En Belgique nombre d'organisations actives en levée de fonds constatent que les recettes issues de la générosité publique sont surtout alimentées par les contributions de donateurs plus âgés.
Sil est probable que cette hypothèse s'avère à l'heure actuelle correcte pour une majorité d'associations caritatives belges, il n'en est plus de même dans certains pays voisins.
Ainsi les conclusions d’une récente recherche de la société Blackbaud tendent-elles à démontrer que dans différents pays anglo-saxons ce sont dès à présent les tranches d’âge les plus jeunes qui contribuent de manière décisive aux recettes issues des dons.
La recherche de Blackbaud – une société américaine leader dans le domaine des logiciels CRM spécialisés en gestion des dons – fournit à cet égard des résultats étonnants concernant l’évolution récente du profil des donateurs au Royaume-Uni.
L'étude propose une analyse approfondie du degré de générosité de donateurs répartis en quatre catégories d'âge: les Millenials, la génération X, les Baby Boomers et les seniors ('Matures').
Elle établit qu’au Royaume-Uni la tranche d'âge des ‘Millenials’ (11 millions de britanniques nés entre 1981 et 1995) et celle de la Génération Z (nés après 1996), ont contribué ensemble en 2017 à hauteur de 30% au total des dons reçus par quelque 5.000 associations.
Les auteurs de l’étude adressent en conséquence un sévère avertissement aux associations qui font appel à la générosité publique:
‘Si votre collecte de fonds ne cible pas encore les plus jeunes catégories de donateurs potentiels, il est urgent que vous soyez à présent conscients de l’apport décisif des ‘Millenials’ et de la génération Z.'
La répartition par tranches d’âge des donateurs belges restera, pour quelque temps encore, probablement différente de celle qui prévaut au Royaume-Uni.
En cause, le recrutement actuellement moins intensif en Belgique de jeunes donateurs mobilisés par des campagnes de street-fundraising, porte à porte ou télémarketing.
Ces nouvelles techniques de mobilisation de la générosité publique sont toutefois loin d'être appréciées par l'ensemble des donateurs britanniques.
L’étude de Blackbaud s’est attachée à évaluer le degré d’acceptabilité, par catégorie d’âge, des principales techniques de mobilisation des donateurs.
Et l’enquête laisse apparaître (confer tableau ci-dessus) que plusieurs méthodes jugées fort efficaces, tel que le street fundraising (street canvasser) et le télémarketing (phone call), sont assez explicitement rejetées par les donateurs issus des tranches d'âge séniors.
L'étude de Blackbaud, qui comprend nombre d'informations détaillées que cet article ne pourrait résumer, nous laisse donc entrevoir une profonde, bien que très progressive modification du marché de la collecte.
Cette évolution est probablement déjà en cours en Belgique, où plusieurs dizaines d'acteurs de la collecte - tel Amnesty, Greenpeace et bien d'autres - ont réussi depuis une dizaine d'années à rajeunir considérablement la pyramide d'âge de leurs donateurs.
L'efficacité des techniques de mobilisation mentionnées plus haut leur semble ne pas pouvoir être contesté.
Mais il est vrai que certains de nos concitoyens dénoncent leur caractère trop intrusif, voire trop commercial.
Rappelons également qu'à l'heure actuelle le street-fundraising et le télémarketing renforcent presqu'uniquement la collecte de fonds des associations à forte notoriété.
Source
Blackbaud – ‘The next generation of UK Giving’
Rapport téléchargeable sur le site de Blackbaud.
Le site international de Blackbaud permet d'accéder aux rapports équivalents concernant les U.S.A., le Canada ainsi que l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
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Seule une petite minorité de donateurs belges se plaignent d’une trop grande fréquence de sollicitations qui leur sont adressées par voie de mailings.
Ce faible pourcentage est surtout du au fait que la quasi-totalité des organisations caritatives belges s’interdisent de céder les adresses de leurs donateurs à d’autres associations, et à fortiori à des agences commerciales.
D'autant que la récente réglementation européenne RGPD précise désormais que la commercialisation de fichiers d'adresse n'est autorisée sans accord explicite des personnes concernées que si cette pratique tient compte de leurs attentes. Or on se doute bien qu'une majorité de donateurs préfère que leurs données personnelles ne soient pas transmises à des tiers, à moins qu'ils aient donné au préalable leur consentement explicite.
