3 mars 2016 - La réputation du secteur associatif français a été mise en cause en 2007, à l’occasion du scandale de l’Arche de Zoé, une ONG qui tenta d’exfiltrer frauduleusement une centaine d’enfants tchadiens, présentés comme orphelins du Darfour.
Le film «Les chevaliers blancs », réalisé par Joachim Lafosse et récemment sorti en salles, s’inspire largement de cet épisode.
La Libre du 3 mars publie à ce propos une Carte Blanche signée par Julie Godin, membre du CETRI (Centre tricontinental) et doctorante en sciences politiques et sociales.
Julie Godin rappelle combien le film de Joachim Lafosse «remet à l’actualité la fontière entre professionnalisme et amateurisme qui parcourt le secteur de la solidarité internationale.»
« Les discours critiques émis par bon nombre de leurs responsables quant aux activités des IPSI renvoient ainsi aux échecs et aux bricolages de ces premières décennies du développement : don et assistance, aide-projet, humanitaire "romantique", etc. »
La contribution de Julie Godin dénonce les effets pervers de l'imagerie romantique de l’humanitaire, que les ONG ont trop longtemps diffusée sur leurs supports de communication aux donateurs :
« L’image d’un humanitaire romantique largement diffusée par les campagnes de communication et véhiculée par les médias n’est pas sans effet sur la perception publique de l’humanitaire. Cette mise en scène et en images médiatiques a par exemple contribué à la diffusion planétaire des gestes de la collecte et de la mission ainsi que des figures héroïques de la jeune infirmière, du médecin ou du logisticien.
Les dérives incarnées par le scandale de l’Arche de Zoé peuvent dès lors être vues comme le produit d’une imagerie de l’humanitaire, encore présente aujourd’hui. Cette imagerie est à la source d’un mythe particulièrement tenace, celui d’une intervention simple et directe, dont les donateurs et les volontaires de l’aide se déprennent difficilement et que les ONG combattent (partiellement) depuis la fin des années 1980.»
Un nombre croissant de citoyens, à la fois séduits par ce mythe de l’intervention directe mais déçus par nombre d’ONG qui se contentent de leur demander des dons, sont dès lors tentés de piloter eux-mêmes un mini-projet de solidarité Nord-Sud.
C’est ainsi que la Belgique compte à présent pas moins de 1700 IPSI (Initiatives Populaires de Solidarité Internationale), aux côtés de la centaine d’ONG agréées par la Direction générale de la coopération au développement.
Julie Godin s’inquiète de que ces nombreuses petites initiatives de solidarité soient à l’heure actuelle fort peu soutenues, au contraire des ONG qui bénéficient d’une reconnaissance officielle.
«Faire comme si elles n’existaient pas, c’est encourager une solidarité internationale à deux vitesses, composée d’une élite associative et d’une masse à la base, livrée à elle-même, avec les potentiels écueils que l’on connaît, et dont l’Arche de Zoé constitue la caricature.»
On précisera que les projets connus en Belgique francophone sous l'intitulé 'Initiatives Populaires de Solidarité Internationale' (IPSI) bénéficient du soutien, relativement fragile faute de moyens, du CASIW.
La Cellule d'Appui pour la Solidarité Internationale Wallonne est intégrée au sein de l'administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Dans le Nord du pays la cellule 4de Pijler, qui dispose de ressources plus conséqentes que son équivalent francophone, accompagne les initiatives populaires de solidarité internationales.
Elle est hébergée au sein de la plateforme néerlandophone 11.11.11. (Vlaamse Noord-Zuid Beweging).
Source:
La Libre Belgique, 3 mars 2016 – « Chevaliers blancs contre ONG », contribution extérieure de Julie Godin (CETRI - Centre tricontinental), doctorante en sciences politiques et sociales.
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Les éditions du 6 janvier de l'hebdomadaire Knack consacrent un reportage à la situation dramatique à laquelle les haïtiens sont confrontés, six ans après le tremblement de terre qui couta la vie à pas moins de 222.000 habitants.
Le pays est à présent déstabilisé du fait d’échéances électorales qui semblent difficiles à respecter, à cause de fraudes diverses qui entachent le processus électoral.
Pierre Marie Boisson, un économiste haïtien qui fait autorité, dénonce la démarche populiste du président Martelly et de son gouvernement qui n’ont guère réussi à attirer les indispensables investissements étrangers.
On évalue à 2 milliards de dollars le montant annuel des contributions transmises par les haïtiens expatriés à leurs compatriotes restés au pays.
