Certaines interventions confirmèrent la réalité des divergences d'appréciation entre les principes éthiques dont se réclame notamment l’AERF, et certains arguments émanant de fundraisers commerciaux.
La société DSC (Direct Social Communications), gère la communication aux donateurs pour le compte d’une vingtaine d’organisations à vocation humanitaire ou sociale.
Nous résumons et commentons ci-dessous quelques-uns des arguments développés le 5 novembre dernier par Ludo Longin, directeur de Direct Social Communications.
1 Rendement supérieur des mailings accompagnés de ‘premiums’
Ludo Longin préconise le recours aux mailings accompagnés de ‘premiums’, c’est-à-dire de gadgets divers joints au message adressé aux donateurs. Il rappelle que nombre de tests confirment que l’ajout d’un premium garantit un taux de réponse significativement plus élevé, comparé à l’envoi d’un courrier normal.
On observera cependant que l’argument des prestataires commerciaux se focalise sur un ratio financier immédiat, mais ne prend guère en compte deux conséquences négatives que cette pratique peut encourager à moyen terme:
2 Les images choquantes, un mal nécessaire ?
A ceux qui critiquent l'usage fréquent de messages et de visuels qui mettent en scène des situations individuelles dramatiques, le directeur de DSC oppose deux arguments.
Il lui semble d'une part vain de vouloir résister à une tendance sociétale inéluctable : la fréquence accrue de messages associatifs conçus sur base d’images choquantes ne ferait que s’inscrire dans une évolution générale, déjà encouragée et banalisée par de nombreux éditeurs de médias ‘grand public’.
Il y aurait d'autre part un devoir de vérité à l’égard des donateurs: prenant notamment pour exemple les mailings que DSC produira prochainement pour le compte de l’asbl Noma, association qui sert la cause de patients gravement défigurés, Ludo Longin plaide en faveur d’une communication qui choque parfois le donateur, parce que le message de l'association n’est pas censé masquer la réalité des situations individuelles dramatiques.
Ces arguments ont-ils convaincu l’auditoire ? On sait que l’envoi fréquent de mailings conçus sur base de récits et de visuels à tonalité misérabiliste constitue un point de désaccord important entre une minorité d’associations qui recourent à ces pratiques, et beaucoup d’acteurs de la collecte – dont nombre de membres de l’AERF (Association pour l'Ethique dans les Récoltes de Fonds) - qui réprouvent le recours répété à ce type de messages.
L'exposé présenté au cours du même workshop par Erik Todts (AERF) rappelait fort opportunément, concernant cette question, les arguments avancés par Axel Gosseries, chercheur FNRS et auteur d'un ouvrage consacré à l'éthique dans la récolte de fonds (slide ci-contre).
Lire également, concernant le même sujet,
l'article Ethique et efficacité des mailings: un exemple
3 Quel pourcentage maximum de frais de collecte en prospection ?
La règlementation de l’Administration des Finances comprend diverses dispositions relatives aux frais de gestion (maximum 20%) et aux frais de communication (maximum 30%), ces pourcentages étant calculés sur base d’une moyenne pluri-annuelle.
Ces dispositions sont assez comparables aux cadres règlementaires en vigueur dans d’autres pays européens.
Ludo Longin observe que cette règlementation ne freine pas l'expansion des grands acteurs de la collecte : la disponibilité d’importantes recettes émanant de dons ou de legs leur permettent d'affecter un budget annuel significatif aux opérations de prospection.
Il souligne à raison que ces règles limitent considérablement le montant de l’investissement annuel en prospection des plus petites associations, du moins si elles souhaitent ne pas perdre le bénéfice de l’agrément fiscal accordé aux donateuirs par le SPF Finances.
4 Plaidoyer pour plus de transparence
Le directeur de DSC insiste volontiers sur quelques principes essentiels - écoute et respect du donateur, confiance, ‘donor care’ - que son entreprise se fait fort de respecter.
Il invite par ailleurs les associations à faire tout autant preuve de transparence à l’égard de leurs donateurs.
Mais on constate précisément, concernant le degré de transparence des associations dont la communication aux donateurs est principalement gérée par DSC, que le détail de leurs dépenses et recettes issues de la collecte n’est que rarement publié sur leur site internet ou sur les sites de Donorinfo ou de l'AERF.