Les données personnelles sont nettement moins protégées par la législation américaine.
Nombre d’associations y pratiquent couramment la location ou l’échange d’adresses de donateurs, avec le soutien d’agences de fundraising spécialisées dans l’envoi massif de mailings d’appel au don.
Le récent rapport ‘Cutting through the Noise’ édité à l’initiative des agences Grey Matter Research et Opinions4Good, propose une estimation de la fréquence hebdomadaire de réception, par le donateur moyen, de mailings et d’emails d’appel au don.
Nous reproduisons ci-dessous un bref extrait du sommaire de l’étude.
D’autres données, relatives notamment à la fréquence des appels selon le profil des donateurs, peuvent être consultées sur le site de Grey Matter Research.
"The average American charitable donor reports receiving about eight mailings and ten emails from nonprofit organizations in a typical week. A majority of these communications come from organizations they don’t financially support.
The weekly averages, as reported by donors, look like this:
That’s a total of 17.7 messages from charities each week; 920 per year, or 2.5 every day just between mail and email (not including social media, text, advertising, or other forms of communication)."
Source:
Grey Matter Research – ‘Cutting through the Noise’
Une version complète de l’étude est disponible sur demande adressée aux éditeurs.
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26-08-2018 - Les associations caritatives traditionnelles ne sont plus en situation de quasi-monopole en matière de collecte de dons, dès lors que les technologies 2.0 permettent désormais aux donateurs d’entrer en contact et de soutenir directement les bénéficiaires de leur générosité.
Tel est du moins le cas dans le monde anglo-saxon, où un nombre croissant d'initiatives permettent au donateur de dialoguer avec des bénéficiaires qui vivent parfois à l'autre bout du monde. Il peut désormais entretenir des contacts suivis avec une éleveuse de vaches au Bangla-Desh qui rendra régulièrement compte de l'évolution du projet professionnel financé grâce aux dons reçus.
Leesa Harwood, ex-directrice Fundraising de la RNLI, publiait il y a peu une contribution intitulée ‘Are donors losing faith in the existing charity model ?’ qui analyse le contexte de la perte de confiance subie par certains grands acteurs de la collecte.
Elle constate que ces grandes organisations caritatives sont perçues par un nombre croissant de donateurs comme des structures intermédiaires superflues, et génératrices de coûts inutiles. Cette remise en question s’inscrit dans le contexte de l'important processus de désintermédiation, ou 'ubérisation', qui bouleverse également différents secteurs commerciaux.
Leesa Harwood fait notamment état du succès de la plateforme américaine Give Directly, qui met directement en relation une communauté de donateurs avec plusieurs milliers de familles africaines bénéficiaires d’une forme de revenu minimum universel.
Aux donateurs traditionnels succèderait à présent une nouvelle génération d’entrepreneurs sociaux moins intéressés à soutenir telle ou telle institution caritative qu’à s’impliquer au contact direct des bénéficiaires de leur générosité.
Cette évolution ne correspondrait-elle qu'à un phénomène marginal, ou serait-elle annonciatrice d'une transformation structurelle - voire d'une ubérisation - du secteur de la collecte ?
Dans l'immédiat on aurait peine à contester le succès croissant - notamment en Belgique - des initiatives de solidarité directement gérées par des groupements citoyens, et des cellules de conseil en philanthropie qui orientent dès à présent la générosité de grands donateurs en dehors de toute dépendance par rapport aux ONG.
Sources:
Third Sector - 'Are donors losing faith in the existing charity model ?' (25/08/2018)
Site de la plateforme 'Give Directly'
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Juillet 2018 - Le scandale lié au comportement abusif de membres du personnel d’Oxfam en mission à Haïti a amené le Département de la Coopération Internationale du Royaume-Uni (DfiD) a mené une enquête approfondie concernant la qualité des dispositifs de protection (‘safeguarding standards’) mis en place par les ONG.
S’exprimant à ce sujet lors d’une réunion de l’International Development Committee, la Secrétaire d’Etat à la Coopération Internationale estimait que nombre de petites ONG semblent être de ce point de vue mieux équipées que certaines grandes structures associatives.
Elle juge essentiel que les usagers bénéficiaires des projets de coopération internationale soient à l'avenir davantage entendus: “In every single thing that we do we have to have the beneficiaries' voice heard.”