Cet apport aide bien mieux la population locale que l’aide internationale, dont on estime que maximum 25% bénéficie aux plus pauvres.
L’importante classe moyenne, qui avait pu se constituer grâce aux emplois créés par les organisations humanitaires internationales, se désagrège inexorablement depuis le départ de ces ONG.
Les dons massifs de vêtements dont le pays a bénéficié lors du séisme a plongé l’industrie textile du pays dans une profonde crise.
L’aide humanitaire a été dans sa plus grande partie distribuée par les organisations internationales elles-mêmes, qui n'ont quasiment pas associé les structures étatiques locales, qui étaient effectivement fragiles et souvent corrompues.
Le bilan critique rapporté par le journaliste de Knack rejoint pour partie l’analyse de Bogdan Vanden Berghe, directeur général de la plateforme néerlandophone 11.11.11., interrogé en fin d'article.
Ce dernier précise toutefois que diverses évaluations ont établi que les interventions humanitaires d’un certain nombre d’ONG se sont avérées efficaces.
Nul ne conteste toutefois que pas mal d’associations, notamment américaines, ont envoyé du personnel notoirement inexpérimenté en Haïti. Certaines ONG ont déployé en urgence des équipes comprenant nombre de stagiaires inexpérimentés, heureux de de pouvoir mentionner une expérience humanitaire sur leur cv.
Bogdan Vanden Berghe pointe également le manque évident de coordination entre les ONG présentes sur le terrain.
Il constate que la politique de hauts salaires pratiqué par certaines ONG a attiré nombre de cadres locaux dans ces emplois guère durables.
Les institutions locales, privées en conséquence de personnel d'encadrement, s’en sont trouvées structurellement affaiblies.
Le directeur général de 11.11.11 est d'avis que pour être efficace à long terme, l'aide humanitaire apportée en urgence dans des pays fragilisés devrait veiller davantage à renforcer les structures étatiques locales.
Ce principe devrait également être d’application lorsque les autorités locales sont relativement corrompues.
Or pareille option va totalement à contre-courant de ce que souhaite le public, c'est-à-dire nombre de donateurs.
Il reconnait que pareil travail de renforcement des capacités des autorités locales, ainsi que du tissu associatif, nécessite des compétences pointues et s'avèrera toujours difficile à mettre en œuvre.
Source:
‘De hulp heeft Haïti nog meer verzwakt’, Jan De Deken, Knack 6 januari 2016 (p.78 et ss.)
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11 septembre 2015 - L’émission ‘Questions à la Une‘ de la RTBf proposait ce 9 septembre un reportage intitulé 'Nos vieux vêtements valent-ils de l'or ?'.
Le travail d'investigation mené par l'équipe rédactionnelle pointe une série d'abus commis par des acteurs totalement étrangers au monde associatif.
On le sait, la plupart des bulles de collecte de vêtements portent les couleurs d’associations, tel que Terre, Les Petits Riens et Oxfam.
D’autres affichent le label de sociétés commerciales, tel Curitas.
Le reportage permet de vérifier, sur base d'interviews de donateurs de vêtements interrogés aux abords des bulles de collecte 'Curitas', que ces personnes de bonne volonté supposent que les vêtements récupérés par Curitas sont destinés à secourir des personnes dans le besoin.
Nombre d’acteurs associatifs dénoncent en réalité depuis pas mal d'années l'étrange proximité entre la dénomination ‘Curitas’ et le terme ‘Caritas’ (charité), une confusion qu’ils estiment volontairement entretenue par cette société.
Pour Julien Coppens, directeur des Petits Riens, nul doute que la société anonyme Curitas trompe le public.
Un représentant de cette société réplique que le risque de confusion est possible, mais que son entreprise pourrait difficilement envisager un changement de nom après 20 d’activités.
Le reportage de la RTBf rend compte d’un autre contentieux qui oppose cette fois les Restos du Cœur de Mons à la société Recytex Europe.
La fraude dénoncée par Claudine Glineur (Restos du Coeur) porte sur le non-respect d’une convention qui précisait que 25% des bénéfices de la collecte réalisée par cette société serait reversés au profit des Restos du Cœur, dont le label figurait sur toutes les bulles de collecte de l'entreprise Recytex.
Geneviève Potgens, directrice de l'entreprise, reconnait que sa société a investi dans l'extension de son parc à bulles, ce qui explique qu'aucune part bénéficaire n'a pu être versée au profit des Restos du Coeur.
Le reportage de la RTBf dénonce d'autres pratiques déloyales, notamment à l’initiative de bandes organisées qui pillent les bulles de collecte de vêtements, ou qui trompent le public en organisant des collectes sauvages sous diverses dénominations associatives fictives.
