18 octobre 2016 - « Serial entrepreneur » français devenu riche à moins de 40 ans, Alexandre Mars a créé la fondation EPIC, dont l’objet social vise à mettre en relation des philanthropes et des associations dignes de confiance.
Le Vif – L’Express du 2 septembre lui consacre un long interview.
Alexandre Mars constate que nombre de donateurs ne soutiennent que ‘ce qu’ils connaissent bien’ : l’école de leurs enfants, l’hôpital local, etc. En cause, un manque de confiance, la difficulté de s’y retrouver du fait du grand nombre d’associations, et le manque de temps.
« Les gens veulent pouvoir choisir leur cause et leur organisme caritatif. Ils ont besoin d’être assurés que leur argent sera bien utilisé. (…) La fondation Epic met en relation des donateurs avec des acteurs de terrain, autour de ces trois axes : choix, traçabilité et partage d’expérience. »
Epic se propose d’aider une vingtaine d’associations dans le secteur de l’enfance et de la jeunesse.
Pas moins de 1 800 associations actives dans ce domaine ont fait l’objet d’un screening, notamment avec l’aide du réseau mondial d’Ashoka.
La fondation Epic vise dans un premier temps à encourager la générosité des grands philanthropes.
Elle espère également convaincre les entreprises à se montrer plus généreuses.
La création en fin d’année de la plate-forme Web et mobile ‘Epic Gives’ devrait permettre à tout donateur de soutenir les causes sélectionnées en fonction de ses possibilités.
Source
Le Vif – L’Express (02-09-2016) – ‘Alexandre Mars : Charité bien ordonnée’ (pp.8-11)
Pour plus d'infos
Site de la Fondation EPIC
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‘Waarom ‘goed’ doen, niet goed genoeg is."
Le talkshow mensuel de la chaine radio Studio Erasmus (Erasmus Universiteit Rotterdam) comptait parmi ses invités du 9 décembre dernier Kellie Liket (econnomiste, Erasmus School of Economics), auteure d’une thèse consacrée à la mesure de l’efficacité des actions philanthropiques:
‘Waarom ‘goed’ doen, niet goed genoeg is. Essays over maatschappelijke impact meeting’.
La thèse de Kellie Liket (Erasmus Universiteit Rotterdam) fit l’objet d’une défense en avril 2014, et ses conclusions alimentèrent de vigoureux débats dans le secteur associatif ainsi que dans certains médias néerlandais.
L’interview radio du 9 décembre permit à la chercheuse de préciser ses regrets concernant le manque d’esprit critique des donateurs.
Le succès exceptionnel de l’Ice Bucket Challenge lui parait être un bon exemple de collecte de fonds dont la réussite est due à une stratégie marketing efficace, alors que peu de donateurs se sont inquiétés de savoir si les projets financés sont davantage prioritaires en termes d’impact sur leurs bénéficiaires que ne le seraient d’autres causes en quète de financement.
Au risque de susciter de vives critiques de la part des auditeurs de Studio Erasmus, la chercheuse fit le constat que la fort populaire campagne de collecte 'Serious Request' - opération néerlandaise en cours au mois de décembre, suivant un format comparable à Music for Life (Studio Brussel) et à Viva for Life (RTBf) - ne semblait pas davantage soumise à un regard critique en termes de vérification de l'efficacité des projets de terrain financés par la générosité publique.
La générosité publique profiterait dès lors parfois davantage aux causes soutenues par un puissant support marketing, et moins aux projets humanitaires ou sociaux qui apportent la preuve de leur efficacité en termes d'impact durable pour leurs bénéficiaires.
Kellie Liket respecte le choix des donateurs qui choisissent leurs causes préférées sur base d’un coup de cœur plutôt que sur base d'arguments plus rationnels.
Elle les invite cependant à découvrir les avantages d’une analyse comparative des causes, sur base d’une mesure rigoureuse de l’impact réel des projets philanthropiques sur leurs bénéficiaires. Seule pareille démarche permet à un donateur de mieux identifier les initiatives humanitaires ou sociales les plus efficaces.
Un exemple concret
Kellie Liket illustre ses propos au départ d’un exemple concret: comment évaluer différents scénarios envisageables dans le cadre d’un budget de coopération destiné à soutenir la scolarisation d’enfants dans un pays du Sud.
Une analyse du gain escompté sur base d’un critère quantifiable – ‘ nombre d’années de scolarisation utiles par enfant’ - permettrait peut-être de constater
GiveWell, portail d'information au service des donateurs américains
Kellie Liket salue l’attitude plus critique des nouvelles générations de donateurs, mais regrette qu’ils se contentent d’interpeller les associations au niveau de leurs frais de collecte ou du salaire de leurs dirigeants.
Mieux vaudrait vérifier si ces associations peuvent apporter la preuve de ce qu’elles utilisent une batterie d’indicateurs pertinents pour mesurer l’impact de leurs projets.
Elle salue dès lors la démarche salutaire des philanthropes américains qui ont fondé le portail d’information GiveWell, une réalisation qui ambitionne d’évaluer l’impact de diverses causes humanitaires, en vue d’aider le donateur dans ses choix.
Kellie Liket cite volontiers la Malaria Foundation au nombre des ONG dont l’excellence en termes d’impact semble incontestable. Mais elle précise d’emblée que l’efficacité de la distribution de moustiquaires contre la malaria ne vaut que si elles sont systématiquement utilisées et qu’à condition de cibler en priorité les enfants de moins de 5 ans.
La recherche de Kellie Liket comprend de sévères critiques adressées aux organisations de tous secteurs qui tendent à négliger le recours aux indicateurs de mesure d’impact des actions à finalité philanthropique.
Elle met en cause le secteur associatif, mais également les entreprises qui affichent volontiers leur engagement explicite en matière de R.S.E (Responsabilité Sociale des Entreprises).
Un important chapitre de la thèse de Kellie Liket tend à démontrer que 40% des entreprises figurant dans le très réputé Dow Jones Sustainability Index reconnaissent ne pas disposer d’indicateurs de résultats réellement pertinents en matière de mesure de l’impact de leurs programmes philanthropiques.
Sources :