5 « Laissons la liberté aux donateurs ? »
Le directeur de DSC semble rejoindre le point de vue défendu par d’autres fundraisers professionnels du secteur commercial, notamment néerlandais, qui doutent de l’utilité ou de l'efficacité de certaines règles édictées par divers codes de conduite: imposition d'un plafond maximum en termes de pourcentage de frais de collecte (code CBF aux Pays-Bas), interdiction de l'envoi récurrent de messages à tonalité misérabiliste (code AERF), etc.
Plutôt rétif vis-à-vis de diverses tentatives de régulation du marché de la collecte, Ludo Longin réplique à ses détracteurs que mieux vaut "laisser aux donateurs la liberté de juger".
6 Priorité au résultat financier net, au détriment du pourcentage de frais de collecte ?
Ludo Longin suggère volontiers de ne pas accorder trop d'importance au pourcentage des frais de collecte, dès lors que l'association a intérêt à dégager un maximum de recettes, de manière à venir en aide à un grand nombre de bénéficiaires.
Cet argument ne tient cependant guère compte de l'opinion des donateurs concernant la part importante de leurs dons qui, dans pareil cas, pourrait être absorbée - sans qu'ils en soient informés - par des frais de marketing.
Il se pourrait que ce soit en partie sur base de pareil raisonnement que DSC a réussi à décupler les résultats en prospection de l’association Mercy Ships Belgium.
Créée en décembre 2009 et animée par une poignée de bénévoles déterminés, l'association a confié ses opérations de prospection et de fidélisation des donateurs à DSC.
L'organisation totalise quatre ans plus tard quelque 25.000 donateurs ainsi que 1,6 millions d’euros de dons (pas de legs) sur base annuelle (comptes 2013).
Autres questions sans réponse
L'intéressant mais trop bref exposé de Ludo Longin n’aura pas permis d'ouvrir un débat concernant le risque d'effets pervers générés par d'autres pratiques encouragées par certains prestataires commerciaux :
Autre article sur le même thème: Direct Social Communications : agence leader en fundraising par direct mail
Lien vers les articles d'actualité sous Archives 2013-2015 - Ethique & Transparence
Sources utiles:
-> Autres articles consacrés aux pratiques commerciales de l'agence Direct Social Communications (lien)
-> Autres articles consacrés à la thématique 'Ethique et transparence' (lien)
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19 janvier 2015 - Créée en 1985 à l’initiative de Pierre Wouters, spécialiste en direct mail, la société Direct Social Communication (DSC) a rapidement occupé une position incontestée de leadership sur le marché belge en qualité d’agence de direct mail spécialisée en collecte de fonds.
Mais certaines des méthodes donnèrent presqu'aussi rapidement lieu à contestation, comme le rapporte un article du Soir du 2 mars 1990 :
« La plus grosse critique adressée à DSC par certains de ses ex-clients est d'avoir ‘accaparé’ le fichier de l'association. Ce fut le cas pour la campagne de la Ligue de la sclérose en plaque où le contrat prévoyait que DSC restait propriétaire du fichier de l'association. Une clause qui a permis à la société de faire démarrer ses activités. Aujourd'hui, DSC garde une copie du fichier utilisé. L'effet est le même, constate l'une de ces associations. Nous savons que nos ‘nouveaux’ donateurs serviront aussi à d'autres campagnes pour d'autres associations. »
L'attrait que représentait l'offre de services de DSC tenait sans doute pour partie au fait que l’agence se proposait dès cette époque de préfinancer les campagnes de prospection. Pierre Wouters expliquait volontiers que, prenant un risque financier en organisant une campagne, il était normal qu'il puisse conserver le fichier de donateurs nouvellement recrutés.
On sait depuis lors que cette pratique a pu avoir pour effet pervers d’intensifier l’envoi de mailings de prospection à certaines catégories de donateurs figurant dans ce fichier commercial.
Lien vers : ‘Assaillis d'appels aux dons’
Le Soir rapportait par ailleurs dès cette époque que DSC se rémunérait souvent sur base d'un pourcentage sur le bénéfice des opérations de collecte, alors que la plupart des codes éthiques en collecte de fonds (AERF, Comité de la Charte, etc) tendent à interdire ou du moins fortement déconseiller pareil mode de rémunération.
DSC s’employa également très tôt à renforcer le taux de réponse sur les appels aux dons, en ajoutant assez souvent un article ‘Premium’ dans l’enveloppe: livret de recettes de cuisine, crayon, cartes et bien d’autres gadgets.
