L'efficacité des Fédérations d'acteurs de la collecte qui opérent ailleurs en Europe peut difficilement être contesté
Le Fundraisers Forum s’est beaucoup investi dans la diffusion sur son site d’exemples de ‘bonnes pratiques’ en matière de mobilisation de la générosité publique qui sont mis en oeuvre ailleurs en Europe (lien).
Nous participons notamment, en qualité de membre de la EFA (European Fundraisers Association), aux opportunités d’échanges directs entre les Fédérations d’acteurs de la collecte qui opèrent dans différents pays européens.
Ces contacts nous confrontent à une évidence : dans presque chaque pays de l’Union européenne une Fédération nationale des acteurs de la collecte contribue de manière décisive au renforcement de la philanthropie, et notamment de la générosité des particuliers et des entreprises.
Les rapports annuels de la plupart des coupoles nationales sont disponibles en téléchargement et méritent d’être consultés : France Générosité (lien), Goede Doelen Nederland (lien), Chartered Institute of Fundraising (lien), Fundraising Verband Austria (lien), etc.
Quels types de structures communes les organisations non-commerciales actives en fundraising adoptent-elles ailleurs en Europe ?
1. Le plus souvent : une seule structure faîtière principale, en charge de plusieurs missions essentielles
Comme indiqué plus haut, presque partout en Europe à l’exception de la Belgique et de la République d'Irlande, la ‘Fédération nationale des acteurs de la collecte’ propose un large échantillon de services collectifs à ses organisations membres : formations en fundraising, information, networking, Convention annuelle, recherche, labellisation (transparence/gouvernance), groupes de travail thématiques, actions de plaidoyer, sensibilisation du public, gestion de services spécifiques (coordination du planning face-to-face, supervision de la campagne de promotion des legs, etc.).
Ces ‘syndicats des acteurs de la collecte’ veillent à ne pas concurrencer inutilement des services déjà mis en œuvre par d’autres initiatives, notamment commerciales.
Exemples : Fundraising Verband Austria, ISOBRO (Danemark), ASSIF (Italie), Goede Doelen Nederland, Swiss Fundraising, Chartered Institute of Fundraising (Royaume-Uni), etc.
2. Situation particulière en France : trois structures distinctes (France Générosité, Association Française des Fundraisers, Don en Confiance)
En France les organisations qui ont fondé le Comité de la Charte - lequel fonctionne actuellement sous la dénomination ‘Don en Confiance’, ont convenu il y a plus de vingt ans de la nécessité de confier à une structure distincte – ‘France Générosité’ – une mission de défense collective des intérêts des acteurs à profit social du secteur de la levée de fonds.
De son côté l’Association française des Fundraisers (AFF) propose un large éventail de formations. L'AFF a également été créée à l’initiative d’organisations à profit social qui en assurent le pilotage au travers de leurs représentants qui sont représentés à l'A.G. et au C.A.
La répartition des missions s'opère de la manière suivante
- France Générosité : recherche, plaidoyer, sensibilisation du public
- Association française des Fundraisers : formation
- Don en Confiance : labellisation de la transparence financière
Certaines actions de plaidoyer d'importance majeure - par exemple à l'occasion d'élections - sont organisées dans le cadre de la Coalition Générosité, qui - un peu à l'instar de la CoalitionImpact, regroupe les organisations sus-nommées et quelques autres.
Par ailleurs IDEAS, structure moins exclusivement liée aux acteurs de la collecte, propose une labellisation complémentaire à celle que propose Don en Confiance, avec un focus spécial sur la qualité de la gouvernance des organisations qui y sont affiliées.
3. Exception en République d'Irlande : le centre de compétences FUNDRAISING est intégré dans une plateforme nationale des organisations à profit social
En République d’Irlande le soutien aux acteurs de la collecte est intégré dans une coupole nationale (Charities Institute Ireland) qui regroupe l’ensemble des acteurs du secteur associatif.
En quoi l'adoption d'un format de type 'Fédération nationale' renforce-t-il de manière décisive l'influence de ces structures ?
Pointons trois caractéristiques majeures qui contribuent à la réussite des groupement nationaux qui opèrent ailleurs en Europe:
- Identité clairement définie et attractive
- Ressources propres suffisantes
- Culture d’entreprise dynamique et proactive
1- Identité
Il est banal de rappeler que toute fédération multi-sectorielle – telle la Fédération Belge des Fondations, ACODEV & NGO Federatie, etc – s’efforce de cultiver un sentiment d’appartenance plus ou moins puissant au sein de sa communauté de membres.
Concernant les fédérations nationales des acteurs de la collecte on observe ailleurs en Europe qu’elles exploitent au maximum leur positionnement proche de la thématique ‘Mobilisation des générosités’ parce que celle-ci bénéficie d’un important capital de sympathie.
Cette stratégie de communication, parfois déclinée au départ du slogan mobilisateur ‘Proud to be a fundraiser’, renforce ce capital de sympathie et leur ouvre une audience bien plus large au niveau du public, et notamment des entreprises. Les opportunités de soutien du monde de l’entreprise (sponsoring, mécénat de compétences) s’en trouvent – comme indiqué précédemment - fortement renforcées.
Ces syndicats veillent dès lors notamment à se donner une dénomination attractive et facilement identifiable par un large public : France Générosité, Giva Sweden, Goede Doelen Nederland, etc.
2- Ressources propres : membership fee, mais surtout rétribution des services
Les exemples de tarification pratiquées dans plusieurs pays voisins semblent démontrer qu’oser demander une contribution financière significative permet d’enclencher dans un second temps un cercle vertueux de revenus complémentaires versés pour divers services payants. Cette seconde source de financement contribue de manière décisive à la croissance ultérieure des recettes.
Il est alors même possible, dans ce contexte financier favorable, de réserver quelques ressources au financement de missions essentielles mais peu rentables ou ‘bancables’ à court terme, telles les actions de plaidoyer.
3- Culture d’entreprise proactive
Faut-il enfin préciser que les fonctions de direction de ces Fédérations nationales semblent à l’évidence confiées à des profils de type volontariste.
En guise de conclusion : bref comparatif par rapport à la situation belge
Au risque de simplifier à l'extrême la situation actuelle des quelques collectifs non-commerciaux opérant en Belgique, on peut se risquer à avancer que
- l'asbl Récolte de Fonds éthique est structurée via son membership (120 organisations, 338 millions € issus des dons et legs) comme une Fédération nationale, bien que sa dénomination inadéquate ainsi que ses faibles ressources et son manque d'ambition ne lui permettent guère d'exercer un leadership décisif
- l’asbl Fundraisers Belgium n'est pas une Fédération d'acteurs de la collecte du secteur à profit social, mais constitue un bel exemple de dynamisme basé sur le recours aux trois atouts sus-mentionnés (identité attractive, expansion basée sur des services attractifs, culture d'entreprise proactive)
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