Les initiateurs du Transparant Prijs 2014 ont résumé leurs principales constatations et suggestions dans un dossier intitulé ‘Transparant & Relevant’, que nous résumons ci-dessous.
Wim van Ginkel (Senior Director PwC) formule quatre suggestions.
La transparence se démontre non une fois l'an, mais au travers d'un comportement exemplaire de l’association, au quotidien. Les actes doivent être réellement en cohérence avec les principes annoncés en matière de transparence : « Walk your talk ».
Il serait bienvenu que le bilan publié par chaque association veille davantage, à l'avenir, à rendre compte de la mesure de l’impact des actions entreprises.
Au concept actuel du rapport annuel publié une fois l’an pourrait succéder une approche plus dynamique, qui exploite les ressources d’Internet et des réseaux sociaux dans le cadre d’une 'communication 24/7' , c'est-à-dire 24h/24, 7 jours sur 7. Ce rapportage continu, essentiellement on-line, publierait également les réactions des sympathisants et donateurs.
Il est dommage qu’un nombre croissant d’associations soient tentées de publier un rapport annuel de plus en plus volumineux. C’est pourquoi PwC, initiateur du Transparant Prijs, a souhaité récompenser cette année des associations qui ont également produit soit un rapport synthétique sur soit une feuille A4, soit une vidéo de trois minutes.
La règle relative au pourcentage maximum de frais de collecte (25% pour les associations liées par le label CBF) fait l’objet de vifs débats aux Pays-Bas.
Maarten Elshout (Assistant Manager Assurance, PwC) craint que cette règle détourne l’attention du donateur de la question plus essentielle de la mesure de l’impact des réalisations financées grâce à la générosité du grand public.
Est-il cohérent d’imposer un même pourcentage maximum à des associations actives dans des domaines fort différents ?
N’y a-t-il pas lieu de craindre que cette règle empêche les associations d’investir dans d’indispensables nouvelles méthodes de collecte ?
Ne convient-il pas de laisser au donateur la liberté de définir le pourcentage de frais de collecte de fonds qu’il estime acceptable ?
La remise du Transparant Prijs est précédée par une procédure relativement complexe de sélection et d'analyse de nombreux rapports annuels, dans le cadre d'une opération coordonnée par PwC Nederland (confer graphique 'Beoordelingsproces').
Cette année encore, l’examen attentif de quelque 145 Rapports annuels a permis au jury du Transparantprijs d'observer diverses évolutions significatives:
Source:
Dossier 'Transparant & relevant': téléchargeable sur le site de PwC Nederland.
Autre article sur ce site: Transparant Prijs 2014 (résultats)
Autres articles d'actualité sous Rubrique 'Ethique & Transparence'
La Belgique compte plusieurs initiatives destinées à encourager la transparence des organisations qui font appel à la générosité du public.
Les ressources financières et l’expertise dont peuvent se prévaloir l’AERF (Association pour une Ethique dans les Récoltes de Fonds), Donor-Info et 'Livres Ouverts / Open Boek' sont toutefois relativement modestes, du moins si on les compare aux moyens d’action dont disposent aux Pays-Bas l'organe certificateur CBF (Centraal Bureau Fondsenwerving) ainsi que les promoteurs du Transparantprijs.
La Haye, 1 Octobre – L’édition néerlandaise du Transparantprijs est organisée chaque année à l’initiative de PricewaterhouseCoopers. Cette société soutient ou a soutenu des initiatives comparables dans d’autres pays, tel l’Allemagne (Transparenzpreis 2012) et la Finlande.
Aux Pays-Bas les associations lauréates, toutes sélectionnées pour l’excellence de leur Rapport Annuel, se partagent divers prix pour un montant total de 100.000 € offerts par la Nationale Postcode Loterij.
La remise des prix se déroulait cette année le 1er octobre, dans le cadre prestigieux de la Nieuwe Kerk, à La Haye.
L'édition 2014 du Transparantprijs récompense trois catégories de gagnants :
Meilleur rapport annuel – Catégorie ‘Petites associations’ :
L’association Mama Alice décroche la première place, devant el Fuego et Stichting Weeshuis Sri Lanka. Le jury apprécie notamment la qualité de l’analyse SWOT que Mama Alice a intégré dans son rapport annuel.
Trente-deux organisations étaient en lice dans cette catégorie qui regroupe les associations dont la collecte de fonds est inférieure à 500.000 €.
Les organisateurs regrettent la faible participation d’organisations de petite ou moyenne dimension : les Pays-Bas comptent en effet environ 55.000 associations ("goede doelen") qui font appel à la générosité du public.
Meilleur rapport annuel – Catégorie ‘Grandes associations’ :
Wakker Dier remporte la palme, devant Plan Nederland, War Child et Red een Kind. Cette catégorie comprenait 122 compétiteurs.