Tout en admettant que les ONG concernées renoncent à enclencher des poursuites judiciaires dans des cas exceptionnels – par exemple lorsque la victime d’un viol est susceptible de subir elle-même des poursuites judiciaires – la Secrétaire d’Etat juge insupportable que le manque de réactivité de certaines organisations puisse être motivé par le souci de ne pas mettre en péril les opérations de collecte de fonds.
Source:
Civil Society (8 juillet 2018) – ‘Small charities better at safeguarding than larger ones, finds DfID’
-> Autre article sur ce thème: 'Comportement inadéquat de collaborateurs d'Oxfam (suite)'
Le Panorama national des générosités est une une étude inédite initiée par Daniel Bruneau, ancien président de France Générosités avec la contribution du CerPhi et en partenariat avec France Générosités, l'Association française des Fundraisers, le Centre français des Fonds et Fondations, l'Admical, le Don en Confiance et l'Institut des Dirigeants d'Associations et de Fondations.
15% des foyers imposables ont déclaré des dons en 2015.
Le montant des dons déclarés est en nette croissance: 2,62 milliards d’euros au titre de l’impôt sur le revenu (IR), soit +70% depuis 2006.
La progression est le résultat de l’augmentation du nombre de foyers déclarant des dons (+20%) et surtout du don moyen (+44%) qui est lié à la croissance du revenu imposable total (+28%).
La déduction fiscale au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), introduite en 2008, concerne 49 000 foyers, pour un total de 243 millions d’euros, soit près de 9% du montant total des dons déclarés par les particuliers.
Et 75% de ces donateurs sur l’ISF sont également des donateurs sur l’IR.
Le total estimé des dépenses pour le mécénat d’entreprise est de 2,9 milliards d’euros, dont 1,6 milliard de dépenses déclarées et 1,3 milliard d’euros de dépenses non-déclarées. Plutôt concentré auparavant au niveau des grandes entreprises, le mécénat se généralise. Plus de 61 000 entreprises s’engagent désormais.
Legs
A partir de la constitution d’une base de données de 300 organisations bénéficiaires, l’étude les estime le montant global des legs à près d’1 milliard d’euros. Près de 50% des legs sont au bénéfice de fondations reconnues d’utilité publique, comme la Fondation de France. Les trois causes qui mobilisent le plus souvent les testateurs sont la recherche médicale (23%), l’éducation (13%) et la solidarité (13%).
Dons non-déduits des impôts
Même s’ils ne sont pas comptabilisés par l’administration fiscale, les dons non déduits des impôts représentent près de 40% de la générosité des Français.
Crowdfunding
Sur l’ensemble des fonds transitant par les plateformes de financement participatif ou crowdfunding, seuls 30% sont des dons, le reste étant soit des investissements, soit des prêts. De plus, seulement la moitié des bénéficiaires des dons en crowdfunding sont des associations relevant de l’intérêt général selon la définition fiscale.
Plateformes en ligne
Concernant les plateformes en ligne, le montant des dons aux associations a nettement progressé depuis trois ans, passant de 13,7 millions d’euros en 2014 à 37,4 millions en 2016.
Collectes sur la voie publique
Près de 50 millions d’euros sont collectés via des quêtes, réalisées soit sur la voie publique (9 millions) par des organisations comme la Croix Rouge ou le Bleuet de France, soit dans des espaces privés (3,35 millions) grâce à des urnes telles celles de la Fondation Ronald McDonald ou les Pièces Jaunes, ou encore via les opérations de terrain du Téléthon (35 millions d’euros).
Denrées et objets
Seules les Banques Alimentaires valorisent en numéraire le montant de leur collecte (39,5 millions d'euros pour 2015).
Générosité embarquée
La générosité embarquée (gestes du quotidien donnant lieu à des dons) est encore très faible en volume mais en nette progression, passant de 1 million d’euros en 2015 à 1,6 million en 2016, selon MicroDon. Elle est essentiellement le fait des arrondis sur achat (en caisse ou en ligne), pratiqués par une quinzaine d’enseignes (2 000 magasins), et des arrondis sur salaires, proposés par 280 entreprises en 2017.
Source
Fondation de France - "Panorama des Générosités".
L'étude peut être téléchargée au départ du lien suivant.
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