1er février 2015 - S’exprimant le 27 janvier 2015 dans le cadre du Gavi (Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation), Bill Gates y a annoncé un don de 1,55 milliards de dollars.
L'homme le plus riche du monde (70 milliards d'euros d'après Forbes) verse chaque année quelque 4 milliards de dollars en faveur de nombreux projets de développement.
La Libre (31-01-2015) consacre à cette occasion un intéressant dossier critique à l’action philanthropique de la Fondation Bill & Melinda Gates, que nous résumons ci-dessous.
Un premier article rappelle que Bill Gates et la Fondation Rockefeller soutiennent l’Association pour une révolution verte en Afrique’ (Agra), et précise que ces projets encouragent principalement l’agriculture intensive.
La méthode Gates risque ainsi de reproduire les erreurs de la ‘Révolution verte’ déjà expérimentée en Inde, provoquant l’épuisement des sols ainsi que l’endettement des paysans, forcés d’acheter de coûteux intrants (engrais, etc.) sur le marché mondial.
La Fondation Bill et Melinda Gates consacre les deux tiers de ses dons au secteur de la santé.
Le second article du quotidien présente les analyses critiques émanant du Cetri (François Polet), de l’ONG Médecine pour le Tiers Monde ( Wim De Ceukelaere), ainsi que de Michelle Bertho-Huidal, auteur du livre ‘Business Charity’.
François Polet (Cetri) observe notamment que la puissance financière des grandes fondations anglo-saxonnes leur permettent d’aligner les politiques des Etats faibles et de l’OMS sur leurs propres priorités, en matière de pathologie et de remèdes.
Wim De Ceukelaere (ONG Médecine pour le Tiers Monde) doute de la durabilité de systèmes de santé mis en place et financés de l’extérieur.
Il ajoute qu’en se focalisant sur certaines maladies (malaria, tuberculose, sida) la Fondation Gates privilégie le développement de différents « programmes verticaux ». Il serait en réalité plus efficace de renforcer les systèmes de santé de base, ainsi que les actions de prévention.
'Bill Gates est-il altruiste ?' La Libre soumet cette question à deux interlocuteurs.
Le plaidoyer de Daniem Ichbiah, auteur de la biographie ‘Bill Gates et la saga de Microsoft’, souligne entr'autre la sincérité de l’engagement du numéro un de la philanthropie.
Stéphane Desgains, chargé de recherches au C.N.C.D., dénonce la collaboration entre Bill Gates et divers industriels, dont la société Monsanto, qui favorisent une dépendance croissante des agriculteurs vis-à-vis des producteurs de semences améliorées.
Il note par ailleurs que la fondation Bill et Melinda Gates prône des valeurs que ne pratique guère la société Microsoft.
Le modèle américain de philanthropie lui semble accorder un pouvoir de décision démesuré à quelques acteurs privés, qui exercent ainsi une influence démesurée sur certaines politiques publiques, par exemple dans le secteur de la santé.
Virginie Xhauflair, assistante à la Chaire Baillet Latour de philanthropie de l’Université de Liège, souligne que la démarche philanthrocapitaliste initiée par Bill Gates se répand également peu à peu sur le continent européen.
Il y est moins question de don ou de charité que d’investissement – les anglo-saxons parlent d’impact investing - consenti en vue d’un return social, voire parfois financier.
Le philanthrocapitaliste finance, tout en mettant également à disposition son expertise et ses réseaux.
Source:
‘La générosité controversée de Bill Gates’’, dossier La Libre (30-01-2015), pp. 24-27 et 52-53.
Références utiles
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Toutes les vidéos du colloque peuvent être consultées sur le site du CerPhi (lien)