Nul ne met en doute les efforts conséquents consentis par une large majorité d’associations en vue de renforcer la transparence concernant l’affectation des dons émanant de la générosité publique. L’insatisfaction de certains donateurs persiste toutefois, relayée à l'occasion dans divers médias.
Saskia Van-Uffelen, CEO de Bull Belux, n’est guère inconnue dans son secteur professionnel. Elue ICT Woman of the Year en 2011 (revue Data News), Digital Champion pour l’année 2013 dans le cadre du programme ‘Digital Agenda’ de l’Union Européenne, Inspiring Woman of the year 2013 (Science, Technology & Research), elle est notamment connue pour son vibrant plaidoyer en faveur de l’introduction de l’Ipad en milieu scolaire.
L’opération de solidarité en faveur des Philippines lui a inspiré un long courrier critique, publié dans De Tijd:
Extraits:
« Je n’ai rien donné pour les Philippines parce que je suis pris de doutes. J’avais bien effectué un don en faveur des victimes du tsunami, puis en faveur des sans-abri lors du tremblement de terra à Haïti. Mais après avoir appuyé sur le bouton ‘Envoi’ de mon PC-banking, ce fut le silence, assourdissant. Je ne reçus aucune information concernant le bon fonctionnement des opérations : ce que l’argent collecté avait permis de réaliser, qui avait été aidé ? (…)
Le manque de transparence fatigue mon élan de générosité (« geefmoe »). Suis-je la seule belge à souhaiter savoir ce qu’il advient de sa contribution ? (…) J’ai le droit de connaître le résultat de mon investissement.
(…) Ma suggestion à l’attention des collecteurs de fonds de tous bords: améliorez la qualité de l’information destinée aux donateurs. Faites-en des actionnaires de votre cause. Associez-les davantage à la gestion du projet qu’ils soutiennent. Concevez vos collectes comme des opérations de crowdfunding, où les donateurs deviennent un peu co-propriétaires du projet. L’information leur est dans ce cas due, sans qu’ils doivent la quémander. »
Extraits (traduction libre) d'un courrier paru dans De Tijd (28-11-2013)
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François-Xavier de Donnea et la sénatrice MR Christine Defraigne ont déposé en décembre dernier une proposition de loi visant à habiliter, à l’instar de la France, la Cour des comptes à contrôler la correcte affectation des fonds récoltés en fonction des objectifs poursuivis par les organismes privés ayant fait appel à la générosité publique.
L’objectif n’est pas de susciter la suspicion sur l’ensemble d’un secteur, dont l’action est indispensable. Pour le MR, l’essentiel est d’assurer la transparence nécessaire afin de ne pas briser le lien de confiance entre les donateurs et les organismes.
Source : site François-Xavier de Donnea
Christine Defraigne précise dans une interview publiée dans La Libre Belgique que la proposition de loi ne vise que les organismes qui font appel à la générosité publique dans le cadre d’une campagne menée à l’échelon national. « Notre but n’est pas d’enquiquiner les petites associations, les petites ONG. On ne veut pas pinailler ni entraver les bonnes volontés. »
Le texte avait déjà été déposé au Sénat en 2010 mais nécessitait un élargissement des compétences de la Cour des Comptes qui ne pouvait être entériné qu’au prix d’une modification de la Constitution. Ce verrou semblerait à présent levé, grâce à la sixième réforme de l’Etat.
Sources :
- La Libre Belgique (21-12-2013)
- site François-Xavier de Donnéa
Version précédente de la proposition de loi, déposée en 2010: Chambre des Représentants (document parlementaire 53K0675 téléchargeable ici).
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Y a-t-il trop de concurrence dans l’appel aux dons des ONG ?
Question posée par la rédaction de La Libre Belgique dans le courant du mois de décembre à deux personnalités issues du secteur humanitaires, quoique de parcours et sensibilités différentes.
Sylvie Brunel, française, ancienne présidente d’Action contre la faim et auteur d’un livre qui illustre les travers du charity business, constate une indiscutable convergence au niveau des dérives marketing des grosses ONG: « On vous téléphone à domicile, on vous harcèle dans la rue, on essaye d’aller voir votre notaire pour obtenir un legs, on vous culpabilise. »
Elle ne critique pas la professionnalisation des ONG, mais constate une évidente surenchère d’appels aux dons lors de catastrophes : ces appels ne tiennent guère compte des capacités réelles d’intervention de chaque ONG.
Sylvie Brunel plaide pour une certification des véritables organisations d’urgence reconnues comme étant capables de réagir immédiatement .
Patrick De Bucquois est Secrétaire général de Caritas International pour la Belgique francophone.
Il constate l’attitude paradoxale des pouvoirs publics qui exigent une limitation des dépenses administratives, alors que les exigences imposées par les autorités en matière de transparence et de suivi des projets engendrent de nouveaux frais. Il souligne que les frais de communication sont incontournables, mais ne doivent pas nécessairement atteindre le maximum de 20% autorisé par la règlementation belge.
Le Consortium 12-12 permet d’atténuer l’impression de concurrence entre ONG. Cette initiative, dont fait partie Caritas International, pratique une politique de communication unifiée, favorisant ainsi une réduction des frais.
Patrick De Bucquois regrette que certaines organisations d’urgence qui n’en sont pas membres semblent choisir de ne jamais être en partenariat avec d’autres, préférant valoriser leur image.
(d'après le double interview paru dans La Libre Belgique, 12-12-2013, p.52-53)
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13 octobre 2012 - “Donnez et vous recevrez” - A en croire un reportage du Laatste Nieuws, ce bel adage empreint de sagesse a pris une bien drôle de tournure pour un couple de donateurs habitant Wakkerzeel.
Donateurs pendant plusieurs années au profit de cinq associations qu’ils apprécient particulièrement, voilà qu’ils reçoivent à présent pas moins de 167 appels de fonds par an (total sur l’année 2012), cette fois à l’initiative d’une quarantaine d’autres associations.
La tonalité fort publicitaire des messages ne leur plait pas du tout. Et nombre d’envois contiennent des objets divers autant que variés tels que loupe, compas ou gants pour barbecue.
Le couple se pose des questions quant aux coûts générés par ces mailings, par l’envoi de tant de gadgets, et par la rémunération des professionnels du Direct Mailing, ces industriels de la collecte qu’il qualifie de « dik betaalde marketingjongens ».
Et de s’interroger quant au pourcentage des dons qui parvient en finale aux bénéficiaires.
Autant de questions qui mériteraient d'être posées aux associations qui choisisssent de sous-traiter leur collecte de fonds auprès de l'agence commerciale Direct Social Communications, dans le cadre d'un contrat qui autorise celle-ci à utiliser les coordonnées des donateurs nouvellement recrutés en vue de leur transmettre nombre d'appels à la générosité émanant d'autres associations clientes auprès de cette même agence.
Source : Het Laatste Nieuws (12 juin 2013)
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