Ces pratiques ont incité différents acteurs associatifs à se regrouper au sein de la plateforme Ressources.
Ce groupement fédère la plupart des entreprises d'économie sociale actives dans la réduction des déchets par la récupération, la réutilisation et la valorisation des ressources.
Ses membres collectent 23.000 tonnes de vêtements, principalement au départ d’un réseau de bulles qui affichent toutes le logo Solid’R.
Ce label a pour objet de garantir la plus-value environnementale, sociale et économique des dons de vêtements.
Le reportage de la RTBf souligne par ailleurs combien les collectes opérées par ces différents acteurs associatifs contribuent efficacement à soutenir diverss projets d’intérêt général.
Ainsi les collectes permettent-elles aux Petits Riens de maintenir 170 emplois réservés à des travailleurs en situation précaire, et de contribuer au financement de 35.000 nuitées pour personnes en quête de logement.
Les opérations de tri de l’asbl Terre contribuent à la création de plus de 200 emplois protégés, tandis qu’Oxfam dégage un million d’euros en bénéfices annuels qui sont affectés au financement de projets de solidarité dans les pays du Sud.
Pour plus d’information
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Vendredi 4 septembre 2015 – Le site en ligne du Monde publie une interview de Nilufer Demir, auteur de la photo d’Aylan Kurdi, l’enfant syrien échoué sur la plage de Bodrum.
La photographe, correspondante locale de l’agence turque DHA, ne sait trop comment expliquer que cette photo ait eu un tel retentissement :
« Je ne sais pas. Peut-être que le monde, en fait, attendait une image qui puisse changer les choses, faire bouger. Peut-être que ma photo a été le déclic que le monde attendait. Et sans le faire exprès, j’y ai contribué, en étant au bon moment au bon endroit. »
On se souviendra que la contribution d'Amnesty Vlaanderen, récemment publié en pleine page dans le quotidien De Standaard dans le cadre de l'édition 2015 du Standaard Solidariteitsprijs 2015, se basait sur un visuel en tous points comparable.
Plusieurs quotidiens belges soulignent que certaines circonstances exceptionnelles, telles que les carences évidentes des dispositifs officiels en matière d’assistance aux réfugiés, justifient à l'évidence la médiatisation de ce type de visuels.
Le Soir
Le Soir du 03/09/2015 consacre un dossier aux photos particulièrement dures que certains médias publient à titre exceptionnel, pour illustrer « des situations que les mots ne suffisent pas à décrire » (François Heinderyckx, professeur de sociologie des médias à l’ULB).
L’article du Soir reprend divers visuels emblématiques qui ont contribué à mobiliser l’opinion publique lors de drames humanitaires exceptionnels : camps d’extermination nazis (juillet 1944), jeune fille nue, brûlée au napalm (Vietnam, 1972), enfant squelettique observé par un rapace charognard (famine au Soudan, 1993), etc.
De Morgen
Sous le titre ‘Waarom ik deze vreselijke foto van een verdronken kind heb gedeeld ?’, témoignage de Peter Bouckaert, directeur de Human Rights Watch, dans le quotidien De Morgen (04/09/2015).
L'édition du week-end (5/6-09/2015) propose aux lecteurs de participer à la diffusion virale du logo #helpenhelpt (bas de page), et comprend d'autres appels à la mobilisation:
-> lire 'Opiniemakers denken dat ons land beter kan'
et 'Ons land kan deze vluchtelingenstroom aan'
Interrogé par De Morgen, Bogdan Vanden Berghe, directeur de la plateforme néerlandophone 11.11.11., estime qu'en situation de crise le degré d'altruisme des belges se répartit selon trois niveaux de sensibilité. Un tiers des belges serait d'office prêts à se mobiliser, un second tiers le serait potentiellement - selon les circonstances - tandis que le dernier tiers n'envisage guère de s'associer aux actions de solidarité.
Malgré la médiatisation exceptionnelle du drame des réfugiés, peu d'associations ont choisi de lancer dès les premiers jours des appels aux dons au travers des principaux médias du pays.
Plusieurs grandes organisations de solidarité, au nombre desquelles la Croix-Rouge de Belgique et Rode Kruis Vlaanderen, Caritas International et Médecins du Monde mobilisent toutefois leurs donateurs et leurs bénévoles au départ de leurs propres supports d'information.
Nombre d'autres associations, tout autant impliquées dans l’accueil en Belgique de candidats réfugiés, ne bénéficient malheureusement que d'une faible notoriété et ne disposent guère d'une solide cellule de fundraising.
