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Bilan du Consortium 12-12

14 janvier 2015 - Les campagnes de collecte de fonds ‘Tsunami 12-12’ (décembre 2005) et ‘Haïti Lavi 1212’ (janvier 2010), toutes deux menées à l’initiative du Consortium 12-12 pour les situations d’urgence, avaient permis de récolter respectivement 55 et 25 millions d’euros.
La générosité publique s’était également mobilisée, à l’occasion de ces deux urgences, en faveur d’organisations non-membres du Consortium, tel MSF et la Croix-Rouge de Belgique.

La Libre du 12 janvier publie une contribution d’Erik Todts, directeur du Consortium 12-12, coordinateur de crise des opérations Tsunami 12-12 et Haïti Lavi 12-12.
Son bilan se veut avant tout dénué de tout triomphalisme : « Sur le terrain, dans les zones de crise, notre rôle est certes crucial mais reste relatif, car nous agissons dans un cadre que nous ne déterminons pas nous-mêmes. » 
Le directeur du Consortium 12-12 souligne qu’un travail titanesque a été mené à Haïti. Si les revenus des habitants de l’île ne sont guère plus élevés, nul ne contestera que la scolarisation et le niveau de santé se sont améliorés.
Concernant Haïti, divers facteurs expliquent que les grandes attentes de l’époque n’ont pas toutes été rencontrées : l’ampleur de la catastrophe, l’arrivée subite de milliers d’ONGs souvent inexpérimentées, le manque de structures étatiques crédibles, l’absence d’une politique et d’une culture de l’intérêt général.
Pour ce qui concerne le bilan de l’efficacité de l’aide humanitaire apportée aux victimes du tsunami, Erik Todts pointe différentes réussites, notamment en matière de reconstruction de logements, mais reconnait que la pression de l’opinion publique et des médias a encouragé les ONG à débourser rapidement l’argent récolté, amenant parfois celles-ci à agir dans la précipitation.

Analyse critique de Frédéric Thomas (CETRI)

La Libre du 12 janvier cite par ailleurs Frédéric Thomas, chercheur au Cetri et auteur du livre "L’Echec humanitaire - le cas haïtien", pour qui les innombrables organisations humanitaires qui sont intervenues à Haïti ont gaspillé les milliards d’euros récoltés au lendemain de la catastrophe.
Son diagnostic est sévère: « L’ensemble des acteurs internationaux (ONG, Etats, programmes d’aide au développement…) se sont focalisés sur des mesures provisoires. Ils ont snobé les réalités locales, tenu à l’écart les autorités et les organisations haïtiennes. (...) Les associations savent qu’elles récoltent la majeure partie des dons dans les premiers jours qui suivent les catastrophes. Pour prouver leur efficacité, elles se sont dépêchées de le dépenser dans des infrastructures temporaires ou des secteurs à forte main-d’œuvre employée. L’urgence de dépenser l’argent récolté a vraiment donné lieu à un grand gaspillage. »

'Le Tsunami, 10 ans plus tard' 
Rapport d'Oxfam International

Un récent rapport d’Oxfam International (octobre 2014), publié sous le titre 'Le Tsunami de l'Océan indien, 10 ans plus tard', constate de manière plus générale que la générosité publique tend à privilégier le financement d’opérations humanitaires d’urgence fort médiatisées, ou qui correspondent davantage à la sensibilité des donateurs.
« Les dons privés, qui constituent environ un quart du financement international, sont en partie l'effet de facteurs autres que les besoins humanitaires, comme le niveau de couverture médiatique et la collecte de fonds par l'intermédiaire d'appels humanitaires adressés au grand public.
Les donateurs privés sont également influencés par d'autres facteurs, comme le type de situation d'urgence, l'idée qu'ils se font de l'impact des dons et leur capacité à s'identifier aux populations touchées. »

Le rapport propose d'examiner la faisabilité d’un système alternatif d’appel aux dons, qui encouragerait le versement des contributions privées à des fonds communs, multilatéraux ou gérés par des ONG.  Dès lors que ces fonds ne seraient plus exclusivement dédiés à une urgence récente et fort médiatisée, ce mode de financement alternatif renforcerait l'équité et l’efficacité de la distribution des dons.

Sources :

Autre article sur le mème thème:
CNCD - 'Haïti : l’échec humanitaire' (Frédéric Thomas, janvier 2013)

Lien vers les autres articles d'actualité concernant cette thématique: Archives 2013-2015 - Appels d'urgence