Interrogé le 14 novembre dernier sur RTL, Pierre Siquier – Président de France Générosités – a confirmé que les associations caritatives ont enregistré une baisse moyenne de 6,5 % des dons lors du premier semestre 2018. Il s’agit de la première baisse de la générosité depuis douze ans.
Le Téléthon a collecté 69,3 millions d'euros en promesses de dons, soit 10 % de moins que l'année précédente. La Fondation Pasteur s'est résolue a lancé un appel spécial en vue de sauvegarder les ressources indispensables à la poursuite de ses programmes.
Ce recul de la générosité publique, qui touche un grand nombre d'organisations caritatives, semble surtout liée aux effets des diverses mesures fiscales mises en place par le nouveau gouvernement.
La modification profonde de l’impôt sur la fortune (I.S.F.) qui ne s’applique plus aux détenteurs d’importantes valeurs mobilières, a provoqué une baisse de 50 % des donations en provenance des personnes précédemment assujetties à cet impôt.
Il y a deux fois moins d'assujettis à au nouveau dispositif IFI concernant les personnes à hauts revenus qu'à la précédente ISF.
Pierre Siquier rappelle que les dons issus de l'ISF en 2015 ont représenté 246 millions d'euros, et que la perte enregistrée en 2018 atteint près de 130 à 150 millions d'euros.
D’autres mesures fiscales, telle l’augmentation de la CSG des retraités, ont érodé le pouvoir d’achat des seniors, alors que la moitié des donateurs français ont plus de cinquante ans.
Concernant les actifs, la mise en place à partir de janvier 2019 du prélèvement à la source de l'impôt sur les revenus – un mécanismes déjà implémenté depuis longtemps en Belgique et dans nombre de pays européens - ne manque pas de désorienter nombre de ménages français. Il leur faut en effet comprendre que la collecte des impôts sur les revenus salariaux est désormais mensualisée et gérée par leur employeur, mais que le système de déduction fiscale sur les dons est bien évidemment toujours d'application.
Le Président de France Générosités précisait début novembre - alors même que la crise des gilets jaunes n'avait pas encore produit ses effets - que les premières estimations du second semestre ne laissaient pas augurer une remontée significative des dons.
Sources:
9/11/2018 – Nombre de grandes associations caritatives néerlandaises sous-traitent le recrutement de nouveaux donateurs à diverses agences de street-fundraising.
Ces dernières sont regroupées au sein de Direct Dialogue Donateurs Nederland (DDDN), une plateforme sectorielle qui se charge notamment d’autoréguler les activités de ses membres.
Les Pays-Bas font face à une augmentation des campagnes de recrutement de donateurs en porte-à-porte, suscitant un sentiment d’irritation dans certaines communes où les habitants s'estiment trop souvent sollicités.
Les associations caritatives néerlandaises sont conscientes de ce problème. Ainsi le directeur de la plateforme Nederland Filantropieland, cité dans un récent article de la revue en ligne Vakblad Fondsenwerving, indique-t-il que les organisations membres de cette organisation sectorielle seront désormais toutes tenues de travailler dans le cadre d’un planning national des opérations en porte-à-porte (‘huis-aan-huis-rooster’).
Cette mesure d’autorégulation du secteur lui semble indispensable dès lors que les autorités publiques néerlandaises, qui règlementeront prochainement les activités de télémarketing, pourraient être tentées d’imposer également une limitation drastique des campagnes de recrutement en porte-à-porte.
Les donateurs néerlandais disposent de plusieurs sources d'information concernant les collectes en porte-à-porte, tel que
L'irritation causée par le démarchage à domicile fait également l'objet de débats au Royaume-Uni, où les mesures de régulation de ces activités sont placées sous l'autorité du Fundraising Regulator.
Un nombre croissant d'associations britanniques se disent sensibles aux constatations de sondages qui indiquent que 50% des consommateurs britanniques n'apprécient pas d'être sollicités par des campagnes de recrutement de donateurs en porte-à-porte.
-> Lire: Third Sector (23/11/2017 - 'The door-to-door dilemma'
Citons, parmi les principales agences de street-fundraising actives en Belgique, deux sociétés néerlandaises (Direct Result et Pepperminds), ainsi qu'ONG Conseil – également actif en France – et l'agence Activate.
Une quinzaine d'associations belges font appel à leurs services ou optent parfois - comme dans le cas de Médecins sans Frontières - pour la gestion en interne des équipes de street-fundraisers.
Un petit nombre d'associations, tel Child Focus et plus récemment Broederlijk Delen, préfèrent délaisser les rues commerçantes au profit d'une approche en 'porte-à-porte'.
La Belgique ne dispose pas d’un organe d'auto-régulation comparable au Direct Dialogue Donateurs Nederland, ou de régulation tel que le Fundraising Regulator britannique.
Mais les associations membres de l'AERF (Association pour une Ethique en Récolte de Fonds) s'engagent à respecter un code de conduite commun - la 'Charte du Dialogue Direct' - et à planifier leur présence sur les rues commerçantes dans le cadre d'un planning commun.
Sources:
Vakblad Fondsenwerving (9/11/2018) – ‘NLFL-leden vanaf 2019 verplicht het Wervingsrooster gebruiken’
Autre article de ce site sur le même thème:
20/11/2018 - Street fundraising au Royaume-Uni: auto-régulation renforcée, amélioration incontestable
16/11/2018 - Les acteurs de la collecte néerlandais recourrent depuis plus longtemps au télémarketing que ce n'est le cas en Belgique.