L’entreprise fut rachetée quelques années plus tard par Karel Claes, précédemment collaborateur de la cellule ‘Collecte de fonds’ de Handicap International.
Un nombre croissant d’associations clientes de l’agence se rallièrent à une méthode de communication aux donateurs basée sur l'augmentation significative de la fréquence d'envoi des courriers d’appel à la générosité, et sur le recours à des textes et visuels décrivant des situations individuelles relativement dramatiques, susceptibles de renforcer la culpabilisation de donateurs qui hésiteraient à verser une contribution.
Le nouveau gérant de DSC justifia à plusieurs reprises le bien-fondé de cette option, que d'aucuns estimaient ou jugent aujourd'hui encore contraire à l'éthique. Auteur du livre " ‘t Is voor het goede doel" (Lannoo, 2008, 328p.), Karel Claes y dénonce au contraire le risque d’excès en matière de préoccupation éthique, une attitude qui coûterait de l’argent à l’association en termes de moindre rendement des appels de fonds (p.43).
Le livre de présente plusieurs exemples de messages rédigés pour le compte d’associations clientes de DSC, où textes et visuels mettent en scène des récits poignants, probablement souvent rédigés au départ de plusieurs fragments extraits d'histoires vraies.
Karel Claes confirma son point de vue dans une interview accodée à Trends (novembre 2013).
Lire: Collecte de fonds: le dilemme éthique
L’équipe de Direct Social Communication s’est étoffée durant les années qui suivirent la reprise de la société par Ludo Longin, gérant actuel de DSC.
La société gère, sur base annuelle et pour le compte d'une vingtaine d'associations clientes, quelque 400 mailings par an - soit 8 millions de lettres - et 1,5 million d'encarts insérées dans la presse quotidienne ou hebdomadaire.
Les comptes 2013 de l'entreprise ont dégagé une marge brut de 1,7 millions d'euros.
La philosophie générale de l’entreprise concernant le difficile équilibre à préserver entre éthique et efficacité de la collecte parait inchangé, si l'on se réfère à un intéressant exposé de Ludo Longin, présenté dans le cadre d'un workshop dédié à l'éthique de la collecte (novembre 2014).
Lire: Ethique de la collecte : témoignage de Direct Social Communications
Collaborations ponctuelles ou sous-traitance de la collecte en "full-service": d'incontestables atouts
Nombre d'associations ont choisi de confier l'essentiel de leurs activités en levée de fonds à un sous-traitant commercial, en ne regrettent pas d'avoir franchi ce pas.
Les atouts de pareille formule sont en effet incontestables:
Et de fait, Direct Social Communications a réinvesti une partie de ses ressources dans le développement de compétences nouvelles et incontestablement pointues, par exemple en matière d'analyse prédictive du comportement de certaines catégories de donateurs.
La société élargit d'ailleurs depuis peu la panoplie des services offerts : nouvelle plateforme de gestion en ligne du fichier des donateurs, portail de dons en ligne, nouveau call-center spécifiquement dédié aux campagnes téléphoniques (opérations 'thank you', réactivation, up-grading), etc.
Certaines associations ont donc tout intérêt à envisager des collaborations ponctuelles ou un partenariat stratégique de type "full service" avec l'un ou l'autre prestataire commercial spécialisé en levée de fonds.
Mais encore convient-il que les modalités concrètes de la collaboration respectent rigoureusement les balises éthiques (code de conduite AERF, etc) que les fundraisers du secteur 'à profit social' se sont fixées.
Développement international
DSC a rejoint l'International Network of Fundraising Agencies, un réseau international de prestataires commerciaux. DSC pourrait y trouver de nouvelles opportunités en termes d'associations étrangères qui lui confieraient le soin de développer leur collecte de fonds sur le marché belge. A l'inverse, une association belge a déjà manifesté le souhait de développer sa collecte de fonds internationale avec l'aide d'un prestataire commercial appartenant au réseau International Network of Fundraising Agencies.
Sources :
- 'Charité bien ordonnée commence-t-elle par la publicité ?', Martine Vandemeulebroucke, Le Soir (2 mars 1990)
-> Autres articles consacrés aux pratiques commerciales de l'agence Direct Social Communications (lien)
-> Autres articles consacrés à la thématique 'Ethique et transparence' (lien)
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