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Pays-Bas: la collecte de fonds en question
Les enjeux concernant la générosité publique font l’objet de débats difficiles au-delà de nos frontières, notamment aux Pays-Bas ainsi qu'au Royaume-Uni. En cause : la forte médiatisation, dans ces deux pays, de divers exemples de pratiques abusives en matière de collecte de fonds.
Le plus récent incident concerne un détournement de fonds à l’initiative du directeur d’ALS Nederland. Les sujets de contestations ne concernent cependant que rarement des cas de fraude avérée. Elles mettent surtout en question l'influence croissante de prestataires commerciaux auxquels certaines associations sous-traitent tout ou partie de la communication aux donateurs.
En cause: le recours à une large panoplie de techniques (street fundraising, relances téléphoniques, nombreux mailings) dont l'usage trop intensif finit par lasser un nombre croissant de donateurs, lesquels se sentent piégés par ces procédés propres au charity business

Belgique: signes de fragilité
En Belgique le secteur de la collecte travaille depuis plusieurs années dans un climat bien plus serein, grâce notamment au fait qu'une très grande majorité d'associations conservent le plein contrôle sur leur communication aux donateurs. Mais le réseau associatif belge présente également quelques signes de fragilité, et n'est pas définitivement à l'abri des dérives constatées aux Pays-Bas.
Les sujets d’inquiétude ne manquent pas: quasi-absence d’indicateurs statistiques susceptibles de cerner l’évolution du marché belge de la générosité, carences en matière de formation des nouvelles générations de fundraiserssilence prudent face aux rares exemples de sollicitation abusive mis en place à l'initiative de tel ou tel prestataire commercial. On constate également une faible mobilisation collective des acteurs de la collecte dans le cadre d'initiatives communes visant à renforcer les dispositifs en matière d'éthique et de transparence.

Réformes en cours aux Pays-Bas: un exemple à suivre ?
Peut-être aurions-nous dès lors intérêt à analyser de plus près les atouts des réformes actuellement en discussion aux Pays-Bas.
Les conclusions de la Commission parlementaire De Jong, qui ont été rendues publiques en début d'année proposent une remise en cause radicale des missions confiées respectivement à l’Etat et aux diverses instances associatives. Etonnant: on a pu constater à cette occasion que divers représentants du monde associatif ont choisi de reconnaitre lucidement, quoiqu'à demi-mots, l'incapacité du secteur associatif à s’autoréguler de manière efficace, notamment au plan du respect des codes éthiques et des règles de transparence.

Les nouvelles mesures envisagées de commun accord viseraient à simplifier et à rendre plus efficaces les procédures de contrôle mises en œuvre par les pouvoirs publics, et réviseraient les modalités d’octroi d’un label de qualité ("éthique") désormais obligatoire.
Egalement en projet, voire même en cours de réalisation: la centralisation de l’ensemble des informations statistiques au sein d’un organe paritaire fonctionnant au service de tous les acteurs (associations, chercheurs, pouvoirs publics). Concernant ce dernier point, on suivra avec intérêt les développements en cours depuis la mise en place de la Kennisbank Filantropie, chargée de compiler et rendre exploitable un outil statistique exhaustif (dons, legs, mécénat, sponsoring, fondations redistributrices) concernant la générosité publique aux Pays-Bas.

Notre site présentera plus en détail, dans les prochains jours, le 'best off' des réformes néerlandaises dont pourraient s’inspirer, en Belgique, nos associations et les pouvoirs publics.

Liens utiles: 

- Descriptif des principales plateformes associatives impliquées dans le débat initié par la Commission parlementaire De Jong.
- site Kennisbank Filantropie