L'efficacité de ces campagnes de contact téléphonique semble incontestable, notamment dans le cadre d'opérations d'up-grading, au cours desquelles une association contacte ses donateurs occasionnels pour leur proposer d'accepter de verser désormais leurs contributions par voie de domiciliation.
Le recours à une société commerciale spécialisée en télémarketing génère un coût initial relativement important.
Cet investissement est toutefois compensé par le fait que les donateurs qui souscrivent à l'offre de domiciliation versent désormais une contribution annuelle plus élevée, et sont fidélisés durant un plus grand nombre d'années.
Certaines agences néerlandaises de télémarketing reconnaissent que le rendement de ces campagnes subit une lente érosion, causée par la lassitude de consommateurs fatigués de subir un nombre croissant d'appels téléphoniques.
Les donateurs belges sont à l'heure actuelle moins fréquemment sollicités par des call-centers.
La société Mindwize, présente depuis longtemps aux Pays-Bas et plus récemment en Belgique, indiquait d'ailleurs récemment que ses premières campagnes de télémarketing réalisées au profit d'associations belges produisent des rendements nettement meilleurs qu'aux Pays-Bas.
Nona Keijzer, Secrétaire d'Etat aux Affaires Economiques et à l'Environnement, a publié le 8 octobre dernier son Consumentenagenda, dont une des mesures entend mettre fin aux pratiques qui indisposent un grand nombre de consommateurs néerlandais.
Les autorités publiques néerlandaises justifient leur décision en s'appuyant notamment sur des sondages qui indiquent que la moitié des ménages se plaint de subir des appels téléphoniques non-sollicités.
La Secrétaire d'Etat a donc dédidé que les campagnes de télémarketing ne pourront désormais cibler que les destinataires qui auront préalablement donné leur consentement explicite (opt-in ).
Le principe opt-in, qui vaut déjà au plan européen pour toute communication par voie digitale digitale (Newsletter électronique, emailing, etc.), s'appliquera donc également, aux Pays-Bas, pour les opérations de télémarketing.
Les autorités néerlandaises définiront également une période maximale au-delà de laquelle une organisation ne sera plus autorisée à prendre l'initiative de téléphoner à ses clients, sauf accord préalable et explicite de ces derniers.
Les organisations professionnelles sectorielles - DDMA et Klantenservice Federatie - ont indiqué dans un premier temps que ces nouvelles dispositions n'entraveront pas nécessairement leur fonctionnement, car plus de 10 millions de néerlandais sont déjà inscrits sur le registre 'opt-out' BEL ME NIET.
Mais la DDMA indiquait cependant, début novembre, que 55% de ses membres s'attendent à subir une diminution de leur chiffre d'affaires.
Les organisations professionnelles néerlandaises révisent dès à présent leurs codes d'auto-régulation aux fins d'y intégrer ces nouvelles dispositions.
On estime qu'en Belgique environ une vingtaine d'acteurs de la collecte recourrent occasionnellement ou régulièrement aux services de call-centers.
Notre pays compte diverses sociétés de télémarketing au nombre desquelles certaines, tel Martine Constant Consulting, Direct Phone et plus récemment Mindwize, travaillent plus spécifiquement pour des organisations actives en levée de fonds.
Si les restrictions annoncées aux Pays-Bas étaient éventuellement également imposées tôt ou tard en Belgique, elles ne concerneraient comme aux Pays-Bas que les campagnes de prospection téléphonique qui ciblent de nouveaux clients potentiels.
Or les associations belges font surtout appel aux services de call-centers dans le cadre de campagnes de contact téléphonique qui s'adressent à des donateurs figurant déjà dans le fichier de l'organisation.
Mais il est vrai qu'en Belgique, à ce jour, aucun sondage n'a permis de vérifier dans quelle mesure cette sollicitation de plus en plus fréquente de donateurs par l'intermédiaire de call-centers irrite peut-être un nombre significatif de nos concitoyens.
-> Article récent sur ce thème (31 Mai 2019) - 'Staatssecretaris Keijzer wil geen uitzondering goede doelen bij wetgeving telemarketing'
Sources:
02/10/2018 According to Chloe Green (Charity Digital News), predictions are hard to make but the nature of digital is that new ideas often take off rapidly, and while some things turn out to be short-lived, others might soon revolutionise the ways in which people give and engage with charities.
She identifies three key trends that are impacting the digital fundraising strategies of British charities:
Her contribution on emerging digital fundraising opportunities for British charities is available through this link.
Source:
Charity Digital News (02/10/2018) 'Digital fundraising trends for small charities not to miss'
26/10/2018 Speaking at the opening of the International Fundraising Congress in the Netherlands, Asha Curran, fundraiser in charge of the Giving Tuesday movement in the US, said the sector had to consider whether it was using an outdated model that was not fully engaging supporters.
"People would be more likely to continue giving if giving was associated with great positivity, but also greater co-ownership.
Are you giving people a chance to write you a cheque or click on you donate button, or to really become engaged with your cause?"
Discover through this link Asha Curran's intervention at the latest International Fundraising Congress.
Source:
THIRD SECTOR (18/10/2018) 'Don't assume lack of donations is down to donor fatigue, says Giving Tuesday lead'