Dès le 7 septembre l'ensemble des chaines radio-TV de la VRT ont annoncé l'organisation d'une journée commune de sensibilisation, qui se déroulera le jeudi 10 septembre. Par ailleurs les ressources de la VIER et la VIJF pourraient être mobilisées sur des appels à la générosité, avec le concours de plusieurs organisations de solidarité.
Vluchtelingenwerk (Pays-Bas)
Toute autre est la situation dans certains pays voisins, par exemple aux Pays-Bas où la mobilisation des donateurs en faveur des réfugiés accueillis dans ce pays se renouvelle d'année en année, y compris en dehors des moments de crise.
Ll'organisation néerlandaise Vluchtelingenwerk collecte annuellement plus de 4 millions d’euros sous forme de dons.
Vluchtelingenwerk s’est associé avec le quotidien De Telegraaf pour publier en pleine page un appel à la mobilisation- 'Voelt U zich geroepen ?'- signé par une centaine de personnalités connues ( ‘BN’, ou Bekende Nederlanders).
Le site du C.I.R.E. (COORDINATION ET INITIATIVES POUR RÉFUGIÉS ET ÉTRANGERS) propose une liste relativement exhaustive des principales organisations francophones ou bilingues engagées dans l’accueil de réfugiés, que nos concitoyens sont invités à soutenir au moyen de dons ou d’engagement bénévole.
-> C.I.R.E. : 'Accueil des demandeurs d'asile: Comment puis-je aider ?'
La plateforme Vluchtelingenwerk Vlaanderen compte pour sa part cinquante organisations membres, toutes actives à divers titres dans l'accueil des réfugiés en Flandre et à Bruxelles.
-> Vluchtelingenwerk Vlaanderen: Leden
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5 Mai 2015 - Lors de la crise humanitaire au Kosovo (1998) le Consortium 12-12 pour les situations d’urgence avait réuni les principaux acteurs de l’action humanitaire en situation d’urgence – dont également la Croix-Rouge et MSF – dans une opération collective de collecte de fonds.
Le retrait ultérieur de la Croix-Rouge et de MSF ont par la suite fragilisé le Consortium.
La Croix-Rouge, au contraire de MSF, fait partie des plateformes nationales de collecte de fonds aux Pays-Bas ainsi qu'au Royaume-Uni et en Suisse. Ces autres plateformes nationales sont toutes membres de l'Emergency Appeals Alliance .
De nouveaux partenaires (Médecins du Monde, Plan Belgique) ont rejoint le Consortium, mais le choix de ces deux seuls partenaires a pu sembler arbitraire du point de vue d’autres organisations de solidarité. Ces dernières rappellent que lors la plupart des crises humanitaires, plusieurs ONG non-membres du Consortium sont fort impliquées dans des projets de développement au coeur des régions touchées par le sinistre, et pourraient dès lors y utiliser très efficacement les contributions issues de la générosité des belges.
C'est d'ailleurs sur base de ce constat que, lors de la précédente crise humanitaire aux Philippines, les deux fédérations d'ONG - CNCD et Koepel van de Noord-Zuid Beweging - avaient mobilisé certaines de leurs associations membres dans le cadre d'une campagne distincte, sous le nom 'Opération Reconstruction Philippines'.
Une dépêche de l'agence Belga, largement reprise par les médias, dévoile à présent l'étendue des divergences entre différents acteurs de la collecte, alors même que la campagne en faveur des victimes du tremblement de terre au Népal bat son plein.
Erik Todts (directeur du Consortium 12-12) souligne qu'une majorité de nos concitoyens préfèrent que la générosité publique puisse s'organiser dans le cadre d'une campagne commune et d'un compte commun.
Mais divers quotidiens rapportent les propos de la Rode Kruis Vlaanderen, qui regrette que les négociations que cette organisation et 62 ONG belges ont mené avec le Consortium 12-12 n’ont guère permis à ce jour d'en modifier la composition et le fonctionnement, notamment de manière à renforcer la représentativité de cette plateforme.
Les articles relèvent également que Médecins sans Frontières regrette la situation de quasi-monopole du Consortium au niveau des contacts avec les médias.
MSF précise qu'elle préfère demander aux donateurs de verser leurs contributions à un fonds général de soutien pour les situations d'urgence de l'organisation, qui n'est pas uniquement dédié aux crises humanitaires fortement médiatisées. Pareil fonds permet à MSF d'également financer des interventions dans le cas d'urgences non-médiatisées.
Revue de presse (5/5/2015):
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