Prix de l’innovation : ‘Rapport annuel synthétique: une feuille A4 ou une vidéo de 3 minutes’
Le Prins Bernhard Cultuurfonds est récompensé pour la production d’une courte vidéo qui synthétise les principaux éléments de son Rapport Annuel.
Les finalistes de cette catégorie comprenaient également
Critères d’élection
L’édition 2014 de cette fraternelle compétition réunissait 145 compétiteurs, dont 43% des associations bénéficiant du label de transparence délivré par le CBF (Centraal Bureau Fondsenwerving).
Le jury, secondé par une solide équipe d’analystes mobilisés à l’initiative de PWC, attribue à chaque association un scoring ‘A’ ou ‘B’ pour chacun des trois critères ‘Compliance’, ‘Impact’ et ‘Communicatie’.
Le jury se réjouit de constater une amélioration constante de la dimension 'évaluation de l'impact' (impact verantwoording), dont rendent compte un nombre croissant de Rapports Annuels.
Onze grandes organisations décrochent le scoring maximum ‘AAA’, tandis que Stichting Mama Alice et Stichting Fuego obtiennent un résultat identique dans la catégorie des moins grandes associations.
Autre article: Transparantprijs 2014 (analyse)
Pour plus d’infos :
- Site du Transparantprijs
- Télécharger la plaquette ‘Transparant & Relevant’ comprenant notamment les résultats complets de l’édition 2014.
Lire également: 'Ethique et ONG: l'AERF distingue l'ONG TRIAS'
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Etats-Unis - Dan Pallotta appartient à la nouvelle génération américaine d’entrepreneurs sociaux actifs dans le secteur événementiel à finalité philanthropique, identifié aux USA sous le vocable charitable event industry.
Organisateur du célèbre Breast Cancer-3Day Walk, il versa 194 millions de $ en cinq ans au profit d’une fondation dédiée à la lutte contre cancer. Les quelque 40% de frais de développement de cette campagne ont toutefois suscité de vives polémiques. La société Pallotta Teamworks fut mise en liquidation en 2002.
Cette personnalité souvent contestée gagne néanmoins en notoriété, malgré certaines analyses et prises de position peu nuancées et donc fort controversées.
Témoignant en mars 2013 dans le cadre des TED Conferences, son intervention a été visionnée depuis lors par nombre de fundraisers, et abondamment commentée sur les réseaux sociaux.
Dan Pallotta remet en cause le cadre de référence traditionnel du monde associatif américain, qui subirait aujourd'hui encore l'influence et la sensibilité 'puritaine' des premières générations de philanthropes. Leur influence et le mode de management qui en découle freineraient la croissance du secteur associatif, alors que les besoins sociaux sont de plus en plus nombreux.
Sa démonstration s'articule autour d'exemples concrets qui illustreraient le comportement inutilement frugal ou frileux des gestionnaires d'associations.
Rémunérations
Si les managers performants du secteur commercial bénéficient de rémunérations confortables, faut-il que les directions de grandes structures associatives se contentent d’échelles barémiques nettement inférieures ?
Marketing
Nul ne conteste qu’une entreprise commerciale consente des investissements significatifs en publicité en vue d’asseoir une dynamique de croissance durable. La croissance d’une association peut-elle toujours s’envisager sans effort conséquent en frais de communication?
Prise de risque
Les acteurs associatifs hésitent à investir des moyens significatifs dans l’expérimentation de nouvelles méthodes et techniques, par exemple en levée de fonds. Or comment innover sans tester de nouvelles approches, parfois à perte si elles s’avèrent non-rentables ?
Durée
Les actionnaires d’Amazon et d’autres entreprises innovantes acceptent que celles-ci ne produisent de dividendes qu’après de nombreuses années de déficit. Mais on critiquera volontiers une association qui choisirait d’affecter ses ressources pendant six ans au renforcement de la structure, avant de commencer à desservir ses usagers.
Profit
Dan Pallotta note qu’en s’interdisant toute redistribution de profit financier, le secteur à profit social se prive de l’accès aux investissements relevant du capital à risque. Or ces partenaires pourraient renforcer le financement de projets innovants.
La notion de pourcentage de frais généraux (« overheads ») cristallise à lui seul l’essentiel des critiques adressées à l’encontre du monde associatif, surtout dans le cas d'organisations qui font appel à la générosité du public. Or nous serions trop souvent portés à croire que la cause sera plus performante si ses dépenses en fundraising sont réduites au minimum, alors que ces investissements structurels sont souvent indispensables à la croissance de l’organisation.
Sources :
Exposé Dan Pallotta (sous-titrage version française) : ici
Interview dans le New York Times (7-11-2013) : ici